La Celpa sur la bonne pente
Beaucoup de questions des adhérents ont fusé lors de l'assemblée générale de la Celpa (Coopérative des éleveurs des Pyrénées-Atlantiques), le 7 mars dernier. Guy Estrade, le président, s'est voulu à la fois rassurant, prudent et ferme : la structure et sa filiale Vignasse et Donney sont une trajectoire de redressement très encourageante.
Guy Estrade, le président de la Celpa (à droite), s'est voulu à la fois rassurant, prudent et ferme. La crise financière qui a touché l'organisme coopératif en 2009 semble s'éloigner un peu plus à chaque exercice. © Le Sillon
La crise financière qui a touché la Celpa en 2009 semble s'éloigner un peu plus à chaque exercice. Pour preuve, le directeur, Christophe Grandeur, ne cachait pas sa satisfaction en annonçant les chiffres et en les commentant par «une confiance et une croissance retrouvées». En effet, la progression de l'activité de la Celpa sur les trois dernières années se traduit par une augmentation du chiffre d'affaires total de 15%, le chiffre d'affaires animaux étant sur la même période de +23% et le nombre d'animaux traités de +5%.
Incontestablement, l'activité bovins viande tire son épingle du jeu, tant en maigre (+3%) qu'en boucherie (+7%). Les parents pauvres de ce bilan restent l'activité bovins lait (- 2%) et l'activité équine (- 31%). Avec son outil de transformation Vignasse & Donney, lequel travaille pour 70% des volumes avec la Celpa, la coopérative poursuit sa reconsolidation en privilégiant, économiquement, l'équilibre entre capital social et fonds propres.
Stratégie de l'engraissement
Le redressement de la Celpa, comme l'expliquaient ses responsables, passe également par une réorganisation structurelle. En ce sens, la stratégie de l'engraissement s'est avérée payante et, surtout, porteuse de plus-value. Christophe Grandeur soulignait «le vrai savoir-faire des adhérents, la sélection des clients, un travail dans la durée, le renforcement des liens et de l'innovation avec les différents partenaires». Il n'empêche que certains adhérents s'interrogeaient quant à l'approvisionnement en animaux Et, notamment, en taurillons.
Guy Estrade acquiesçait et trouvait légitime ces questions. «Nous tentons de multiplier les approvisionnements en provenance du Gers et des Hautes-Pyrénées. De même, nous sommes dans une démarche de propositions, sur les Pyrénées-Atlantiques, vers des éleveurs en zone de piémont ou de coteaux, là ou l'élevage n'est pas en concurrence avec le mais et où le risque de décapitalisation des troupeaux est moindre». Une chose est certaine: la coopérative, afin de poursuivre son redressement, doit assurer une fourniture annuelle sur bovins de +3%. Cette problématique, pour le moment déficitaire, est désormais récurrente, y compris au niveau national.
Le coût des abattoirs
Bien entendu, pour les 650 adhérents de la coopérative, le chiffre de 19.350 animaux mis en marché fleure bon l'optimisme. Mais la fermeture des abattoirs de Pau a porté un sacré coup dur à la filière bovins viande. «Je rappelle, précisait Guy Estrade, qu'avec la cessation de la partie abattage de veaux de boucherie du groupe Serval/GLV, cela a rendu impossible l'équilibre financier sur quelque 3.000 tonnes». La Celpa, outre ses 2.000 tonnes destinées au marché Renmans à Anglet, a trouvé d'autres opportunités avec les abattoirs de Mauléon. «Sur ce site, nous traitons pour un client italien quelques génisses précoces et jeunes bovins». La filiale Vignasse & Donney y travaille, quant à elle, quelque 1.700 tonnes de gros bovins.
Et Guy Estrade, particulièrement offensif, de conclure: «Cette répartition de nos activités, souvent critiquée, nous prouve bien que nos choix étaient raisonnés et stratégiques pour nos entreprises que ceux qui étaient si avisés et critiques sur nos options, et si généreux en terme de conseils sur la nécessité de massifier nos tonnages au même endroit, devraient se mordre la langue, à l'avenir, avant de claironner».
Ph. Delvallée
Disparités de prix«Oui, un abattoir peut être stratégique, mais c'est avant tout un passage obligé ne générant que des coûts». C'est ainsi que Guy Estrade s'exprimait avant de condamner le fait que les prix d'abattage sont très différents d'un site à un autre : d'environ 0,20€ le kg carcasse à plus de 0,55€ dans les Pyrénées-Atlantiques. «Si un tel outil est envisageable, il doit, néanmoins, être économique. Il nécessite également l'engagement d'opérateurs quant au volume traité sur toute la durée d'amortissement. C'est à cette condition que nous pourrons prétendre à construire un tel projet dans le Sud Adour».