Influenza aviaire : Le Foll assure que «tout sera indemnisé»
Si la lutte contre une diffusion plus large du virus H5N8 de l’influenza aviaire se poursuit sur le terrain, le Cifog milite auprès des pouvoirs publics pour la mise en place rapide de dispositifs d’accompagnement financier pour compenser les pertes estimées à 120 millions d’euros. Hier, le ministre de l’agriculture a fait des annonces positives.
Les professionnels de la filière palmipèdes, réunis au sein du Cifog, se sont rendus hier, jeudi 19 janvier, au ministère de l’agriculture. Dans leurs valises, ils emportaient notamment la présentation d’un plan de sécurisation sanitaire de la filière pour lutter contre le risque d’influenza aviaire.
Celui-ci a pour vocation de détailler les mesures à mettre en œuvre pour lutter efficacement et de manière pérenne contre une telle pathologie. Son objectif est également «de ne laisser personne sur le bord du chemin», affirme le Cifog. Au cours de cette rencontre, les responsables professionnels ont demandé aux pouvoirs publics la mise en place urgente de mesures de soutien économique.
D’abord, solder les indemnisations de l’an dernier
Stéphane Le Foll a répondu à plusieurs de leurs attentes. Ainsi, concernant l’épisode de l’an dernier, le ministre de l’agriculture a annoncé que les 30% d’indemnisation restante seraient probablement versés en avril. En effet, Bruxelles a adopté le règlement d’exécution de cette aide, le décret devant paraître au Journal officiel de l’UE fin février.
Concernant l’épisode actuel, le ministre a assuré que «tout sera indemnisé». Ainsi, la DGAL indemnisera les producteurs dont l’élevage a été contaminé sur la base de forfaits. Les éleveurs ayant dû réaliser un abattage préventif seront également indemnisés via un dispositif piloté par FranceAgriMer. Enfin, l’indemnisation du vide sanitaire pour tout l’amont de la filière (éleveur et accouveur) devrait être pris en compte sur le même modèle que 2016. En attendant, les producteurs peuvent fournir une justification auprès des banques afin d’obtenir des prêts de trésorerie.
Un virus qui donne du fil à retordre
Avec la multiplication du nombre de foyers, la plupart des opérations ont consisté ces dernières semaines à éteindre l’incendie sanitaire. Ce travail n’est pas encore terminé. Une vigilance extrême reste de mise pour éviter toute nouvelle extension de l’épizootie, mais la mise au point d’un cadre technique et économique permettant à la filière de rebondir est aussi nécessaire, sans attendre. Sur le terrain, les producteurs ont besoin de perspectives.
La lutte contre le virus H5N8 a déjà conduit à l’abattage de 1,5 million de canards et l’arrêt total de la production dans une partie du Tarn, du Gers, des Landes, du Lot-et-Garonne, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques. La reprise d’activité dans ces zones n’est pas encore programmée. Le vide sanitaire sera probablement de plusieurs semaines.
Depuis le début du mois de décembre dernier, cette lutte contre la propagation du virus H5N8 dans les élevages, menée en collaboration avec les pouvoirs publics et la communauté scientifique, s’est révélée extrêmement délicate. Cette souche, caractérisée par une forte virulence et une grande rapidité de diffusion, donne beaucoup de fil à retordre.
Une zone de contrôle temporaire
De 150 communes soumises aux abattages préventifs de canards et oies depuis le 4 janvier, les pouvoirs publics ont été dans l’obligation d’élargir à deux reprises la zone. Afin de s’adapter aux nouveaux foyers, notamment détectés lors des opérations de dépeuplement, 82 nouvelles communes ont été ajoutées à la liste initiale. Un temps évoqué, la décision de dépeuplement d’une autre zone tampon n’a donc pas été retenue. La stratégie repose toujours sur une lutte autour des foyers (équivalent des zones de protection et de surveillance), plusieurs suspicions ayant été infirmées par l’Anses.
La zone d’abattage préventif réunit désormais 232 communes du Sud-Ouest. Elles concernent le Gers (105 communes), les Landes (97 communes), les Hautes-Pyrénées (15 communes) et les Pyrénées-Atlantiques (15 communes). Devant le comportement extrêmement mobile du virus, la course contre la montre a pour but de stopper sa progression et protéger d’autres territoires à forte densité d’élevages.
Ainsi, des mesures complémentaires ont également été prises vis-à-vis des mouvements et des mises en place de palmipèdes sur l’ensemble des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Elles se sont traduites par la prise de deux arrêtés plaçant les deux départements en zone de contrôle temporaire (ZCT), au sein de laquelle les mouvements sont strictement encadrés.
Un coût global estimé à 120 millions d’euros
Selon les dernières estimations du Cifog, le coût global de l’ensemble des opérations approche déjà 120 millions d’euros. «Cela doit impérativement faire l’objet d’un accompagnement financier de l’État, faute de quoi un grand nombre d’intervenants de la filière (accouveurs, éleveurs, transformateurs…) ne survivront pas à cette nouvelle crise», indique le Cifog.
Outre la filière palmipèdes, la production de volailles de chair est, elle aussi, durement touchée par cette crise. Frappée de manière collatérale par les mesures de lutte, elle souffre notamment des contraintes concernant les mouvements des animaux, qui pénalisent les mises en place.
À l’échelle régionale, la perte est déjà estimée à plusieurs millions d’euros par les responsables de l’Arvol (Association régionale des volailles de chair d’Aquitaine). Plus de 500.000 volailles ne peuvent pas être mises en place chaque semaine. L’addition totale de la crise de l’influenza aviaire devrait donc être encore plus salée…