Influenza aviaire : quelles sont les conséquences du passage en risque “modéré” ?
Vendredi dernier, le ministère de l’Agriculture a annoncé, dans un communiqué, le relèvement du niveau de risque en France vis-à-vis de l’influenza aviaire à “modéré”, suite à la confirmation, la veille par l’Anses, d’un cas détecté chez un particulier doté d’une basse-cour multi-espèces dans les Ardennes. Dans la foulée, les mesures de prévention prévues ont été mises en place. Conséquence dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
La détection de ce cas d’influenza aviaire dans le nord de la France intervient après plusieurs dizaines d’autres observés en Europe sur l’avifaune dans le courant de l’été. Trois foyers ont aussi été déclarés début septembre en Belgique sur des oiseaux captifs (chez un négociant en oiseaux d’ornement et chez un particulier), et au Luxembourg (chez un particulier en lien avec le négociant belge).
Pour l’Hexagone, cette première alerte et l’élévation du niveau de risque interviennent avec six semaines d’avance par rapport à l’année dernière. Pour mémoire, le passage en risque “modéré” avait été décrété le 23 octobre 2020.
Le cas détecté en fin de semaine dernière dans les Ardennes «ne remet pas en cause le statut recouvré par la France le 2 septembre de pays indemne d’influenza», souligne le ministère de l’Agriculture. Cependant, l’augmentation de la dynamique d’infection dans le couloir de migration Nord-Ouest Europe justifie l’élévation du niveau de risque et les mesures de prévention prévues par l’arrêté ministériel du 16 mars 2016 dans tout le territoire métropolitain.
Zones de migration
En pratique, ce relèvement induit la mise en place de mesures pour anticiper l’arrivée des oiseaux migrateurs. La principale d’entre elles concerne les zones à risques particuliers (ZRP). Dans les communes situées dans ces territoires, abritant notamment des zones humides fréquentées par les oiseaux migrateurs, la mise à l’abri des volailles (claustration ou mise sous filets), en élevage commercial comme en basse-cour, devient obligatoire.
Cent vingt-cinq communes dans les Landes et neuf dans les Pyrénées-Atlantiques sont concernées. Elles se situent sur une frange sud-est des Landes et les zones limitrophes des Pyrénées-Atlantiques, ainsi que dans le secteur des étangs et marais du littoral sud landais (marais d’Orx notamment), puis à l’extrême nord-ouest des Landes.
Dans ces zones à risques particuliers, d’autres mesures s’ajoutent, telles que l’interdiction des rassemblements d’oiseaux, l’interdiction des transports et lâchers de gibiers à plume ou encore l’interdiction d’utilisation d’appelants pour la chasse au gibier d’eau.
Les arrêtés attendus
Un renforcement des mesures de biosécurité est également prévu sur tout le territoire national. Il repose notamment sur la surveillance clinique quotidienne dans les élevages commerciaux ; le délai de prélèvements des palmipèdes avant transfert en gavage (étude Gène M) ramené à 10 jours maximum ; le bâchage des camions transportant des palmipèdes âgés de plus de trois jours ; l’interdiction des compétitions de pigeons voyageurs au départ ou à l’arrivée en France ; la vaccination obligatoire dans les zoos pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet.
C’est dans ce contexte de vigilance accrue que doivent paraître les nouveaux arrêtés ministériels, issus des travaux de la feuille de route de la filière palmipèdes. Le 8 juillet dernier, Julien Denormandie avait annoncé les contours de ces mesures pour éviter une quatrième épizootie, qui seront traduites au travers d’une nouvelle réglementation. Les arrêtés vont détailler notamment les conditions de mise à l’abri des volailles selon l’espèce, la zone, le type de production et le niveau de risque, avec des territoires présentant des risques de diffusion, ainsi que les obligations en matière de déclaration des mises en place.
Fabien Brèthes