Influenza : le bassin de l’Adour en situation d’extrême urgence
Alors que le virus continue son inexorable progression dans le Sud-Ouest, la profession demande aux Pouvoirs publics d’accélérer les mesures de sortie de crise et l’indemnisation des producteurs. Par ailleurs, la filière est dans l’obligation de réfléchir aux méthodes de production à mettre en œuvre à l’avenir pour se prémunir de telles crises sanitaires.
La zone dite “d’abattage préventif” des canards et des oies a été étendue une nouvelle fois cette semaine. C’est la septième extension depuis la création de ce mode de délimitation du périmètre impacté par le virus de l’influenza aviaire H5N8.
48 communes supplémentaires ont ainsi été ajoutées par un arrêté publié le 15 février dernier au Journal officiel. Le nombre de communes concernées passe ainsi de 415 à 463. La moitié des localités ajoutées se situe dans les Landes, qui restent le département le plus touché (+25 à 171 communes), devant le Gers (+11 à 154 communes).
La zone d’abattage a aussi été étendue dans les Pyrénées-Atlantiques (+5 à 86 communes) ainsi que dans les Hautes-Pyrénées (+7 à 47 communes), mais n’a pas été modifiée en Haute-Garonne (stable à 5 communes).
Un virus difficile à contenir
Le virus H5N8 gagne donc sans cesse du terrain. Dans les Landes, département le plus touché, la propagation du virus s’est notamment traduite par de nouveaux cas autour de la zone de la Chalosse touchée pour la première fois il y a deux semaines. La zone géographique indemne se réduit comme une peau de chagrin dans ce département, sachant que plusieurs dizaines de cas suspects et en attente de confirmation ont, à nouveau, été identifiées ces derniers jours (la grande majorité au sein de la dernière zone concernée par les mesures de dépeuplement).
Jusqu’à présent, la stratégie de dépeuplement autour des foyers a visé à «sauver» un maximum de production. Mais face aux difficultés pour cantonner le virus et vu le faible nombre d’animaux restant en place, la question du recours à un abattage global est désormais sur la table.
Ce dépeuplement total permettrait la réalisation d’un vide sanitaire complet, en vue d’un redémarrage le plus rapide possible sur des bases assainies. Un tel point de vue a, notamment, été exprimé par le président du conseil départemental des Landes, Henri Emmanuelli.
Le Foll se rendra dans les Landes
Dans ce même département, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs estiment que cette issue doit, désormais, être envisagée. Dans cette perspective, Stéphane Le Foll devrait effectuer un déplacement dans les Landes mardi prochain, 21 février. Le ministre de l’agriculture devrait être accompagné de plusieurs intervenants du dossier : notamment des représentants de la direction générale de l’alimentation (DGAL) et de la direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE). La stratégie de lutte y sera, à coup sûr, évoquée.
Si la lutte contre l’épizootie se poursuit donc sur le terrain, la filière est aussi dans l’obligation d’anticiper. Il s’agit d’imaginer, d’ores et déjà, un cadre qui lui permettra de redémarrer la production dans des conditions sécurisées. Lors de sa visite sur le terrain, Stéphane Le Foll réitérera vraisemblablement sa demande adressée à la profession d’adapter ses pratiques d’élevage.
De nouvelles pratiques d’élevage
Fin janvier, le Cifog (Comité interprofessionnel du foie gras) avait déjà posé les fondements d’un plan de sécurisation sanitaire renforcé de la filière. Une démarche indispensable au regard des deux épisodes successifs d’influenza aviaire. Ce dispositif est censé répondre aux problématiques de chaque producteur en s’adaptant aux différents modèles de conduite d’élevage.
Tirant les enseignements des deux crises sanitaires, liées à deux souches virales distinctes et obéissant à des mécanismes très différents, l’interprofession a conçu un plan de sécurisation sanitaire en tenant compte de l’ensemble des phases de production des palmipèdes, depuis l’élevage jusqu’au transport des animaux.
Certains points restent encore à développer, notamment ceux relevant de la conduite des canards durant la phase d’élevage (prêts à gaver). Une autre problématique porte sur la possibilité de claustration des animaux au sein de zones à risques, durant une période hivernale, critique quand au risque de diffusion du virus de l’influenza.
F. Brèthes
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