La bonne qualité des blés français devrait doper l’export
Face à l’essoufflement attendu de la Russie, la France est en passe de reconquérir les marchés de céréales perdus dans les pays tiers en 2016-2017 et retrouvés en partie en 2017-2018.
L’enquête qualité des blés 2018 menée par FranceAgriMer et l’institut Arvalis, présentée le 12 septembre à l’issue du conseil spécialisé céréales de l’organisme public, confirme les premières estimations estivales. Ainsi, les teneurs en protéines des blés tendres sont élevées, s’établissant en moyenne à 12%. Côté poids spécifique (PS), la variabilité dans l’intensité et la fréquence des épisodes pluvieux ont généré de l’hétérogénéité.
Toutefois, les moyennes régionales dépassent systématiquement le seuil contractuel de 76 kg/hl, avec une moyenne nationale qui s’affiche à 77,8 kg/hl. Concernant les temps de chute de Hagberg, la majorité des blés seront en mesure de répondre au cahier des charges des acheteurs avec 97% des volumes collectés au-delà des 240 secondes.
50% des blés tendres classés en premium
Sur le plan de la qualité technologique, la force boulangère atteint un bon niveau à 194 en moyenne. Le rapport moyen élasticité sur extensibilité (P/L) des farines est bien équilibré, de l’ordre de 0,8. En termes de classification, 50% des volumes collectés sont classés en qualité premium, c’est-à-dire avec un taux de protéines supérieur ou égal à 11,5%, un poids spécifique supérieur ou égal à 77 kg/hl, une force boulangère (W) supérieure ou égale à 170 et un indice de chute de Hagberg supérieur ou égal à 240 secondes.
Pour le blé dur, la qualité est plus contrastée sous l’effet du climat. Ainsi les pluies ont été préjudiciables aux poids spécifiques dans le Sud-Ouest et à un degré moindre dans le Sud-Est. Le mitadinage dépasse 20% dans certaines zones du Sud-Ouest contre 10% dans le Centre et le Sud-Est. La moucheture, influencée par les faibles températures et la pluie après floraison, est observée selon un gradient Ouest-Est. La teneur en protéines s’établit en moyenne à 14,5%.
Blé : l’Algérie premier partenaire commercial de la France
Ces bons résultats qualitatifs, notamment pour le blé tendre, devraient être à mêmes de rassurer les opérateurs français au moment même où le blé russe montre des signes d’essoufflement. Selon l’ensemble des analystes, la Russie pourra difficilement exporter plus de 30 Mt de blé au regard de ses bilans, soit 11 Mt de moins que lors de la campagne 2017-2018. L’objectif pour le blé français est bel et bien de reconquérir les marchés perdus dans les pays tiers en 2016-2017 et retrouvés en partie en 2017-2018.
Première indication, sur deux mois de campagne, les exportations vers les pays tiers étaient en forte augmentation, atteignant 1,57 Mt, soit 27% de plus que l’an passé à la même époque. Les achats algériens restaient prédominants (81% du total). Un départ en fanfare qui laisse supposer que la France pourrait exporter, en un an vers les pays tiers, 8,5 Mt de blé tendre contre 8,12 Mt en 2017-2018.
FranceAgriMer prévoit en revanche des exportations françaises vers l’Union européenne en baisse de 1,21 Mt à 8,06 Mt et une utilisation moins importante par les fabricants d’aliments du bétail (5,1 Mt contre 5,55 Mt). Au final, le stock de report présent sur le marché est prévu en fin de campagne à 2,46 Mt, largement en dessous de la moyenne quinquennale (2,98 Mt).
Orge : achats chinois et tunisiens importants
Au 1er septembre, les exportations d’orge vers les pays tiers accusaient également une forte hausse par rapport à la campagne précédente (+81% à 535.975 t). Les achats chinois et tunisiens ont été en un an respectivement multipliés par 8 et par 13. La Chine, première destination, représentait à elle seule 75% des expéditions vers les pays tiers contre 20% à la même date l’année dernière.
Sur cette dynamique, FranceAgriMer table en fin de campagne, sur des exportations vers les pays tiers de 3 Mt contre 2,49 Mt en 2017-2018. Les exportations vers nos voisins de l’UE sont également estimées en hausse en un an (+185.000 t à 3,66 Mt). En revanche, les prévisions d’utilisation par les fabricants d’aliments du bétail sont plus pessimistes : 1,11 Mt contre 1,25 Mt. On s’orienterait vers un stock de report présent sur le marché de 955.000 t, encore en dessous de la moyenne quinquennale (1,23 Mt).
Concernant le maïs, les prévisions de FranceAgriMer laissent entrevoir un stock de report de 2,52 Mt, sensiblement au niveau moyen des cinq dernières campagnes (2,57 Mt). L’utilisation dans l’alimentation animale pourrait progresser en un an (+521.000 t à 3 Mt). Les livraisons vers l’UE sont attendues en baisse de 791.000 t par rapport 2017-2018 à 4,11 Mt alors que les exportations vers les pays tiers diminueraient de 22.000 t à 120.000 t.