France viande export : coup d’envoi début octobre
Jean-Luc Angot, inspecteur général au CGAAER et responsable de la mission de coordination à l’export en viande bovine, porcine et volaille, a annoncé l’officialisation de la société par actions simplifiées (SAS) France viande export pour le début d’octobre.
Depuis l’annonce, le 12 mai dernier, par Stéphane Le Foll, de sa volonté de créer une plateforme concernant les viandes bovines, porcines et de volaille, les travaux ont avancé. «Une vingtaine d’entreprises est présente comme Bigard, SVA Jean Rozé ou Elivia mais aussi de plus petites PME», explique-t-il.
En viande porcine, cinq entreprises sont présentes mais la Cooperl ou Abera boudent encore les réunions. Les statuts de la SAS ont été finalisés le 9 septembre. Jean-Luc Angot reconnaît qu’il s’est focalisé sur les productions de viande bovine et porcine, en crise, avant d’attaquer la problématique de la viande de volaille. À l’ordre du jour, les négociations de marchés avec le Viêtnam, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, Taïwan ou encore le Qatar. Le 2 septembre, le gouvernement vietnamien avait validé les demandes d’agrément de 22 établissements français, selon un communiqué commun des ministères de l’agriculture et des affaires étrangères. Reste maintenant à trouver les clients, souligne Jean-Luc Angot.
Turquie, Qatar, Malaisie…
Au Qatar comme en Arabie-Saoudite, les certificats sanitaires sont en cours de finalisation avec les gouvernements. La mission en provenance des États-Unis a donné son agrément à une entreprise pour de la viande de veau. «La Malaisie représente un gros potentiel», souligne Jean-Luc Angot. La demande porte surtout sur de la viande hallal, aussi la grande Mosquée de Lyon est-elle en pourparlers avec les obédiences religieuses malaisiennes. Singapour vient d’adopter un pré-listing d’établissements effectué par les autorités françaises, accélérant ainsi les échanges possibles. Le gouvernement vient aussi d’ouvrir ses portes à la viande de bovins âgés de plus de 30 mois.
Au niveau de la Turquie, ce «serait un trader jordanien qui aurait remporté le dernier appel d’offres de 10.000 tonnes — juste avant le groupe Bigard — pour de la viande bovine avec os, congelée sur place». Une contrainte très lourde car peu d’entreprises ont la capacité d’effectuer cette congélation. Près de 30.000 tonnes devraient être encore achetées par la Turquie avant la fin de l’année, sachant que deux appels d’offres pour 10.000 et 3.500 tonnes ont déjà été passés. La Turquie souhaite aujourd’hui de la viande réfrigérée, faisant ainsi jouer la concurrence car le panel d’entreprises pouvant fournir ce type de produit est plus vaste.
Adapter l’offre à la demande
«L’intérêt de France viande export est également d’étudier le type de demande, pays par pays, afin de mieux y répondre. Ainsi, les abats sont très demandés au Viêtnam», continue Jean-Luc Angot. Il reconnaît que développer du croisement, «comme le font très bien les Espagnols», pour répondre à certaines demandes, semble indispensable. «Nous revendiquons les plus belles races de bovins allaitants du monde et les meilleurs animaux. Les Français sont même considérés comme un peu arrogants à ce sujet. Pour eux, c’est à l’acheteur de s’adapter à leur offre! Or, il faut raisonner à l’inverse! Il y a cependant une vraie prise de conscience afin d’inverser cette tendance», analyse-t-il.
D’après lui, «l’export a souvent été considéré comme un moyen de dégagement alors que c’est une vraie stratégie. Il ne faut pas hésiter à faire du service après-vente et à exporter les conduites d’élevage». Et la communication doit suivre! «Quand on voit les salons à l’étranger, la viande française n’est pas facilement repérable face à un German Meat (Allemagne) ou un Board Bia (Irlande)», enchaîne-t-il. Selon, lui, au niveau international, «il y a une vraie reconnaissance de la viande française, des contrôles sanitaires et de la traçabilité française». Un atout donc malgré son coût!