La réintroduction de l’ours dans les Pyrénées avance à pas de loup
Vendredi 1er juillet, 250 éleveurs de montagne s’étaient spontanément donné rendez-vous devant la préfecture de région de Toulouse où le Comité de massif, qui se tenait le même jour, devait statuer sur le projet de renforcement de la population ursine dans les Pyrénées. La réponse des éleveurs est sans ambiguïté: «C’est non!».
Le Comité de massif des Pyrénées s’est réuni le vendredi 1er juillet dernier à Toulouse. À cette occasion, il devait notamment statuer sur le projet de réintroduction de l’ours dans les Pyrénées. On sait notamment que le conseil régional de la Nouvelle Aquitaine soutient l’idée d’un renforcement par le lâcher de deux ours en Béarn.
Un nouveau projet qui sème, une fois de plus, la discorde. Afin de faire entendre leur opposition, 250 agriculteurs avaient fait le déplacement dans la ville rose à l’appel de l’ADDIP (Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées qui fédère les associations départementales de défense du patrimoine montagnard), des FDSEA et JA du massif.
«Les éleveurs, qui vivent en montagne et de la montagne, n’ont même pas été consultés sur ce projet, tonne Sébastien Uthurriague, président de la commission montagne de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques. Cela montre toute la considération pour cette profession dont fait preuve le ministère de l’environnement». Le syndicaliste fustige également «une certaine complicité de quelques acteurs du tourisme ou encore de quelques élus locaux» qui sert les desseins du ministère de Ségolène Royal.
Cinq élus des Pyrénées-Atlantiques aux abonnés absents
Le vote s’est déroulé à bulletin secret. Sur les 61 membres qui composent le Comité de massif, seuls 31 avaient fait le déplacement, soit juste le nombre nécessaire pour atteindre le quorum. Aucune position claire n’est ressortie de cette consultation: 15 voix favorables à la réintroduction de l’ours, 15 contre et une abstention. «Par cette position, ô combien courageuse, les représentants des Pyrénées laissent le soin au ministère de l’environnement de trancher la question», note Sébastien Uthurriague.
Le représentant de la FDSEA s’irrite également du comportement des représentants politiques des Pyrénées-Atlantiques: «Alors que notre territoire est concerné en premier lieu par ce projet, sur les sept élus qui siègent au Comité de massif, seuls deux ont fait le déplacement, à savoir Andde Saint Marie et André Berdou». Deux élus qui se sont positionnés pour le projet de réintroduction. «Si la FDSEA condamne leur position, nous ne pouvons excuser cette désertion générale des autres élus qui ont tous trouvé d’autres préoccupations plus importantes ce jour-là. L’avenir du pastoralisme, de l’agriculture de montagne et de ce territoire ne doit pas être leur préoccupation première».
La décision appartient au ministère
La balle est maintenant dans le camp de Ségolène Royal qui avait indiqué qu’elle suivrait l’avis du Comité de massif. Et les partisans de la réintroduction voient dans ce vote nul un signal positif pour lancer le projet. «La FDSEA et les représentants des éleveurs de montagne n’en resteront pas là, prévient Sébastien Uthurriague. Ils continueront à défendre leur position et à s’opposer à toute réintroduction d’ours. Le pastoralisme n’est pas compatible avec la présence de ces prédateurs comme le montrent les dégâts ces jours-ci dans le secteur de Sainte-Engrâce ou dans les Hautes-Pyrénées».
D’ailleurs, ce mercredi 6 juillet, une réunion de la commission montagne de la FDSEA était entièrement consacrée à ce sujet. En collaboration avec la Fédération transpyrénéenne des éleveurs de montagne, la FDSEA a décidé de faire signer une pétition aux éleveurs transhumants «afin de démontrer, contrairement à ce qu’affirment les promoteurs de la réintroduction d’ours, que les montagnards sont massivement contre toute réintroduction».
Pressions et chantages
De même, si certains rares élus se sont clairement positionnés, «il va leur être demandé de prendre des motions sans ambiguïtés sur ce sujet». Enfin, «il faut pouvoir affirmer nos positions, les faire connaître lors des manifestations qui rassemblent du public et sont médiatisées», précise la FDSEA. De multiples actions seront organisées cet été.
Sébastien Uthurriague dénonce enfin les pressions exercées sur les éleveurs: «Certains recommencent à faire du chantage sur les aides au pastoralisme pour mieux nous faire accepter l’idée de vivre avec l’ours, mais nous ne rentrerons pas dans ce jeu. Les aides au gardiennage ou aux améliorations pastorales ne doivent en aucun cas servir de monnaie d’échange, nous ne l’accepterons pas».
M. A.