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La consommation de viande, un débat de société abordé par UniAgro

Lors du dernier salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, l’association UniAgro a organisé une conférence autour de la viande, de l’élevage à la consommation. Ingénieur agronome et expert de la filière viande, René Laporte a dressé un état des lieux du monde de la viande et de ses détracteurs, dans une société où le respect est devenu un concept abstrait.

file-René Laporte a animé la conférence autour de la viande et organisée par l’association UniAgro lors du dernier salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine.
René Laporte a animé la conférence autour de la viande et organisée par l’association UniAgro lors du dernier salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine.

C’est l’un des rendez-vous professionnels devenus une référence lors du salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. À chaque édition, son débat UniAgro, la fédération, créée en 2006, qui réunit dans un même réseau plus de 40.000 ingénieurs agronomes actifs dans les sciences et technologies du vivant. Ce temps fort est tout autant politique qu’économique, pour ne pas dire philosophique, autour d’une thématique liée à l’agriculture.

Pour organiser cet événement, Bruno Millet, commissaire général du salon de l’agriculture Aquitanima et président d’UniAgro Aquitaine, a mobilisé son réseau pour faire intervenir un expert. Cette fois, c’est René Laporte, spécialiste des questions de la viande et du bien-être animal, qui a tenté de répondre à une question : «Peut-on encore être carnivore aujourd’hui ?».

Le rapport entre l’homme et l’animal

Vaste sujet que de réfléchir à la consommation de la viande dans la société actuelle. Une question qui en génère beaucoup d’autres, et entraîne le besoin d’explorer de nombreux domaines. Qu’il s’agisse de la distinction entre véganien, végétalien, végétarien et «omnivore», terme sur lequel René Laporte insiste au moment de lancer les débats. Qu’il s’agisse aussi de réfléchir aux thèses spécistes et antispécistes, au rapport que l’homme entretient avec l’animal, que ce rapport soit moral, biologique, économique…

Celui qui a fait toute sa carrière professionnelle dans la filière viande s’est justement longtemps penché sur le rapport existant entre l’homme et l’animal. Car c’est bien là le fond du problème, l’endroit d’où part la discorde. «Il y a les faits, et il y a l’esprit, la philosophie. Si l’on va jusqu’au bout de la réflexion, la question à se poser est de savoir si l’on peut tuer un animal», avance-t-il.

Ces questions ne se posaient pas au milieu du XXe siècle. Mais les goûts et les usages évoluent, les mœurs et la société avec. «Dans les années 1950, on consommait 50 kg de viande par an et par habitant. On est monté à plus de 100 en France et maintenant on est à 80 environ. On a saturé nos besoins, l’envie a peu à peu disparu», détaille l’ingénieur.

Des abolitionnistes militants

Que faut-il donc faire aujourd’hui ? La position de René Laporte est de continuer à consommer de la viande. Mais c’est une posture personnelle, face à «L214 et d’autres mouvements qui sont abolitionnistes, qui veulent interdire les élevages et toutes les productions issues de l’animal», affirme-t-il. Des mots volontairement forts face à des positions tranchées. Et celui-ci de continuer son plaidoyer : «Des lobbys existent et vont loin dans leur façon de penser et d’agir, avec cette volonté de faire inscrire dans le Code civil l’interdiction d’acheter ou vendre des animaux, vivants ou morts». Des actes dont le but est bien de faire disparaître l’élevage.

Mais dans ce cas, au-delà même de la question de la consommation de viande, c’est la question économique, sociale et environnementale qui se pose. Que faire de tout un pan de l’économie française ? Comment occuper les espaces et les paysages ? Comment réaliser des plans de fumure et autres travaux permis par l’élevage ?

Pour le spécialiste de cette question, l’agriculture française, et en premier lieu évidemment l’élevage, doit prendre la parole pour se défendre. «Le monde agricole a longtemps été admis, vu comme le nourrisseur. Et dans les années 1980, il est devenu d’un seul coup le pollueur de la planète. Au lieu de répondre, il n’a pas compris et s’est replié. Les idées exprimées se sont peu à peu ancrées dans la société», explique-t-il. Et de citer en exemple, triste mais reflet parfait de l’une des situations ayant entraîné le conflit actuel entre diverses strates de la société, les vidéos prises par l’association de protection animale L214 dans les abattoirs.

«Avoir une exigence morale»

«Il n’y a pas eu de réponse par la profession, qui a parlé de brebis galeuses. Il y a eu un audit des pouvoirs publics, une commission, un rapport… Mais la bonne réponse, c’est la profession qui doit l’apporter. Il faut changer les règles du jeu, montrer le travail effectué, se donner une exigence morale», propose René Laporte. Des réflexes en termes de communication qui ne sont pas encore bien entrés dans les mœurs de la profession.

La mode reste à la contestation. Dans une société où le respect est devenu un concept abstrait dont on a oublié l’existence, dans un monde où la guerre est en premier lieu celle des idées, on a oublié la première des valeurs : la tolérance. «Je n’oblige personne à consommer de la viande. Mais à l’inverse de certains courants de pensée, je ne dis pas à l’autre tu dois, mais tu peux», conclut l’ingénieur.

Sylvain Desgroppes

 

 

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