L’agriculture, le maillon faible des négociation UE/USA
Selon une étude du département américain de l’agriculture, l’impact d’un accord bilatéral (TTIP/TAFTA) pour le secteur agricole serait très positif pour les États-Unis, nettement moins pour l’Union européenne.
Une étude du service de recherche économique du département américain de l’agriculture (USDA) tente d’évaluer, sur la base de trois scénarios, l’impact d’une libéralisation des échanges agricoles dans le cadre du partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) actuellement en négociation, et conclut, globalement, à des résultats positifs pour les États-Unis et très modestes, voire négatifs, pour l’UE. Les auteurs soulignent l’importance des barrières sanitaires, tout en envisageant l’hypothèse que leur suppression ait peu d’effets sur le commerce si le consommateur préfère, en conséquence, s’approvisionner localement.
Si les droits de douane et les contingents tarifaires des deux parties sont abolis (scénario 1), les exportations agricoles des États-Unis vers l’UE s’accroissent de 5,5 milliards de dollars par rapport à l’année de base 2011, celles de l’UE vers les États-Unis de 800 millions, estime l’étude de l’USDA. Globalement, compte tenu des réorientations de production induites par le libre-échange entre les deux parties, les exportations américaines vers toutes les destinations progressent de 2% et les importations de toute origine de 1%, tandis que les exportations totales de l’UE diminuent de 0,25% et ses importations progressent de 0,5%.
Abolition des droits de douane
Les secteurs dans lesquels les exportations américaines vers l’UE augmentent le plus sont ceux de la viande bovine (+ 685%) et des produits laitiers (+ 206% pour le beurre), tandis que, dans l’autre sens, ce sont surtout les exportations européennes d’huile végétale et du fromage qui progressent, mais dans des proportions moindres. L’étude remarque que les gains plus importants enregistrés par les États-Unis s’expliquent par le fait que l’Europe impose actuellement des droits de douane plus élevés.
Si, comme les droits de douane et les contingents, les principales mesures non tarifaires (sanitaires et phytosanitaires, techniques) sont également supprimées (scénario 2), les exportations américaines vers l’UE enregistrent un supplément d’augmentation de 4,1 milliards de dollars par rapport au scénario 1 (2,4 milliards pour le porc), celles de l’UE vers les États-Unis un supplément de 1,2 milliard de dollars (495 millions pour les fruits, 613 millions pour les légumes). Les exportations de volailles des États-Unis vers l’UE progressent sensiblement en pourcentage, mais de seulement 18 millions de dollars en valeur, leur niveau de départ étant peu élevé.
Quid des consommateurs
Globalement, les exportations américaines vers toutes les destinations, de même que les importations de toute origine, progressent d’un pourcentage équivalant au double de celui du scénario 1, tandis que les exportations totales de l’UE déclinent et ses importations augmentent de 1%. Enfin, si les effets éventuels de l’abolition des mesures non tarifaires sur la demande du consommateur sont pris en compte (scénario 3), c’est-à-dire si celui-ci préfère acheter des aliments produits localement au détriment de leurs équivalents importés, «les gains à l’exportation sont plus faibles à la fois pour les États-Unis et l’UE». Qui plus est, «ces effets collatéraux sur la demande pourraient effacer tous les bénéfices de la suppression des principales mesures non tarifaires».
Globalement, conclut l’étude, «les gains en exportations bilatérales et en exportations nettes résultant du TTIP entraînent des augmentations de production dans de nombreux secteurs aux États-Unis. Certaines productions américaines sont en diminution du fait de la concurrence au niveau des ressources disponibles. L’augmentation des exportations agricoles provoque aussi des hausses des prix agricoles intérieurs. Du côté de l’UE, l’accroissement des importations se traduit par une baisse des prix agricoles».
Et, selon les auteurs, «les PNB américain et européen progressent en liaison avec le TTIP, avec un taux plus élevé pour l’UE dû largement aux gains d’exportation pour les produits non agricoles et à des prix plus bas pour les importations. Les modifications de PNB sont modestes pour les deux parties, un tiers de pourcentage ou moins».
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