L’agriculture absente du discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen
L’intervention de la présidente de la Commission européenne a été dominée par la situation en Ukraine et son impact sur les prix de l’énergie.
L’intervention de la présidente de la Commission européenne a été dominée par la situation en Ukraine et son impact sur les prix de l’énergie.
Pourtant largement d’actualité, entre les conséquences de la guerre en Ukraine et la sécheresse qui a frappé cet été une grande partie de l’Europe, les sujets de la sécurité alimentaire et de l’agriculture n’ont pas du tout été mentionnés par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans son discours annuel sur l’état de l’Union, prononcé le 14 septembre devant le Parlement européen à Strasbourg. Elle les a seulement évoqués dans un deuxième temps, en réponse aux questions qui lui ont été posées sur le sujet par certains eurodéputés, se contentant de rappeler les mesures déjà prises par l’UE depuis le début de la guerre en Ukraine (déblocage de la réserve de crise agricole, dérogations aux règles du verdissement…).
Cette absence des sujets agricoles a étonné de nombreux observateurs et notamment l’eurodéputé social-démocrate Éric Andrieu : «Pas la moindre référence à l’enjeu agricole et alimentaire ? C’est complètement fou», réagit-il. La faute, selon lui, à un commissaire européen à l’Agriculture totalement absent qui n’a pas su imposer ses sujets à l’agenda. Sarcastique, Éric Andrieu a lancé un «avis de recherche» du commissaire «disparu depuis 2019».
«La question de la sécurité alimentaire et de l’accessibilité des aliments méritait au moins d’être mentionnée au même titre que les questions énergétiques ! Manger sera aussi important que se chauffer cet hiver», a de son côté commenté Christiane Lambert, la présidente du COPA (organisations agricoles de l’UE).
Tout pour l’énergie
Le discours de la présidente de la Commission européenne a été dominé par la question de la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les prix de l’énergie. Quelques heures plus tard, Bruxelles a d’ailleurs dévoilé une proposition de règlement prévoyant trois grandes mesures d’urgence destinées à atténuer l’impact des prix élevés de l’électricité sur les ménages et les entreprises. Le texte prévoit de : plafonner les revenus des producteurs d’électricité ayant un coût inférieur au prix de gros du marché ; d’introduire une «contribution de solidarité temporaire» pour redistribuer une partie des profits exceptionnels de certaines entreprises d’énergies fossiles ; et d’établir des objectifs de réduction de la demande d’électricité. Une réduction de la demande qui s’applique aussi aux engrais : «Moins nous utilisons de fertilisants à base de combustibles fossiles, moins nous sommes dépendants des importations de combustibles fossiles.»
De plus, la Commission européenne entend également poursuivre ses travaux sur la révision des règles de l’UE relatives au marché intérieur de l’électricité, en vue de présenter une proposition législative début 2023. Objectif, a indiqué Ursula von der Leyen : découpler les prix de l’électricité de «l’influence dominante du gaz.»