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Foie gras : une baisse historique de la production

Entre l’impact direct de l’influenza aviaire et la pénurie de canetons, la production de foie gras subira un «recul historique» de 30% à 35% en 2022, selon le Cifog (interprofession) qui prévoit le retour à la normale au deuxième semestre 2023. En attendant, la filière demande des aides pour les zones indemnes et une sécurisation de l’approvisionnement en canetons.

  

file-Le Cifog en appelle à défendre la liberté de choix du consommateur.
Alors que «plus des 90% des reproducteurs ont été décimés», «la reprise est ralentie par le manque de canetons», indique Mme Pé, la directrice du Cifog qui prévoit un «recul historique» de la production de foie gras de 30 à 35% par rapport à 2021.

«On va se relever» : tel était le mantra des responsables du Cifog (interprofession du foie gras) lors de leur conférence de presse le 20 octobre. En 2022, la production subira un «recul historique» de 30 à 35% en raison de l’épizootie d’influenza aviaire. L’impact direct de la maladie, d’abord, a causé la perte de 3,8 millions de canards, abattus dans le cadre des mesures de lutte. S’y ajoutent 6 millions de canards qui n’ont pas été produits par rapport à une année normale, en raison de l’interdiction de mise en place pendant l’épizootie.

Plus rare et plus cher

Le Cifog appelle donc les consommateurs à «anticiper» leurs achats pour les fêtes de fin d’année, mais aussi à «partager». Il y aura moins de foie gras cette année, et il sera plus cher : environ +50 centimes pour une part de 40 g, entre la hausse des coûts de production en élevage (+30% entre 2022 et 2020), et celle en industrie (énergie, emballages, transport, main-d’œuvre, etc.). Dans les élevages, «ces coûts de production vont encore augmenter de façon significative dans les mois à venir pour s’adapter aux nouvelles règles de biosécurité afin de lutter contre les risques récurrents d’influenza aviaire», prévient le Cifog dans son dossier de presse

Facteur aggravant : «La reprise est ralentie par le manque de canetons», constate la directrice du Cifog Marie-Pierre Pé. Une situation appelée à durer, l’interprofession n’espérant un retour à la normale qu’au deuxième semestre 2023. «Plus de 90% des reproducteurs ont été décimés», rappelle Mme Pé, alors que les Pays-de-la-Loire ont été dévastés par la maladie pour la première fois en 2022. Une région stratégique pour la filière palmipèdes, car elle concentre «100 % de la génétique mondiale et plus de 70% des canetons», selon la directrice. Sans oublier 20% de la production de foie gras.

Pénurie de canetons

Sur les huit premiers mois de 2022, le manque de canetons a provoqué une baisse de 46% en un an des mises en place de caneton mâles, les seuls habituellement utilisés pour produire du foie gras. Conséquences dans les élevages : des vides sanitaires allongés et des remplissages partiels. Pour atténuer le choc, la filière a expérimenté cette année l’élevage des canes, qui ont représenté 30% de la production. Une mesure qui a permis de ramener le recul global des mises en place à 29%. Mais les femelles, plus nerveuses, sont plus longues et plus difficiles à engraisser, et elles donnent un foie gras de moins bonne qualité.

Alors que l’influenza aviaire menace à nouveau, «il est primordial de protéger les accouveurs», insiste donc Éric Dumas, le président du Cifog. «Notre approvisionnement [en canetons] est à 100% national, il n’existe aucun moyen de s’approvisionner ailleurs», a fait valoir cet éleveur landais. «Des discussions sont en cours» avec les pouvoirs publics à ce sujet, indique de son côté le président de la chambre d’agriculture de Vendée, Joël Limouzin, contacté par Agra Presse le 19 octobre.

Il s’agirait d’identifier les sites sensibles (couvoirs, élevages de reproducteurs, etc.) et de déterminer des mesures de protection en cas de diffusion de la maladie (abattage des palmipèdes dans un rayon de 3 km). Des dispositions déjà appliquées cette année, quand les Pays de la Loire ont été dévastés par la seconde vague d’influenza au printemps. Dans le cadre du plan influenza 2022 présenté par le ministre de l’Agriculture cet été, un projet de réorganisation du maillon sélection-accouvage est aussi prévu, à plus long terme.

Vers des aides pour les zones indemnes

Relancer la production de foie gras implique aussi de sécuriser les élevages sur le plan sanitaire. À travers le plan Adour, la filière expérimente cette année une dédensification volontaire dans les 68 communes du Sud-Ouest les plus fournies en palmipèdes. Un plan qui coûtera 8 M€ à la filière foie gras, «en attendant le vaccin», rappelle Marie Laborde, ingénieure au Cifog.

Enfin, la relance passera aussi par un soutien aux producteurs, alors que l’État prévoit 1,1 milliard d’euros d’indemnisations cette année. «J’ai bon espoir qu’on trouve une solution» pour soutenir les aviculteurs des zones indemnes d’influenza, a ainsi déclaré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, invité à la conférence de presse du Cifog. Ceux-ci souffrent de la pénurie de canetons mais, contrairement à leurs collègues des zones réglementées (touchées par la maladie), ils ne peuvent pas bénéficier d’indemnisations publiques».

Interrogée par Agra Presse, Marie Laborde indique que l’interprofession «réfléchit à un dispositif de solidarité» qui ne serait pas financé par l’État. Une piste consisterait à augmenter la cotisation interprofessionnelle finançant le fonds sanitaire du Cifog. Créé en 2018, ce fonds «a vocation à abonder le FMSE (Fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental, NDLR) et à aider les éleveurs des zones indemnes», rappelle-t-elle. «Mais il n’est plus dimensionné par rapport à l’ampleur de l’épizootie.» D’après Marie Laborde, les besoins représenteraient «environ trois millions d’animaux manquants, soit 11 millions d’euros» sur 2022.

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