L'affaire de densité qui finit bien dans la filière foie gras (64)
Évelyne Revel, présidente de la section avicole de la FDSEA et de l'association départementale foie gras, se félicite de la réponse préfectorale concernant l'élevage des canards prêts à gaver en zone vulnérable.
En réponse aux demandes répétées de la profession, le préfet des Pyrénées-Atlantiques Philippe Rey vient d'apporter des précisions sur la conduite d'élevage des canards prêts à gaver en zone vulnérable. Ce courrier, daté du 11 mai, confirme « la reconnaissance environnementale de l'alimentation à l'intérieur des bàtiments ». Explications avec Évelyne Revel, responsable de la section avicole de la FDSEA et de l'association départementale foie gras
Que dit précisément le courrier de M. Rey et en quoi vous satisfait-il ?
Évelyne Revel » Ce courrier est complémentaire des arrêtés préfectoraux des 21 et 28 décembre 2009, lesquels fixent, entre autres dispositions, les densités maximales à respecter dans les parcours de palmipèdes prêts à gaver (PAG) en fonction du type d'alimentation et d'abreuvement. Nousavions mis l'accent sur le cas particulier de conduite d'élevage mixte dans lequel l'alimentation est à l'intérieur et l'abreuvement se situe à la fois « dedans et dehors ». Ce mode d'élevage a le mérite de concilier le bien-être des animaux et la récupération d'une partie des effluents. Le courrier de M. le préfet indique que, dans la mesure où un dispositif d'abreuvement existe à l'intérieur, on peut considérer que ce mode de conduite de la catégorie « cas d'alimentation et d'abreuvement en intérieur » : la densité maximale possible est de 5 932 têtes par hectare et par an. Cette réponse nous satisfait pleinement car elle annule la réduction drastique de densité qu'aurait entraînée le projet de réglementation contre lequel nous sommes mobilisés depuis de nombreux mois
Quel impact aurait eu le projet que vous dénonciez ?
E. R. » La chambre d'agriculture a monté un dossier chiffrant à la fois l'impact environnemental du mode d'élevage mixte mais aussi l'incidence économique qu'aurait eue l'arrêté pour les exploitations des zones concernées (Gave de Pau et Nord-est du département). Notre argumentaire mettait en avant aussi l'incohérence d'une telle mesure vis-à -vis de départements voisins : les Hautes-Pyrénées en l'occurrence. Ainsi, nous avons pris le cas d'un élevage de 20 000 PAG avec alimentation à l'intérieur et abreuvement à l'extérieur, soit 5 bandes de 4 000 PAG par an sur 4 hectares. Si nous n'étions pas intervenus, la densité maximale autorisée aurait été de 3 932 PAG par hectare, soit 15 728 pour 4 hectares (au lieu de 20 000). Cette diminution de 4 272 PAG par an aurait entraîné un manque à gagner pour le producteur de près de 6 000 euros par an ! Cette perte est d'autant plus dommageable qu'elle aurait pénalisé des éleveurs ayant déjà réalisé des bàtiments et elle aurait dissuadé tous ceux qui envisageaient un tel investissement destiné précisément à diminuer la pression environnementale En quoi votre mobilisation a-t-elle consisté et quel enseignement en tirez-vous ? E. R. » En fait, nous étions d'accord avec le projet initial. Mais l'administration en a modifié la rédaction de telle sorte que le nombre de canards maximal autorisé s'en trouvait fortement diminué. Face à cette situation, nous (N.D.L.R. : FDSEA et chambre d'agriculture) avons immédiatement réagi et multiplié les démarches auprès des instances compétentes : service de l'eau, DDTM, préfecture, mais aussi ministère. Nous avons en effet profité de la venue de Bruno Le Maire le 27 mars à Bayonne pour lui faire part de nos inquiétudes en la matière. Le ministre de l'agriculture avait pris bonne note de notre revendication et de nos arguments. Il avait clairement indiqué son souhait de « ne pas voir se rajouter une couche supplémentaire de contrainte départementale ». Restait toutefois à convaincre les instances départementales. C'est désormais chose faite, ce dont je me réjouis au nom des éleveurs et de toute la filière Propos recueillis par Guy Mimbielle Pour tout renseignement complémentaire, contacter la FDSEA au 05 59 30 80 40 ou bien le service avicole de la chambre d'agriculture (Caroline Corsi) au 06 85 30 22 87.