Aller au contenu principal

Gérer au mieux la pousse de l'herbe de printemps

La pousse de l'herbe est un phénomène continu, sous l'étroite dépendance de plusieurs facteurs : disponibilités en eau et en éléments minéraux, rayonnement et durée du jour, température, stade de la plante, hauteur de végétation résiduelle Les producteurs doivent donc bien la gérer, en respectant les rythmes de pousse, pour utiliser au maximum et au meilleur de sa valeur l'herbe offerte. Au printemps, la difficulté principale tient aux volumes importants d'herbe disponibles au même moment.

file-La durée de ces cycles de végétation varie selon les saisons. Au printemps, tous les facteurs de croissance agissant dans le même sens, la pousse de l'herbe est toujours explosive. Le rythme d'apparition des cycles est alors accéléré. © CA64
La durée de ces cycles de végétation varie selon les saisons. Au printemps, tous les facteurs de croissance agissant dans le même sens, la pousse de l'herbe est toujours explosive. Le rythme d'apparition des cycles est alors accéléré. © CA64
1 Au niveau d'une talle de graminée » Des feuilles naissent, grandissent et meurent en permanence. L'INRA a défini un schéma de fonctionnement de la pousse, valable tant que la température moyenne journalière est comprise entre 0 et 20 °C, soit la majeure partie de l'année, hors périodes de grand froid et de canicule. Les quantités de chaleur reçues étant un facteur majeur de développement végétatif, l'unité « degré-jour », qui exprime le cumul des températures moyennes journalières, a été définie. Par exemple, 100°Cj correspond à  10 jours à  10 °C de température moyenne, ou à  20 jours à  5 °C. Au niveau des graminées, famille assurant le rendement d'une prairie, une feuille apparaît ainsi tous les 100 à  150 degrés-jours (°Cj). La durée de vie de ces feuilles dépend des espèces. Elle est d'autant plus courte que les tissus sont riches en eau. La sénescence commençant à  partir de 400 à  600°Cj, une talle de graminée n'a jamais plus de 3 ou 4 feuilles vivantes, quelle que soit la saison. 2 Au niveau d'un cycle de végétation » Les cycles des pousses de l'herbe suivent toujours une même dynamique : une phase de démarrage assez lente1, une phase de forte croissance, puis une phase de ralentissement, voire d'arrêt végétatif. À chaque cycle, à  mesure du vieillissement de l'herbe, la végétation comprend une part croissante de tissus végétaux moins digestes que les feuilles vertes : les tiges, les gaines et les feuilles sénescentes ; les feuilles non utilisées, mortes, sont au sol. La durée de ces cycles de végétation varie selon les saisons. Au printemps, tous les facteurs de croissance agissant dans le même sens, la pousse de l'herbe est toujours explosive. Le rythme d'apparition des cycles est alors accéléré : les talles de graminées voient poindre de nouvelles feuilles toutes les semaines, dont la durée de vie potentielle est de 30 à  40 jours. Ce rythme ralentit l'été, avec le manque d'eau et les fortes températures, avant de reprendre, avec moins d'ampleur, à  l'automne, et de ralentir encore, voire de s'arrêter, l'hiver. Les feuilles apparaissent alors, toutes les 3 à  4 semaines seulement, mais elles durent beaucoup plus longtemps (4 à  5 mois). 3 Exemple de perte de volume potentiel d'herbe » De nouvelles feuilles apparaissent donc régulièrement et plus ou moins rapidement selon la période. Elles grandissent, vieillissent puis meurent si elles ne sont pas utilisées. La sénescence peut passer inaperçue, car le couvert paraît toujours vert et poussant en surface. Les feuilles desséchées ou jaunissantes, de valeur alimentaire nulle, sont surtout visibles au moment de la pleine pousse, au pied des talles, si la végétation n'est pas exploitée assez rapidement. Optimiser l'utilisation des pàtures passe donc par la prise en compte de ces variations : d'appétence et de valeur alimentaire à  mesure du vieillissement de la végétation ; et de perte de potentiel de production si l'on tarde à  utiliser l'herbe. La gestion de l'herbe, au printemps notamment, période où la pousse représente la moitié voire les deux tiers de l'herbe disponible annuellement, est cruciale, tant pour bien valoriser ce potentiel de production, au meilleur de sa valeur (pour la pàture ou la fauche), que pour permettre des utilisations ultérieures optimales de la prairie. Par exemple, une prairie précoce (base dactyle) utilisée uniquement pour la fauche. Son départ en végétation (donc le démarrage de la production de feuilles) va commencer vers les 250°Cj. Les feuilles apparaissant tous les 100 à  150°Cj et mourant 600°Cj plus tard, si cette parcelle est fauchée tardivement, à  1 300°Cj, sans avoir été déprimée ou pacagée auparavant, les trois premières feuilles produites auront disparu avant d'avoir été fauchées ! Pour information, les 1 300°Cj ont été atteints l'an dernier la dernière décade du mois de mai pour les parcelles inférieures à  400 mètres d'altitude. Il est donc impératif de faucher tôt, en particulier les prairies à  végétation précoce, ou de pratiquer le déprimage, pour valoriser au mieux l'herbe produite. Cela permet non seulement d'avoir un foin de bonne valeur alimentaire, mais surtout de bien valoriser toute l'herbe produite. Il est aussi inutile de fertiliser des parcelles de fauche quand on les utilise tardivement ! En effet, l'azote apporté à  cette occasion est gaspillé, parce que l'herbe dont la pousse a été « forcée » par cet apport est morte avant d'avoir été récoltée. 4 En conclusion » La difficulté d'optimiser les prairies au printemps tient aux volumes importants d'herbe disponible au même moment. Cette explosion de pousse peut être atténuée ou/et décalée (ce qui facilite sa gestion) en « jouant » avec des utilisations précoces, dans la mesure du possible, et en raisonnant les fertilisations. L'herbe ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Une à  deux tonnes de matières sèches par hectare peuvent se gagner là 
Article réalisé avec le concours financier du fonds européen Feader.

1. À noter que pour chaque cycle de repousse, la phase de démarrage est d'autant plus longue (2 à  3 jours après une pàture, jusqu'à  8 jours après une coupe) que le couvert résiduel est ras, inférieur à  5 cm, par manque de feuilles pour assurer la photosynthèse. Contact : Marie-Claude Mareaux, chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques - Tél. : 05 59 80 69 92 - www.pa.chambagri.fr
mc.mareaux@pa.chambagri.fr
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

Loi d'orientation agricole : le texte arrive à l'Assemblée nationale

Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture a…

Maïs : disparités entre semis

La météo très pluvieuse par endroits a retardé l’avancement des chantiers en Béarn et au Pays basque.

Punaise diabolique : la lutte dans les vergers se précise

Une dissection des punaises femelles a permis de déterminer le stade de la maturation ovarienne.

Aquitanima : les vedettes entrent en piste

Organisé ce week-end au parc des expositions de Bordeaux-Lac dans le cadre du Salon régional de l’agriculture, le concours des…

«Tous les viticulteurs ont eu accès au fonds d’urgence viticole»

La mobilisation de la FDSEA et des JA, soutenus par le député David Habib, a permis aux Pyrénées-Atlantiques de décrocher une…

Affectée par les conditions pluvieuses, la campagne de semis patine

Le groupe coopératif Maïsadour indique que moins de la moitié des surfaces prévues de maïs grain et spéciaux ont été…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon