La production française de vin devrait baisser de 10%
La production viticole française est attendue en baisse dans toutes les catégories et dans la plupart des régions. Le président du conseil viticole de FranceAgriMer souhaite convaincre ses collègues vignerons de recourir à des assurances récoltes et entend préserver l’OCM spécifique du secteur.
Le président du conseil viticole de FranceAgriMer, Jérôme Despey, s’est alarmé de la faiblesse de la vendange 2016 et de ses conséquences sur l’économie des exploitations lors d’une conférence de presse organisée jeudi 25 août. «Les prévisions du service statistique du ministère de l’Agriculture sont en baisse très sensible par rapport aux prévisions de juillet (42,906 millions d’hectolitres (Mhl) contre 44,070)», a expliqué le principal interlocuteur des pouvoirs publics en matière viticole. «Encore ces chiffres sont-ils très provisoires. Je suis persuadé qu’ils devront être revus, et sans doute malheureusement à la baisse», a-t-il pronostiqué.
Le principal risque réside dans la poursuite de la sécheresse actuelle, très marquée dans le Midi de la France, mais pas seulement. «Il n’y a pas de pluies annoncées pour les prochains jours dans certaines régions et cela aura certainement un impact sur les volumes», a poursuivi Jérôme Despey. Le vigneron de l’Hérault en veut pour preuve les premières vendanges réalisées sur les blancs et rosés récoltés en Languedoc-Roussillon. «Les premiers témoignages que j’ai recueillis annoncent des poids de baies en forte diminution (de 30 à 40%)», a-t-il assuré. «Globalement, les professionnels de Languedoc-Roussillon attendent une récolte plus proche des 12 Mhl, voire en deçà, que des 12,4 Mhl annoncés par les services du ministère».
L’assurance récolte boudée
Les pertes occasionnées par le gel ou par la grêle mettent de nombreux vignerons non assurés en grave difficulté financière, ces risques n’étant pas couverts par les calamités agricoles. «Je suis particulièrement dépité de voir que, malgré le travail réalisé avec le ministère, si peu de viticulteurs ont contracté une assurance pour se prémunir contre le risque», a déploré le vigneron héraultais, dont les vignes ont été touchées par la grêle en août.
Seulement 150.000 hectares de vignes sont assurés en France, sur un total de 800.000. Le président du conseil viticole a demandé aux professionnels et au ministère de se remettre autour de la table «pour gommer les appréhensions sur le coût et l’utilité des assurances». Jérôme Despey a affirmé que «pour 70 à 80 euros» par hectare, on pouvait «sans difficulté» assurer sa récolte en IGP.
Un impact sur les trésoreries
Compte tenu de l’impact sur les trésoreries de la baisse de la vendange, Jérôme Despey a dit avoir demandé l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti et la prise en charge des cotisations sociales (et non pas le report) pour tous les viticulteurs touchés par les intempéries. En attendant, le responsable professionnel compte aussi sur la poursuite d’une conjoncture favorable aux producteurs de vins (en particulier AOP et IGP) ces dernières années. «Il n’y a aucune raison que la situation s’inverse cette année, contrairement à certaines appréhensions qui ont pu avoir cours cet été».
Dans ce contexte difficile, Jérôme Despey a appelé les professionnels à se mobiliser en 2017 pour négocier une nouvelle OCM, la programmation quinquennale des budgets actuels arrivant à échéance au 15 octobre 2018. «Les 280 millions d’euros consacrés à la restructuration du vignoble, aux investissements, à la promotion et aux prestations viniques contribuent à l’équilibre de notre secteur. Quand on voit les conséquences de la dérégulation sur d’autres secteurs agricoles, il est plus que jamais nécessaire de maintenir notre régime spécifique».
Les volumes en chute en Bourgogne, Beaujolais, Champagne et LanguedocAvec une prévision de 42,906 millions d’hectos cette année contre 47,856 récoltés en 2015, la vendange 2016 est annoncée en recul de 10% d’une année sur l’autre et de 7% sur la moyenne quinquennale. Tous les vignobles ne seront cependant pas tous logés à la même enseigne.
Ainsi, les vignobles du Bordelais (+1%) et les autres vignobles du Sud-Ouest et du Sud-Est, dont la production devrait être équivalente à la «bonne» année 2015, s’en sortiraient beaucoup mieux. |