Irrigation : 1.500 agriculteurs du bassin de l’Adour en appellent à la raison
Accompagnés par quelque 70 tracteurs, ils étaient plus de 1.500 irrigants ce mardi 30 mars à manifester à Mont-de-Marsan devant la préfecture des Landes pour dénoncer la récente annulation par le tribunal administratif de Pau de l’Autorisation unique de prélèvement (AUP) du bassin de l’Adour.
«Pas d’eau, pas de paysans», «Pas d’eau, pas d’avenir», «Pas d’eau = importations massives», ou encore «Nous ne voulons pas d’un désert» pouvait-on lire sur les pancartes qu’arboraient les agriculteurs venus des Landes, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées à l’appel de l’Association de gestion de l’irrigation landaise (Agil), des FDSEA, des JA et des associations d’irrigants de ces quatre départements.
Retour sur la genèse du dossier pour comprendre les raisons de cette mobilisation inédite. Le 20 janvier dernier, suite au recours administratif déposé en mars 2018 par France nature environnement (FNE) Midi-Pyrénées, FNE 65, les Amis de la Terre 32 et la Sepanso des Landes, le tribunal de Pau s’est prononcé sur la validité de l’AUP délivrée en 2016 à l’organisme unique de gestion collective Irrigadour.
La décision de justice, rendue le 3 février, annule l’arrêté interpréfectoral par lequel l’État délivrait au syndicat mixte Irrigadour une autorisation pour la gestion des prélèvements d’eau concernant 145.000 ha de terres agricoles irriguées dans 4.500 exploitations à cheval sur quatre départements : Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gers, et Hautes-Pyrénées.
Par ailleurs, le jugement plafonne les volumes d’eau jusqu’au 31 mai 2022 à hauteur de moyennes historiques pour chaque point de prélèvement (environ 11.000 sur le bassin de l’Adour). Une mesure jugée «infaisable» compte tenu des bases de données disponibles et «disproportionnée» estime le président d’Agil et d’Irrigadour, Jean-Luc Capes.
Tout un système qui tombe
Ce jugement se traduira, selon les responsables professionnels, par des «baisses significatives des volumes prélevés dès cette saison 2021» pouvant aller de «30% à 50%». Cette réduction d’irrigation entraînerait un «grave préjudice» pour le secteur du bassin de l’Adour, avec un «risque majeur de délocalisation des activités agro-industrielles», dénoncent les organisations agricoles locales.
«Aujourd’hui, s’attaquer à l’eau, c’est s’attaquer à l’acte de production. Nous ne comprenons pas que certains mouvements trop idéologiques nient cette réalité», a lancé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert qui avait fait le déplacement dans les Landes. «Défendre l’eau, c’est défendre la vie des agriculteurs et les nombreux emplois ainsi que les productions à valeur ajoutée, les traditions gastronomiques», a-t-elle indiqué sur les réseaux sociaux.
Le syndicat mixte Irrigadour a fait appel en référé du jugement du tribunal de Pau, en espérant que la décision soit prise avant la prochaine saison d’irrigation. Dans un récent communiqué, la préfecture des Landes, coordinatrice du sous-bassin de l’Adour, estimant que «l’analyse du tribunal administratif suscite en effet plusieurs interrogations» a informé Irrigadour qu’elle avait «sollicité le ministère de la Transition écologique et solidaire à qui revient la décision de faire appel de ce jugement».