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La future PAC cristallise les craintes

Face à des intervenants et un public inquiet, les représentants de la Commission européenne ont tenté de se montrer rassurants et de défendre leurs propositions, lors d’un débat organisé par l’APCA et l’AFJA sur l’avenir de la PAC.

file-«Nous allons vers un changement radical de la PAC, la réforme semble vouloir être fondamentale, le doute s’installe donc dans les campagnes», affirme le président de l’APCA.
«Nous allons vers un changement radical de la PAC, la réforme semble vouloir être fondamentale, le doute s’installe donc dans les campagnes», affirme le président de l’APCA.

«Où va la future PAC ? Vaste programme…», c’est en ces termes que Claude Cochonneau, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), a introduit, le 28 juin, deux tables rondes consacrées à l’avenir de la PAC et organisées par les chambres d’agriculture et l’Association française des journalistes agricoles (AFJA).

Le débat se déroulait dans un contexte opportun puisque le 1er juin, la Commission européenne a présenté ses propositions pour l’avenir de la politique agricole commune (Lire également : Bruxelles a livré sa copie de la PAC post-2020). «Nous allons vers un changement radical de la PAC, la réforme semble vouloir être fondamentale, le doute s’installe donc dans les campagnes», affirme le président de l’APCA. L’assemblée nombreuse cherchait donc des éclairages sur l’avenir de cette politique si chère aux agriculteurs.

La première table ronde était consacrée à la sécurisation des revenus des agriculteurs. Pierre Bascou, de la direction générale de l’agriculture, a tenté de défendre la position de la Commission devant une assemblée et des intervenants plutôt hostiles à ses propositions, notamment, en raison d’une baisse annoncée du budget de la PAC de 5% et de l’inquiétude d’une renationalisation de cette politique. Il estime qu’il est nécessaire de redonner du sens, de la crédibilité et de la légitimité à la PAC.

Une baisse du budget qui inquiète

Pour Pierre Bascou, le budget reste tout de même conséquent, mais il faudra être plus efficient et inscrire l’agriculture dans une autre politique. «On nous présente une PAC qui se veut ambitieuse sans budget ambitieux», s’étonne Christophe Hillairet, agriculteur, président de la chambre d’agriculture de Région Île-de-France et référent aux affaires européennes et internationales à l’APCA. Luc Vernet, cofondateur de Farm Europe estime qu’en raison de la baisse du budget de la nouvelle architecture de la PAC, la réforme pourrait entraîner une baisse de 20% des revenus des agriculteurs. La plupart des participants ont exprimé leurs craintes face à la baisse de budget annoncée.

À ces inquiétudes, Pierre Bascou répond que l’objectif de la PAC n’est pas qu’un soutien financier mais qu’elle doit aider le secteur agricole à gagner en compétitivité ; «nous partageons tous le même objectif ; une PAC forte qui permet au secteur agricole d’être compétitif», se défend-il.

Les craintes de renationalisation

L’autre point qui cristallise les craintes est la subsidiarité. L’Union européenne définira les paramètres de base de la PAC (objectifs, ensemble commun de mesures d’exigences de base) et les États membres endosseraient une responsabilité plus grande sur la manière d’atteindre ses objectifs. Ils devront donc préparer des plans stratégiques afin de permettre l’adaptation des mesures de la PAC «aux particularités et besoins nationaux».

Pour un certain nombre d’acteurs, cette subsidiarité est la porte ouverte à une renationalisation de la PAC. «Cette nouvelle PAC peut avoir des intérêts, mais nous craignons qu’elle crée des distorsions entre les États en étant une politique à géométrie variable», s’inquiète Christophe Hillairet. Ulrike Müller, députée européenne, qui s’est exprimée par le biais d’une interview vidéo, souligne que pour la Commission européenne, il est important que la politique reste commune tout en prenant en compte les spécificités de chaque État. Pierre Bascou partage cet avis et ajoute que dans une politique commune tout ne doit pas se décider à Bruxelles.

Toutefois, Jean-Pierre Raynaud, président de la commission agriculture, alimentation et forêt de l’association des Régions de France, se méfie de cette simplification et attend des clarifications quant au rôle des régions dans la mise en œuvre du second pilier, il note également que la politique pourra créer des distorsions entre les régions. Une partie des intervenants a donc exprimé ses craintes pour la santé financière des exploitations européennes.

Donner aux agriculteurs les moyens d’investir

«Nous nous inquiétons pour le revenu des agriculteurs, la PAC doit leur permettre d’évoluer dans leurs pratiques en leur fournissant des revenus suffisants», a affirmé Michel Dubromet, président de France Nature Environnement, lors de la seconde table ronde, consacrée aux enjeux environnementaux et climatiques. Les intervenants se sont accordés à dire que les exploitations devaient être en bonne santé pour effectuer des transitions vertueuses.

«La PAC doit donner aux agriculteurs les moyens d’investir dans la transition écologique», insiste Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la Creuse. Pour Luc Servant, agriculteur, président de la chambre d’agriculture de Charente-Maritime, président de la commission économie de l’APCA, il faut donner une vision plus positive de l’agriculture aux citoyens en reconnaissant les services rendus par les agriculteurs et en les rémunérant.

Côté calendrier, Pierre Bascou espère que l’Europe arrivera à un accord politique avant le printemps 2019 et donc avant les prochaines élections européennes. Jean-Baptiste Moreau, quant à lui, presse le gouvernement de ne pas se presser, «il faut se donner les moyens d’arriver à un accord politique ambitieux, un mauvais accord de la PAC, qui sera mal perçu par les agriculteurs, pourrait signer la fin de la PAC voir de l’Europe», met-il en garde.

 

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