Influenza aviaire: l’État confirme et assume sa stratégie de lutte
Avec l’apparition de l’épizootie d’influenza aviaire en Chalosse, le préfet des Landes, Frédéric Périssat, a tenu à rappeler la légitimité et la pertinence des mesures de dépeuplement mises en œuvre pour limiter les possibilités de propagation d’un virus extrêmement virulent. Le représentant de l’État a également rappelé les mesures d’accompagnement en faveur de la filière.
Suite à l’extension de l’épizootie d’influenza aviaire en Chalosse et, en conséquence, à l’élargissement de la zone d’abattage préventif des palmipèdes décidée par le ministère, le préfet des Landes, Frédéric Périssat, a tenu à organiser une rencontre, le mercredi 8 février, avec les acteurs gravitant autour du dossier de l’épizootie d’influenza aviaire: représentants professionnels, opérateurs de la filière, syndicats agricoles, collectivités territoriales concernées, services de l’État et établissements bancaires. Une conférence de presse a été organisée à la sortie.
Des décisions relevant de l’État
Si la rencontre visait à faire le point sur la stratégie de lutte et rappeler les mesures d’accompagnement en faveur de la filière, le principal message délivré par le préfet a consisté en une mise au point vis-à-vis de la légitimité des mesures de lutte.
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Ses propos ont aussi pris la forme d’un rappel à l’ordre après les mouvements qui ont suivi l’entame des procédures d’abattage préventif en fin de semaine dernière. «La stratégie de lutte est de la responsabilité de l’État. Les choix sont réalisés sur la base des expertises menées par les spécialistes de l’Anses. Visiblement, certains n’ont pas entendu ce message, peut-être parce que leur zone n’a pas été touchée au départ».
Dès la découverte d’un cas suspicieux à Préchacq-les-Bains (Landes), une stratégie de dépeuplement précoce avait été déployée. Outre l’euthanasie des animaux présents dans l’élevage concerné, elle a reposé sur l’abattage préventif des volailles et palmipèdes dans toutes les exploitations commerciales, y compris autarciques (élevage, gavage et abattage à la ferme), dans un rayon strict d’un kilomètre autour du foyer, ainsi que des palmipèdes en extérieur dans toutes les exploitations commerciales, y compris autarciques, dans un rayon de trois kilomètres.
Cette dernière mesure s’est appliquée à l’échelle des communes dont au moins une partie du territoire était intégrée à ce rayon de trois kilomètres. «L’émoi qu’ont suscité ces mesures chez des éleveurs qui se pensaient en sécurité est bien compréhensible, note Frédéric Périssat. Mais, il n’y a pas d’autre choix… Le virus qui sévit actuellement est extrêmement virulent et très différent de la souche de l’année dernière. La seule possibilité consiste à procéder très vite en éradiquant le foyer et en limitant les possibilités de propagation de proche en proche par le dépeuplement».
Pas d’alternative
Le préfet a donc insisté sur l’absence d’alternative. «Il n’y a pas d’autre choix». Une vaccination est aujourd’hui techniquement inenvisageable. «Tout simplement parce que le vaccin n’existe pas. Même si l’on voulait s’engager dans cette voie, cela nécessiterait beaucoup de recherches et la mise en œuvre ne pourrait s’envisager qu’à long terme». Quant au recours à un dépeuplement progressif (comme lors de l’épisode avec la souche H5N1), il reviendrait à s’exposer de manière évidente à une propagation extrêmement rapide du virus.
À l’issue de la réunion, Frédéric Périssat s’est montré confiant quant à la compréhension de ces éléments sur le terrain. «À ce jour il n’y a plus d’opposition de principe mais une volonté de travailler en cohérence… Tout le monde doit prendre ses responsabilités pour mettre fin à cette épizootie».
Outre cette mise au point, les débats sont revenus sur le besoin de soutenir économiquement et socialement la filière. Des réflexions doivent aussi être poursuivies pour assurer la sécurisation sanitaire de la filière à l’avenir. Le ministre de l’agriculture a demandé des engagements de la profession en ce sens.
Le Cifog a déjà commencé à répondre avec un plan composé d’une quinzaine de points, a expliqué le préfet. Des questions sont encore sur la table. «L’objectif est de mettre en place un système qui permette d’alerter très rapidement en cas de problème sanitaire et de traiter aussitôt pour éviter la circulation d’un virus» a conclu Frédéric Périssat.
F. Brèthes