Guy Estrade : agriculture et stratégie verte
Le président du groupement des irrigants des Pyrénées-Atlantiques commente la récente parution d'un article sur «Â l'agriculture intensive » dans la revue «Â Science et vie ».
Guy Estrade est président du groupement des irrigants et vice-président de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques. © Le Sillon
Dans son numéro du mois d'août, en page 32, la revue d'actualité scientifique Science et Vie publiait un article intitulé : « L'agriculture intensive est plus « verte » que prévu ». À contre-courant des idées reçues, une étude scientifique menée par l'équipe de Jennifer Burney, chercheur à l'université de Stanford (États-Unis), montre qu'entre 1961 et 2005, les progrès agricoles ont permis d'éviter la production de 161 milliards de tonnes de gaz carbonique.
Stockage du gaz carbonique
Bien que l'agriculture contemporaine produise des gaz à effet de serre (production de fertilisants, épandage, travail mécanique), la hausse des rendements a permis de « stocker » 34 % des émissions enregistré depuis 1850 ! Ce qui fait de l'agriculture moderne une stratégie verte des plus efficaces et des moins coûteuses pour lutter contre le changement climatique !
Ces résultats scientifiques font partie de ces éléments à opposer à une pensée dominante qui amalgame trop souvent agriculture et dégradation environnementale, en usant des raccourcis les plus simplistes.
Cet été encore, l'irrigation dans notre département était grossièrement montrée du doigt lorsque, dans les médias locaux et nationaux, les Pyrénées-Atlantiques figuraient en rouge sur les cartes « restrictions d'eau », mettant notre département au même banc des accusés que des départements du Nord-Ouest qui souffraient, eux, d'une sécheresse autrement plus grave.
Comment peut-on fustiger de la sorte une activité alors que, durant cet été sans pluies, les restrictions d'eau ont été beaucoup moins nombreuses et moins fortes que les années précédentes ? Serviteur zélé ou tout simplement vecteur de l'opinion publique, le ministère de l'Écologie a mené ces deux dernières années de nombreuses réformes ayant trait à la ressource en eau :
- révision des volumes prélevables par l'irrigation,
- mise aux normes de sécurité des retenues de stockage,
- classements des cours d'eau (NDLR : interdiction, effacement ou mise aux normes des ouvrages faisant obstacles à la continuité écologique)
Rétablir le dialogue avec les ministres
Souvent associée mais rarement écoutée, la profession n'a eu de cesse de démontrer les incohérences, l'inefficacité et les impacts graves de ces réglementations décidées en haut lieu, et qui font fi des réalités de nos départements, de nos bassins versants, de nos cours d'eau.
À l'heure où, à la faveur d'un remaniement ministériel, le ministère d'État de Jean-Louis Borloo passe la main à un ministère plus classique mené par Nathalie Kosciusko-Morizet, il devient urgent de rétablir le dialogue et de travailler en bonne intelligence avec notamment le ministère de l'Agriculture, pour l'instant dépossédé des dossiers sur l'eau.
Je profite de ce billet d'humeur pour vous faire part de la disparition de Jean-Jacques Chassagnou, élu agricole du département de la Dordogne mais avant tout homme de dialogue qui a ardemment porté la voix des agriculteurs et des irrigants, que ce soit au sein du bassin Adour-Garonne, en sa qualité d'administrateur à l'Agence de l'Eau, ou à l'échelon national en tant que membre du bureau d'Irrigants de France.
Guy Estrade
président du groupement des irrigants 64
Ces résultats scientifiques font partie de ces éléments à opposer à une pensée dominante qui amalgame trop souvent agriculture et dégradation environnementale, en usant des raccourcis les plus simplistes.
Cet été encore, l'irrigation dans notre département était grossièrement montrée du doigt lorsque, dans les médias locaux et nationaux, les Pyrénées-Atlantiques figuraient en rouge sur les cartes « restrictions d'eau », mettant notre département au même banc des accusés que des départements du Nord-Ouest qui souffraient, eux, d'une sécheresse autrement plus grave.
Comment peut-on fustiger de la sorte une activité alors que, durant cet été sans pluies, les restrictions d'eau ont été beaucoup moins nombreuses et moins fortes que les années précédentes ? Serviteur zélé ou tout simplement vecteur de l'opinion publique, le ministère de l'Écologie a mené ces deux dernières années de nombreuses réformes ayant trait à la ressource en eau :
- révision des volumes prélevables par l'irrigation,
- mise aux normes de sécurité des retenues de stockage,
- classements des cours d'eau (NDLR : interdiction, effacement ou mise aux normes des ouvrages faisant obstacles à la continuité écologique)
Rétablir le dialogue avec les ministres
Souvent associée mais rarement écoutée, la profession n'a eu de cesse de démontrer les incohérences, l'inefficacité et les impacts graves de ces réglementations décidées en haut lieu, et qui font fi des réalités de nos départements, de nos bassins versants, de nos cours d'eau.
À l'heure où, à la faveur d'un remaniement ministériel, le ministère d'État de Jean-Louis Borloo passe la main à un ministère plus classique mené par Nathalie Kosciusko-Morizet, il devient urgent de rétablir le dialogue et de travailler en bonne intelligence avec notamment le ministère de l'Agriculture, pour l'instant dépossédé des dossiers sur l'eau.
Je profite de ce billet d'humeur pour vous faire part de la disparition de Jean-Jacques Chassagnou, élu agricole du département de la Dordogne mais avant tout homme de dialogue qui a ardemment porté la voix des agriculteurs et des irrigants, que ce soit au sein du bassin Adour-Garonne, en sa qualité d'administrateur à l'Agence de l'Eau, ou à l'échelon national en tant que membre du bureau d'Irrigants de France.
Guy Estrade
président du groupement des irrigants 64