La Chine ne subventionnera plus sa production de maïs
La Chine va mettre fin à son programme de stockage de maïs et entamer une libéralisation des prix, a annoncé le gouvernement. Une décision qui pourrait bousculer les marchés mondiaux.
Depuis 2007, la Chine subventionnait largement sa production de maïs, en la rachetant à des prix très au-dessus des cours internationaux afin de préserver les revenus de ses agriculteurs. Une politique qui a provoqué un bond spectaculaire de plus de 30% de la production chinoise, faisant ainsi du géant asiatique le deuxième pays producteur du globe derrière les États-Unis.
Mais ce programme de rachat et stockage à grande échelle devrait prendre fin, ont indiqué plusieurs organes gouvernementaux, dont l’agence de planification chinoise (NDRC), cités par l’agence officielle Chine nouvelle.
En effet, les organismes publics et entreprises privées seront désormais encouragés à racheter les récoltes aux prix du marché, et le système de rachats garantis sera remplacé par des «subventions» aux cultivateurs, ont expliqué les autorités chinoises, évoquant explicitement un processus de «libéralisation» des prix.
111,5 millions de tonnes accumulées
L’objectif de cette grande réforme, appliquée durant la campagne 2016-2017, sera autant de promouvoir une meilleure rentabilité du secteur que de contribuer à réduire les colossaux stocks de maïs emmagasinés dans le pays. Car le soutien appuyé de l’État a entraîné une prodigieuse envolée de la production et, ce faisant, a entraîné l’accumulation de gigantesques réserves.
Selon des chiffres du ministère américain de l’agriculture, les stocks chinois de maïs devraient ainsi atteindre 111,5 millions de tonnes en fin de campagne 2015-2016: soit plus du double des réserves américaines et plus de la moitié des stocks mondiaux.
Alors qu’entre-temps, l’écart se creusait de façon importante entre les cours mondiaux et les prix artificiellement élevés garantis aux cultivateurs chinois. Or cette différence, avec des cours internationaux très bas a alimenté une forte hausse des importations chinoises.
Durant l’année 2015, l’Empire du Milieu a importé des volumes records de maïs et produits de substitution pour nourrir le cheptel (orge fourragère, sorgho, manioc…). «Dans l’ensemble, au vu des changements de la conjoncture et fluctuations dans l’offre et la demande en Chine et dans le monde, des déséquilibres et contradictions sont apparus ces dernières années», a sobrement commenté Liu Xiaonan, directeur adjoint de la branche commerciale de la NDRC.
USA et Australie ont beaucoup à perdre
Le revirement de Pékin pourrait, à moyen terme, ébranler des marchés mondiaux déjà fragiles: la vente par la Chine d’une partie de ses stocks, tout comme le déclin attendu de ses importations, pourrait plomber les cours et pénaliser les autres pays producteurs de maïs. Les États-Unis et l’Australie, gros fournisseurs de l’Empire du Milieu, ont beaucoup à perdre dans ce processus de liquidation des stocks.
En Chine même, la réforme pourrait par ailleurs être difficilement acceptée: «Les cultivateurs vont se demander ce qu’ils doivent planter, de combien seront les subventions qu’ils toucheront et si cela sera suffisant pour compenser l’effondrement de leurs prix de vente», commentait Yan Zhang, du cabinet shanghaïen JC Intelligence Co, cité par l’agence Bloomberg.