La géopolitique s’invite au SIA
Pour une édition des retrouvailles, les organisateurs du Salon international de l’agriculture de Paris avaient espéré une ambiance plus détendue et plus joviale. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en a décidé autrement. Le président de la République, Emmanuel Macron, est cependant venu inaugurer le salon mais a été contraint d’écourter sa visite.
Arrivé vers 7h15, le chef de l’État est reparti deux heures plus tard après avoir coupé officiellement le ruban tricolore aux côtés de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, et du président du Ceneca, Jean-Luc Poulain. S’adressant aux nombreuses personnalités du monde agricole qui l’accompagnaient, le président a placé cette 58e édition sous le signe de la souveraineté agricole et alimentaire.
«Pas le Far West»
Selon lui, cette souveraineté passera par «la juste rémunération du travail», ce que les deux lois Egalim tentent de rectifier. Évoquant les négociations commerciales, il a certifié que «nous avons multiplié les contrôles par quatre. Avec le Gouvernement, nous faisons pression sur la transformation et la grande distribution. Jusqu’à la dernière minute, nous ne lâcherons rien», appelant «tout le monde à la responsabilité».
«Le marché ne doit pas être le Far West», a-t-il martelé, expliquant être soucieux de «redonner de la valeur à l’alimentation.» Cette transition s’exprimera également à travers «la transition agroécologique et climatique» que le monde agricole «mène de manière silencieuse», en faisant sa troisième révolution, numérique, robotique et génétique.
Cette souveraineté devra également tenir compte des contingences internationales, en particulier de la guerre en Ukraine. Remerciant «très sincèrement» les agriculteurs et les filières d’avoir tenu depuis deux ans «pour nourrir notre nation», d’avoir su faire face aux différentes crises (climatiques, épizooties…), il a assuré que «ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et les filières qui sont les vôtres.» Il a ainsi évoqué l’augmentation des coûts de l’énergie, l’alimentation du bétail, son coût, peut-être même la capacité à nous fournir.
«Plan de résilience»
Cette guerre «qui durera» et à laquelle il «faut nous préparer», ne sera pas non plus sans impact sur «nos exportations», a-t-il ajouté. Pour préserver cette souveraineté, le chef de l’État souhaite lancer «un plan de résilience, d’abord pour sécuriser nos filières, nos intrants, ensuite pour essayer au maximum de bâtir des boucliers en termes de coûts aux niveaux national et européen. […] Je suis attaché à ce que vous représentez, à l’agriculture, à son sol, ses productions et ses valeurs. Nous en aurons besoin», a conclu Emmanuel Macron avant d’inaugurer le Salon et de passer la main au Premier ministre, Jean Castex, et au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.