FRSEA : la saison du lobbying au champ
Chaque année dans un département différent d'Aquitaine, les responsables de la FRSEA reçoivent le préfet de Région et des représentants des services de l'État. Vendredi 12 juillet dernier, la rencontre s'est ainsi déroulée chez Sébastien et Hugues Landat, sur leur exploitation à Beaumont-du-Périgord.
Ce sont les problèmes rencontrés par les agriculteurs, et pour la famille Landat sa difficulté à créer une réserve pour stocker l'eau, qui servent de support aux revendications des syndicalistes. © Périgord Hebdo/N. F.
À la tribune aménagée dans un bàtiment de stockage des noix, Michel Delpuech, préfet de Région, était accompagné d'Hervé Durand, directeur de la Draaf Aquitaine, et d'Emmanuelle Beaudoin, son homologue de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal). Jacques Billant, préfet de Dordogne, était également présent, ainsi que les responsables syndicaux Henri Bies-Péré, président de la FRSEA, Yannick Frances, président de la FDSEA de la Dordogne, Joël Freret, secrétaire général de la FRSEA.
Plusieurs élus et responsables institutionnels de Dordogne et de toute l'Aquitaine avaient fait le déplacement, faisant de cette réunion annuelle «le lieu où l'on échange utile pour établir les axes des dossiers à traiter prochainement», selon Michel Delpuech. Un lieu où l'on polémique gentiment, d'après Henri Bies-Péré. «Tout ce qui vous sera dit ne sera pas forcément agréable, mais c'est important de se dire les choses pour chercher ensemble des solutions et déboucher sur des actes concrets».
Responsables des intempéries
Si la réunion se tenait en Dordogne, les agriculteurs des autres départements avaient fait le déplacement. En conséquence, il a beaucoup été question des intempéries qui, si elles ont été médiatisées (trop, au goût des responsables FRSEA) au moment des inondations, auront duré de longs mois pour beaucoup d'agriculteurs girondins, landais et pyrénéens.
«Chez nous, près de 2000 hectares n'ont pas pu être semés, essentiellement des légumes de plein champ et du mais», explique un syndicaliste girondin qui accuse le mauvais entretien des digues et des fossés. Un constat encore plus dramatique dans les Pyrénées-Atlantiques: là encore beaucoup de pertes de fonds, de terres emportées par les crues auraient pu être évitées si les bordures de gaves avaient été entretenues. «Il suffit que ce soit la période de reproduction des grenouilles et on reporte l'entretien à plus tard. Quand il y a danger, l'intérêt général doit primer sur l'intérêt environnemental», enrage Henri Bies-Péré.
Conflit d'intérêt
Le mot est làché: il y aurait un «conflit d'intérêt» entre l'agriculture et l'environnementalement correct. Et ce ne sont pas les agriculteurs périgourdins qui diront le contraire, aux prises régulièrement avec l'administration à cause des difficultés qu'ils ont à créer des réserves de substitution pour stocker l'eau l'hiver et l'utiliser lorsqu'elle manque.
Éric Sourbé, le président des irrigants de la Dordogne, dénonce le double discours de ceux qui veulent économiser la ressource et interdisent toute réalisation au nom de principes environnementaux et de zones humides. Le préfet de Dordogne, interpellé, a rappelé que «créer des retenues sur des bassins déficitaires n'était pas chose facile, mais qu'il fallait faire valoir le principe de réalité».
Tous se tournent maintenant vers Philippe Martin, ex-député du Gers et tout nouveau ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, lequel a remis ce printemps un rapport au Premier Ministre plutôt favorable au stockage de la ressource l'hiver et à la création de réserves de substitution (Pour en savoir plus, cliquer ici). Les syndicalistes s'engouffrent dans la brèche, exigeant une levée immédiate du moratoire qui suspendait la participation financière des agences de l'eau aux projets en vue de l'irrigation. Pas sûr qu'un lobbying amical sur une ferme suffise à débloquer la situation.
Nelly Fray