Foie gras : le Cifog ajuste sa stratégie
Le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog), qui tenait son assemblée générale le vendredi 14 juin à Pau, a détaillé son plan de filière pour lui permettre de répondre aux attentes du marché et se prémunir contre les crises sanitaires.
Après les deux épisodes de l’influenza aviaire, la filière palmipèdes à foie gras redresse la tête et se mobilise pour relever les nouveaux défis. Le vendredi 14 juin à l’hippodrome de Pau, le président du Cifog, Michel Fruchet, et son équipe ont ainsi présenté le plan d’action pour permettre à la filière d’être «pérenne, qualitative et durable».
Sécurité sanitaire, bien-être animal, nouveaux modes de consommation… Ce plan passe en revue les dispositifs à mettre en œuvre pour adapter l’offre à la demande, à l’heure où s’appliquent les nouvelles règles de biosécurité et émergent de nouvelles attentes de la société. À l’heure aussi où le monde de la distribution s’apprête à vivre un véritable «big-bang commercial», prédit l’expert Olivier Dauvers.
Adapter l’offre à la demande
Concernant l’amont tout d’abord, le Cifog entend «enrichir son tableau de bord du marché». Mis en place depuis 30 ans par les acteurs de la filière, ce dispositif consiste en un suivi méthodique et rigoureux des mises en places dans les couvoirs, des abattages, des ventes en restauration hors domicile ou en GMS, des achats par les ménages… Autant d’informations à rediffuser largement auprès de tous les acteurs concernés et qui sont désormais disponibles via un site Internet dédié (infos.elevage-gavage.fr).
Le plan d’action prévoit un volet juridique pour une meilleure adaptation collective de l’offre au plan européen, en conformité avec les règles de concurrence. D’où le rôle important dévolu à la fédération européenne Euro foie gras — présidée par le Landais Christophe Barrailh —, très concernée par les discussions autour de la réforme de la l’OCM unique dans le cadre de la PAC.
Au niveau national, le Cifog entend profiter de la loi Egalim pour favoriser la contractualisation entre l’amont et l’aval. L’enjeu majeur est la prise en compte des coûts de revient dans la définition des prix et la juste répercussion de la valeur à chacun des maillons, à commencer par les éleveurs et les gaveurs.
Une nouvelle identité visuelle
Autre grand sujet de mobilisation, l’adaptation du modèle de production. Le Cifog a l’ambition d’aider les éleveurs à répondre aux nouvelles exigences réglementaires. Michel Fruchet citait le volet sanitaire rajouté dans la démarche de progrès Palmi-confiance, laquelle vise à garantir les bonnes pratiques des éleveurs. Un accord interprofessionnel a également permis la constitution d’un fonds de mutualisation pour assurer l’indemnisation des élevages impactés par une crise.
Et, pour gérer les alertes sanitaires et adapter la stratégie de lutte, la filière s’est dotée d’un outil cartographique (Cartogip). Sans renier le système d’élevage en plein air, le Cifog juge enfin indispensable d’aider les producteurs à être en capacité de confiner leurs animaux en cas de nécessité sanitaire : dans des hangars existants, de nouveaux bâtiments ou des abris.
Concernant la commercialisation, force est de constater que les produits étrangers, notamment de Hongrie et Bulgarie, se sont accaparés des parts de marchés, au détriment de la production nationale, en raison de la pénurie occasionnée par l’influenza. La reconquête est certes amorcée, mais foie gras et magret peinent à retrouver toute leur place. D’où la volonté du Cifog de privilégier l’action collective pour promouvoir la traçabilité et l’origine française, «en complémentarité des signes de qualité ou d’origine déjà existants (IGP canard à foie gras du Sud-Ouest, label rouge)», précisait le président Fruchet. Illustration de cette stratégie, l’assemblée générale donnait lieu au lancement officiel de la nouvelle identification visuelle, symbolisée par une carte de France et la bannière tricolore. Un logo qui doit promouvoir la traçabilité et l’origine française du foie gras, du magret et du confit.
Reconquérir les places perdues
Cette démarche s’accompagne d’une recherche d’une meilleure valorisation des produits sur les différents segments de marché. Pour chacun d’eux, des axes de travail ont été définis. Ainsi, pour les GMS, qui représentent 80% des achats des ménages, il importe d’assurer une meilleure implantation des foies gras et magrets dans les rayons et développer une communication collective. Concernant la restauration, les relations avec les fédérations de métiers de bouche vont être poursuivies et les opérations telles que celles déjà initiées (challenge foie des jeunes chefs, semaine du foie gras…) vont être intensifiées.
Importante vitrine de la filière, la vente directe est également concernée par le plan : le Cifog a notamment constitué en son sein une commission circuits courts, pour susciter des échanges et traiter des dossiers spécifiques à ce type d’exploitation.
Concernant l’export, le président Fruchet réaffirmait que le marché du foie gras est désormais mondial. L’objectif pour la production française est «de retrouver un excédent commercial de 100 millions d’euros d’ici 5 ans», assure le Cifog, qui multiplie les opérations, tant dans les pays où les ventes de foie gras pâtissent d’actions des anti-viande (Belgique, Suisse) qu’auprès des États où les produits français se heurtent à diverses barrières douanières ou sanitaires.
En fin, cette stratégie de reconquête s’appuie sur une communication collective qui mobilise une part significative du budget du Cifog. Les récentes campagnes ont apporté des résultats particulièrement positifs, notamment pour le magret.
Guy Mimbielle