Influenza aviaire : ce 29 mai marque la fin du vide sanitaire
Après six semaines sans remise en place d’animaux dans les élevages, la vie va reprendre progressivement à compter de ce lundi dans les élevages de palmipèdes d’une grande partie du Sud-Ouest. Destiné à assainir les territoires dans lesquels l’épizootie H5N8 a été de grande ampleur, le vide sanitaire s’est achèvé hier, dimanche 28 mai.
Bien que ce redémarrage soit conditionné par le respect strict des mesures de biosécurité, le président du Cifog, Christophe Barrailh, relève d’abord la satisfaction de pouvoir reprendre le travail. «C’est une étape symbolique certes, mais c’est aussi, je crois, un soulagement pour tout le monde. Notre métier, c’est d’abord d’élever des animaux… On peut toutefois déplorer quelques bémols, en ce qui concerne les retards des indemnisations par exemple».
Le vide sanitaire et l’interdiction de remise en place se sont appliqués aux zones de protection (ZP) et de surveillance (ZS), établies au fil de la confirmation des foyers. Dans les Landes, le territoire couvert par la zone de contrôle temporaire (la Haute Lande et une petite frange sud-ouest du département, soit seulement environ 80 communes), levée il y a un mois environ, en était donc exempté.
Contrôles toujours en cours
En pratique, l’autorisation de remise en place reste conditionnée par la levée des zones réglementées (ZP et ZS). C’est pourquoi, les contrôles en ce sens se sont poursuivis la semaine dernière, indique la DDCSPP. Ceux-ci visent à confirmer que le virus ne traîne plus dans les campagnes. À l’aide de prélèvements si nécessaire, ces inspections consistent, notamment, à vérifier l’état des animaux vivants sur le territoire, volailles de chair et autres animaux de basse-cour.
«Les contrôles sont toujours en cours et pourraient aboutir par la levée des dernières zones d’ici dimanche», explique le directeur de la DDCSPP des Landes, Christophe Debove. En milieu de semaine dernière, ce dernier indiquait que tous les feux étaient au vert jusque-là et rappelait que ses services étaient à la disposition des éleveurs pour toute information.
Pour pouvoir redémarrer, les producteurs vont devoir montrer patte blanche. En amont, les élevages ayant abrité un foyer ont fait l’objet de contrôles afin de vérifier la réalisation des opérations de nettoyage et de désinfection (la procédure était balisée par trois étapes et s’étalait sur au moins 40 jours) et de constater les bonnes conditions préalables à la remise en place. Pour eux, la reprise de l’activité passe par la levée de l’arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI). Sans cette étape, ils restent considérés comme des foyers d’influenza aviaire.
L’enjeu crucial de la biosécurité
Pour toutes les exploitations, aucun redémarrage ne peut se faire sans une déclaration de la première mise en place, déposée dans les huit jours avant l’introduction des animaux auprès de la DDCSPP. De plus, un engagement écrit est attendu de la part des professionnels, au travers de la signature d’une attestation sur l’honneur du respect des règles de biosécurité. En effet, un mot d’ordre central doit dicter cette phase de redémarrage : le respect strict des mesures permettant de se prémunir de la propagation du virus, telles qu’énoncées dans l’arrêté du 8 février 2016. Cela représente autant une nécessité réglementaire qu’un enjeu de bon sens pour la préservation de la filière.
À compter du mois de juin, les services de la DDCSPP vont entamer une procédure de contrôle plus vaste des mesures de biosécurité au sein de tous les élevages. «L’objectif est de visiter le plus grand nombre possible d’exploitations d’ici novembre, toutes si l’on peut», précise Christophe Debove. Des non-conformités lors de ces contrôles pourraient se traduire par différentes sanctions, comme une interdiction de remise en place ou l’obligation de réaliser des prélèvements de suivi sur les animaux, à la charge de l’éleveur lorsque l’élevage est en production.
Reprise limitée
À compter de ce lundi 29 mai, les remises en place devraient se faire progressivement. Car les opérateurs vont devoir gérer momentanément une offre en canetons limitée. Il est difficile de mesurer les volumes d’animaux disponibles à court terme. Cependant, le fait que la plupart des entreprises d’accouvage aient été directement frappées par l’épizootie laisse présager une certaine pénurie qui pourrait se poursuivre jusqu’au mois d’août.
Pour les mises en place se faisant avec des palmipèdes âgés de plus de trois jours ou des animaux démarrés en provenance d’une autre exploitation, des dépistages doivent être réalisés en amont, dans l’exploitation d’origine, et en aval (dans les 21 jours suivant la mise en place).
Cette fin du vide sanitaire intervient alors que la filière continue de déplorer les retards importants pris par les pouvoirs publics au niveau des paiements des indemnisations aux producteurs. Pour beaucoup, cette situation a obligé à prolonger les outils d’accompagnement bancaires. Cette semaine, un report de la date limite pour le dépôt des dossiers de déclaration des pertes de production a été annoncé par l’administration.
Le dispositif est aussi désormais ouvert aux foyers. Tous les maillons étant intimement dépendants les uns des autres, Christophe Barrailh pointe également du doigt les atermoiements au niveau de la mise en œuvre de dispositifs d’accompagnement des opérateurs de l’aval.
F. Brèthes