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Influenza aviaire : le vide sanitaire global officialisé

Les pouvoirs publics ont annoncé la mise en place d’un vide sanitaire total de l’ensemble des élevages de palmipèdes du Sud-Ouest, afin de permettre l’éradication du virus de l’influenza aviaire. Les animaux actuellement présents pourront être normalement engraissés puis gavés et abattus, mais la mesure va avoir des conséquences économiques extrêmement lourdes.

file-Seuls les palmipèdes «porteurs sains» sont concernés par les mesures du vide sanitaire total.
Seuls les palmipèdes «porteurs sains» sont concernés par les mesures du vide sanitaire total.

Un tournant dans la gestion de la crise de l’influenza aviaire s’est donc joué hier, jeudi 14 janvier, en fin d’après-midi à Paris. Très attendu, le Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV) a en effet décidé de la mise en œuvre du dispositif d’assainissement de la grande zone Sud-Ouest.

Visant l’éradication du virus de ce territoire, la principale mesure concerne la réalisation d’un vide sanitaire total dans tous les élevages de palmipèdes de la zone. «Compte tenu des enjeux à la fois sanitaires et économiques, il apparaît nécessaire d’éradiquer efficacement et durablement la maladie dans la filière palmipède et plus largement de retrouver le plus rapidement possible le statut indemne de la France pour l’ensemble de la filière volaille», commente le ministère de l’agriculture dans un communiqué de presse.

Un incident sanitaire majeur

Quelques minutes seulement après cette annonce, Christophe Barrailh, président du Cifog et du pôle élevage de la chambre d’agriculture des Landes, a tenu à réagir à cette disposition. Il a d’abord souhaité rappeler le caractère inédit de la situation. «Si cet épisode n’a aucune conséquence vis-à-vis de la consommation des produits, tel que l’a clairement rappelé l’avis de l’Anses fin décembre, il faut reconnaître que l’on fait face à un incident sanitaire majeur».

En pratique, la mesure de vide sanitaire ne concerne que les palmipèdes, en raison de leur état de «porteurs sains». À l’inverse, les volailles (espèce gallus) expriment rapidement la présence du virus. Chez elles, la pathologie est donc repérable. À compter du 18 janvier, aucune nouvelle mise en place de canetons dans les élevages ne sera autorisée. Les canards actuellement présents pourront être normalement engraissés, puis gavés et abattus. Parfaitement conscient des conséquences pour les producteurs et la filière, Christophe Barrailh se dit extrêmement inquiet. Il note toutefois que «les abattages inutiles d’animaux en cours d’élevage (N.D.L.R. : un temps évoqué dans la presse) sont évités».

Encore beaucoup d’inconnues

Dans l’attente de l’arrêté en cours d’écriture par les pouvoirs publics (sa diffusion est prévue ce lundi 18 janvier), plusieurs éléments restent encore en suspend. Une durée de vide sanitaire global (absence totale d’animaux de la zone) d’un mois pourrait être retenue, mais une autre hypothèse évoque 8 semaines. Ce vide entrerait en vigueur lors du départ des derniers animaux de la zone, qui ne se fera que dans plusieurs semaines.

En théorie, les canetons venant d’être mis en place ne devraient quitter les exploitations que dans 14 semaines environ (12 semaines d’élevage et 2 semaines de gavage environ). L’objectif du ministère est que dans quatre mois, il n’y ait donc plus aucun volatile dans les huit départements concernés : Dordogne, Landes, Haute-Vienne, Gers, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Lot et Haute-Garonne.

De 250 à 300 millions de pertes

Bien entendu, le président du Cifog a insisté sur les conséquences économiques particulièrement lourdes pour l’ensemble des maillons de la filière palmipèdes, depuis les couvoirs jusqu’aux ateliers de transformation en passant par les éleveurs et les abattoirs. Les pertes sont d’ores et déjà estimées entre 250 et 300 millions d’euros. En effet, un tiers de la production annuelle habituelle pourrait ne pas être mené à bien en 2016 (sur 28,5 millions de canards produits traditionnellement dans cette zone chaque année).

«Nous vivons une situation exceptionnelle et inédite, en conséquence les moyens octroyés doivent être eux aussi inédits et exceptionnels», insiste Christophe Barrailh, évoquant aussi bien les instances nationales qu’européennes. «Il va falloir tenir la filière pour lui permettre de passer ce cap difficile et lui permettre de pouvoir redémarrer».

Une fois l’assainissement du territoire réalisé, il restera encore a à éviter tout retour de l’épizootie. Un objectif qui devrait se traduire par l’instauration de règles draconiennes en matière de biosécurité (transport des animaux notamment). Selon le ministère de l’agriculture, les palmipèdes pourront revenir dans les élevages «à partir de fin mai-début juin» ou «fin juin-début juillet» ; le calendrier «est en train d’être affiné». La production de foie gras devrait donc reprendre à «la fin du premier semestre» et permettre d’«assurer, dans de bonnes conditions, la production festive de fin d’année».

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