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L’abattoir de Hagetmau en sursis

La volonté de la mairie de Hagetmau de stopper l’exploitation de son abattoir municipal, en raison de l’arrêt vraisemblable des apports par la société Baillet.

file-La volonté de la mairie de Hagetmau de stopper l’exploitation de cet outil municipal relance le dossier de la reprise via la Communauté de communes.
La volonté de la mairie de Hagetmau de stopper l’exploitation de cet outil municipal relance le dossier de la reprise via la Communauté de communes.

La rumeur, selon laquelle la mairie de Hagetmau aurait l’intention de fermer son abattoir municipal dès la fin du mois de février, court depuis plusieurs jours. Cette décision serait liée au départ de son principal client, la société Baillet. L’abattoir chalossais est le dernier des Landes à être géré sous la forme d’une régie municipale et à disposer d’une chaîne pour les porcs. Il a traité un peu plus de 4.000 tonnes de viandes l’an dernier et emploie une quinzaine de salariés.

Le maire, Serge Lansaman, confirme cette annonce. «J’avais déjà prévenu, il y a deux ans, que la situation était plus que précaire. On a passé deux années avec des déficits conséquents de 200.000 euros, en 2015 et 2016. En 2017, on a équilibré en resserrant les boulons de manière drastique. C’était un tour de force. En 2018, on a dégagé un très léger excédent mais grâce à une recette exceptionnelle. Quand le client qui représente la moitié des volumes vous annonce subitement qu’il va se retirer, la situation devient intenable. Les frais fixes s’amortissent sur les volumes. Je ne peux mettre en péril les finances de la commune pour porter à bout de bras un établissement qui est déjà structurellement déficitaire». Le maire explique avoir alerté les pouvoirs publics de sa démarche aussitôt après avoir été averti de la volonté des dirigeants de la société Baillet.

Les établissements Baillet, installés à Hagetmau eux aussi, sont spécialisés dans la transformation de viande de porcs. Un pan de leur activité concerne la commercialisation de produits frais, un autre celui de salaisons à plus forte valeur ajoutée. Depuis 2015, la structure a rejoint le giron du groupe Agour, dont l’activité historique repose sur la production de fromages de brebis à Hélette (64). Son P.-D.G., Peio Etxeleku, ne nie pas la tenue d’une discussion avec la mairie de Hagetmau à propos de projets stratégiques concernant les établissements Baillet.

«On a indiqué que nous étudions différentes évolutions» indique le dirigeant de la société. Il assure toutefois qu’aucune décision n’est prise à ce jour. «Moi-même, je ne sais pas sur quoi cela va déboucher, ni quand, ni comment. Une chose est sûre : on veut continuer à travailler durablement sur Hagetmau pour développer les produits à valeur ajoutée». Reste que si les apports des établissements Baillet venaient à s’arrêter, au travers de la cession des activités liées à la viande fraîche par exemple, l’abattoir serait effectivement amputé de près de 50% de son activité. Dans ce contexte, son avenir apparaît donc très incertain.

«Un outil nécessaire»

La chambre d’agriculture des Landes s’inquiète du sort des éleveurs dépendant de cette structure et du devenir des salariés du site. «Une fermeture représenterait un véritable coup dur supplémentaire pour toute la filière bovine landaise et notamment la filière de qualité bœuf de Chalosse, a-t-elle fait savoir dans un communiqué. Au-delà des éleveurs, c’est l’ensemble du tissu économique départemental qui sera impacté : bouchers, artisans, acteurs des circuits courts…».

L’abattoir chalossais traite une partie importante de la production de bœuf de Chalosse, avec deux apporteurs principaux. Il faut y ajouter les animaux issus de plusieurs bouchers abatteurs ainsi que de clients particuliers. De plus, ce site est désormais le seul dans la région à pratiquer encore des abattages d’urgence. «C’est un outil de proximité qui répond à un besoin réel, confie Jean-Pierre Planté, président de la commission bovine de la chambre d’agriculture. Il y a une somme d’apporteurs qui ne présentent pas forcément de gros tonnages, individuellement, mais qui ensemble constituent un besoin. Tous ceux avec lesquels on a discuté souhaitent que l’abattoir reste».

La chambre d’agriculture a sollicité la mise en place d’une cellule de crise. Une demande a été portée auprès du préfet des Landes pour réunir d’urgence, sous son autorité, l’ensemble des parties prenantes de ce dossier «afin de connaître la situation exacte de cet abattoir et d’étudier les divers scénarios possibles pour l’avenir». Toute fermeture de l’outil entraînerait la perte immédiate de son agrément. La préfecture annonce que les choses sont «en cours de calage». Une réunion devrait intervenir en milieu de semaine prochaine, semble-t-il.

Les regards se tournent maintenant vers la communauté de communes Chalosse-Tursan. Ces dernières années, celle-ci a piloté une réflexion pour la reprise de l’outil. «Avant cet épisode, on a effectivement regardé comment il était possible de faire évoluer cet outil en concertation avec la mairie et différents partenaires, confirme son président, Marcel Pruet. Ce travail n’a pas pu aboutir jusqu’à présent».

Vers la création d’une SCIC

Les événements récents réactivent ce projet qui était encore sur la table à l’automne dernier. Le schéma imaginé repose sur la transformation de la régie municipale en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), réunissant la collectivité mais aussi les salariés, les apporteurs et les partenaires qualifiés tels que les chambres consulaires, les associations de producteurs… «Si quelque chose se fait, ça se fera dans ce format-là, affirme Marcel Pruet. On est en train de revenir auprès des partenaires. Mais, il y a des éléments que l’on ne maîtrise pas, à commencer par les délais».

Un redimensionnement du projet va s’avérer nécessaire. «La question de la viabilité des équipements, avec le niveau d’activité qui pourra être maintenu, va devoir être posée. Comment revenir à des équilibres durables, sachant que l’on parle de perdre la moitié des volumes ? On va regarder cela, avec le cabinet d’audit avec lequel on a déjà travaillé». De son côté, Serge Lansaman se dit prêt à assurer une transition. «L’objectif avec la date de fin février était de susciter un électrochoc. S’il faut tenir quelques mois de plus pour assurer la transmission avec un projet redimensionné, on le fera bien sûr».

Fabien Brèthes

 

 

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