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La reconquête de la RHD au cœur des filières avicoles

Face à une concurrence accrue à l’export et une perte de vitesse sur le segment des produits standards, la filière volaille doit repenser son positionnement. Les attentes sociétales accrues peuvent être une opportunité de différenciation, estiment les acteurs de la filière, réunis lors de l’assemblée générale de la Confédération française de l’aviculture (CFA).

La volaille est, depuis 2016, la première viande consommée dans le monde et, d’ici 10 ans, devrait représenter la moitié de la consommation. Malgré cela, la France cède du terrain, a rappelé Pascale Magdelaine, de l’Itavi, lors de l’assemblée générale de la Confédération française de l’aviculture (CFA).

«L’export a été une superbe aventure pour l’aviculture. Il y avait un marché à prendre, la France l’a pris», a expliqué Isabelle Leballeur, secrétaire générale de la CFA, qui estime qu’il faut maintenant s’adapter, notamment face à des acteurs comme le Brésil contre lesquels il est difficile, voire impossible, de rivaliser. «Les aviculteurs peuvent s’adapter mais pas tous seuls», ajoute-t-elle. Le travail en filière pourra, donc, être un véritable atout, surtout avec la volonté du Président de la République de voir toutes les filières se doter d’un plan stratégique.

Montée en gamme

Pour Jean-Michel Schaeffer, président de la CFA, la filière volaille de chair «fait figure d’excellence en matière de différenciation des produits, avec un quart de la production sous signe de qualité, labellisée ou certifiée», mais «le segment des produits standards perd tous les jours du terrain dans les rayons et surtout en restauration hors foyer». Sans compter que les importations sont nombreuses dans la restauration hors domicile (67%) ou dans l’industrie (73%).

Pour regagner des parts de marché, la filière doit, donc, mettre en avant ses atouts comme le savoir-faire français, qui est reconnu, ou l’alimentation animale de qualité. Les distributeurs ont également un rôle à jouer dans la mise en avant de l’origine France, demandée par les consommateurs, explique Hugues Beyler, de la FCD (Fédération du commerce et de la distribution). «L’image de la France peut être un vrai plus avec tout un territoire qui travaille sur cette image», ajoute-t-il.

Sur ce sujet, la généralisation, à l’échelle européenne, de l’étiquetage obligatoire de l’origine des viandes dans les produits transformés est indispensable pour la CFA. Pour Dominique Brézet, du SNRC (Syndicat national de la restauration collective concédée), «il faut nous donner les moyens de payer cette qualité qu’on demande à l’amont», car «les clients veulent de plus en plus de qualité mais payer de moins en moins cher ce qu’il y a dans l’assiette».

Un milliard d’euros d’investissements

Pour aller vers davantage de bien-être animal et de durabilité, des investissements sont, en effet, à effectuer au niveau des élevages. Les grands axes du plan stratégique de la filière, présentés par Jean-Michel Schaeffer, évaluent à un milliard d’euros, sur cinq ans, les besoins «via une augmentation des plans de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) et un fléchage d’une partie du plan de 5 milliards annoncé par le gouvernement».

Ces investissements doivent permettre, entre autres, la modernisation des bâtiments, mais aussi celle des abattoirs et des couvoirs, des pactes d’engagement entre les partenaires pour donner de la visibilité aux éleveurs, et une stabilité qui redonne de l’attractivité au métier.

Grâce à ce travail, la filière pourrait ainsi monter en gamme sur les segments de marché standards, en perte de vitesse, mais également sur l’export pour lequel «l’État doit accompagner les entreprises aujourd’hui en difficulté pour leur permettre de passer ce cap d’adaptation de leur modèle économique. C’est l’avenir de territoires qui est en jeu», insiste le président de la CFA. Malgré la définition d’un plan stratégique, la filière volailles de chair n’a toujours pas réussi à mettre en place une interprofession pour défendre ses enjeux. «Les États généraux de l’alimentation pourraient être un élément déclencheur», espère Jean-Michel Schaeffer.

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