Foie gras : il y aura une réduction significative de l’offre en 2022
«C’est un tsunami, un raz-de-marée. Nous traversons l’une des plus graves crises de notre histoire», s’est ému, Éric Dumas, le président du Cifog (interprofession du foie gras), le 16 mars lors d’une conférence de presse, alors que l’influenza aviaire touche de façon «soudaine et inattendue» les Pays de la Loire et les Deux-Sèvres «jusque-là relativement épargnés».
Alors que le Sud-Ouest, première région productrice de foie gras avec 40% de la production nationale, préparait le redémarrage de ses élevages, l’épizootie vient toucher le deuxième bassin de production en France : les Pays de la Loire. Une situation inédite pour cette région qui fournit 20% du foie gras français mais «surtout 72% des canetons à engraisser», a précisé Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog.
Cette région détient aussi les deux seuls sélectionneurs de France ainsi que de nombreux élevages de reproducteurs, essentiels pour la reprise de la production. Celle-ci est toujours prévue dans le Sud-Ouest pour le 29 mars mais «le feu n’étant pas éteint dans l’Ouest», selon l’expression de Marie-Pierre Pé. Il reste quelques incertitudes quant à l’approvisionnement en jeunes volailles.
Incertitudes sur les capacités de repeuplement du Sud-Ouest
La multiplication des foyers d’influenza dans cette région laisse planer l’incertitude sur la capacité de la filière à repeupler les élevages du Sud-Ouest où l’obligation de vide sanitaire doit être levée le 29 mars. «Il est encore trop tôt pour connaître l’impact qu’aura l’influenza sur le repeuplement des élevages du Sud-Ouest. Nous ne savons pas combien d’élevages de reproducteurs ont été touchés», indique Marie-Pierre Pé, la directrice du Cifog.
Un protocole sanitaire a été mis en place pour éviter de recontaminer les élevages du Sud-ouest lors de la livraison des canetons. «Il n’y a jamais eu de contamination par des canetons. Le protocole repose principalement sur la désinfection des véhicules et l’utilisation de matériel à usage unique», précise Éric Dumas.
Pour les producteurs de foie gras, cette nouvelle vague du virus H5N1 est la «crise de trop». C’est en effet la quatrième crise que connaît la filière en sept ans : 2015-2016 ; 2016-2017, 2020-2021 et 2021-2022. À chaque fois, des mesures drastiques ont été prises pour limiter la circulation du virus : mise en place de bandes uniques, sécurisation des transports (avec désinfection) ; mise à l’abri et dépeuplement préventif… Mais le virus continue sa progression sur le continent asiatique, en Europe et même aux États-Unis.
Chute de la production
Comme un malheur n’arrive jamais seul, les éleveurs sont aussi confrontés à une flambée des coûts de production. «Sur une base 100 en 2014, nous avons atteint 138 en 2021», a précisé Marie-Pierre Pé. Contrainte supplémentaire : «Certaines grandes surfaces refusent de répercuter cette hausse globale», s’agace-t-elle. «Cette somme de difficultés inédites» amenuise encore plus une offre de foie gras qui pourrait être réduite en fin d’année.
Les stocks de 2021 sont au plus bas et la production de l’an dernier a atteint l’un de ses plus bas niveaux historiques avec 11.674 tonnes contre 11.630 tonnes en 2017. «Notre production 2021 a chuté de 20% en comparaison de 2020 et de 30% par rapport à 2019», a souligné la directrice de l’interprofession. Il y a seulement huit ans, en 2014, la production française atteignait 26.600 tonnes.