La réintroduction de l’ours est «une déclaration de guerre»
Alors que le ministre de la Transition écologique et solidaire annonçait, ce jeudi 20 septembre, au cours d’une réunion à la préfecture à Pau, la réintroduction de deux ourses avant le mois d’octobre, l’Addip organisait une conférence de presse à Asasp-Arros, à la ferme du Payssas.
Ce rendez-vous des éleveurs pyrénéens était placé sous très bonne garde… Des gendarmes — venus de Mont-de-Marsan — avaient, en effet, installé des check-points à tous les carrefours donnant accès à l’exploitation. Équipés de gilet pare-balles, ils avaient pour mission de relever les identités de toutes les personnes (y compris les journalistes) se rendant à la conférence de presse, de fouiller les voitures et de noter les plaques d’immatriculation. «On liste ceux qui se rendent à ce rendez-vous», explique un gendarme.
«S’il faut sortir les armes…»
À l’heure de la conférence de presse, l’image est symbolique. La mise en scène forte de sens. Posés devant la table, quatre fusils. Derrière 250 éleveurs qui font bloc. Juché sur une chaise, Olivier Maurin, coprésident de l’Addip, délivre son message, sans détour : «François de Rugy n’a donc pas d’autre priorité que de lâcher des ours dans les Pyrénées. Qui c’est qui fait de l’écologie au quotidien ? Un ministre en hélicoptère ou nous, bergers et éleveurs, qui pratiquons l’agriculture au bilan carbone le plus vertueux de France.»
L’éleveur dénonce également «l’incapacité de l’État à protéger les troupeaux en Ariège, où les deux ours présents en 2006 sont devenus 41 en 2018» et «les pseudo-discussions et autres sondages ou consultations bidons», rappelant que plus de cent maires de montagne se sont positionnés contre la réintroduction, tout comme l’immense majorité des éleveurs, le conseil départemental, les députés des Pyrénées-Atlantiques et les syndicats agricoles majoritaires. «Par tous les moyens, nous défendrons le pastoralisme et notre droit de travailler en montagne, conclut Olivier Maurin. Les ours n’ont plus leur place dans nos territoires. S’il faut sortir les armes pour se faire entendre, alors on les sortira.»
«S’il faut crever, on crèvera debout»
Prenant la parole publiquement «pour la dernière fois», l’autre coprésident de l’Addip, Jean-Pierre Pommies a exprimé sa colère. «Pendant 15 ans, on a tout essayé pour expliquer à tous les ministres et à tous les préfets qui se sont succédés que les prédateurs n’étaient pas compatibles avec notre élevage en montagne. Aujourd’hui, c’est terminé, chacun doit prendre ses responsabilités. Maintenant courage à tout le monde. Fini le bla-bla ! S’il faut crever, on crèvera debout.»
Présents à ce rassemblement, les responsables de la FDSEA ont redit leur opposition à la réintroduction. «Le combat continue tant qu’ils ne sont pas là», assure Jean-François Lacazette, vice-président de la commission montagne. «Le gouvernement et le ministre n’ont pas évalué l’ampleur de la détresse et du désarroi des éleveurs, poursuit le président du syndicat, Bernard Layre. Le véritable sujet aujourd’hui, c’est d’éradiquer le loup-hybride qui décime des brebis tous les jours. Le renforcement de l’ours est une hérésie et un simple support électoral dans une période où le gouvernement touche le fond dans les sondages. Je crains que cette exaspération des éleveurs déclenche une révolte».
Y. Allongue