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L’agriculture a toujours besoin de recruter

Dans le défi français de la baisse du chômage, les filières agricoles et alimentaires ont un rôle à jouer. Leurs responsables professionnels se sont sentis concernés à plus d’un titre par le plan qu’a annoncé le Chef de l’État le 18 janvier. Un François Hollande qui n’a pas hésité à citer l’agriculture.

file-Les métiers de la viande souffrent d’une mauvaise image. Dans le secteur de la transformation, les emplois sont bien présents mais rarement pourvus.
Les métiers de la viande souffrent d’une mauvaise image. Dans le secteur de la transformation, les emplois sont bien présents mais rarement pourvus.

La situation de l’emploi en agriculture peut paraître paradoxale. Ce secteur, qui peine à recruter, n’est pas — lorsqu’il est pris dans son ensemble et sur un temps long — un réservoir d’emploi pour la Nation. C’est même l’inverse. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, le nombre d’actifs en agriculture est passé de 1,319 million à 854.100 entre 2000 et 2013, soit une baisse de plus d’un tiers!

Cette érosion s’observe aussi bien chez les exploitants que chez les salariés. Toutefois, elle est plus marquée chez les exploitants et les co-exploitants (- 20,9% entre 2000 et 2010), dont la diminution suit peu ou prou celle des exploitations (- 26% sur la même période). Si bien qu’entre 2000 et 2010, la part des salariés a augmenté de 5 points, pour atteindre 17,5%. En valeur absolue, la baisse du nombre d’actifs salariés atteint 7% entre 2004 et 2014, selon les comptes de la MSA.

Les filières animales en pointe

Cela ne veut pas dire que l’agriculture ne recrute pas. Si le nombre de salariés diminue globalement, les disparités entre filières sont impressionnantes. En élevage de gros animaux (porcs, bovins, ovins…), le nombre de salariés a augmenté de 50% entre 2004 et 2014, selon les chiffres de la MSA. Une augmentation «en lien avec l’agrandissement des exploitations, les contraintes sanitaires de plus en plus fortes et la mise aux normes des exploitations, ainsi que la fin des quotas laitiers en mars 2015», explique l’Association nationale pour l’emploi en agriculture (Anefa).

En revanche, dans les cultures spécialisées (horticulture, maraîchage et arboriculture), le nombre de salariés a baissé de 15% sur la même période. Et ce sont des secteurs très pourvoyeurs d’emplois salariés: les salariés et saisonniers réalisent 40% du volume de travail en horticulture.

Perspectives positives dans les coops

Certains secteurs d’approvisionnement ou de transformation ont, par contre, besoin d’emplois supplémentaires. «Sur le périmètre coopératif, la tendance est à la création d’emplois», avance Emmanuel Paris, directeur des affaires sociales chez Coop de France, signalant des effectifs en progression à 165.000 salariés (+1,52%) en 2014.

100.000 personnes doivent être recrutées en CDI dans l’ensemble de la filière alimentaire entre 2014 et 2016, selon l’accord pour le développement des compétences et de l’emploi du 19 octobre 2015 entre l’ANIA (industriels), Coop de France et la CGAD (détaillants). Cela inclut 50% de jeunes de moins de 30 ans et 5,5% de seniors de plus de 50 ans. «Les coopératives agricoles ont une vision assez positive des perspectives de recrutement pour 2016, précise Emmanuel Paris. 71% envisagent une stabilité des effectifs et 16% une hausse, d’après leur auto-déclaration 2015».

1.500 postes non pourvus dans l’agroéquipement

Autre domaine ayant besoin de recruter, l’agroéquipement. En 2015, 1.500 postes n’ont pas été pourvus dans l’industrie de la machine agricole. Pourtant, la même année, 58% des industriels et 65% des distributeurs ont recruté. Pour 2016, 52% des industriels et 47% des distributeurs prévoient d’embaucher, selon la dernière enquête du Syndicat national des entreprises de service et de distribution du machinisme agricole (Sedima). Raphaël Lucchesi, président du Sedima, fait encore et toujours le même constat: «Il reste toujours aussi difficile de recruter». Le nombre de candidats est insuffisant et cela freine les recrutements pour 35% des industriels et 27% des distributeurs.

Le niveau de compétence est aussi mis en cause (20% des industriels et 28% des distributeurs), comme l’insuffisance du niveau d’expérience (11% des industriels et 18% des distributeurs). «Il existe une vraie problématique de renouvellement de poste liée aux futurs départs en retraite. Les entreprises cherchent absolument à garder leurs compétences», constate Raphaël Lucchesi.

Difficultés pour recruter

Dans le secteur de la transformation des viandes, là aussi, les emplois sont bien présents mais rarement pourvus. Les métiers de la viande souffrent d’une mauvaise image. Philippe Le Coz, directeur général d’Euroviande Service (EVS), leader français de la prestation de services dans les industries de la filière viande, le confirme.

Aussi son entreprise a noué un partenariat avec Pôle emploi afin de faciliter le recrutement. Par an, EVS embauche 300 personnes sur toute la France. «Nous présentons l’entreprise et les possibilités d’évolution au cœur du groupe. Les gens se positionnent ou pas par la suite», explique-t-il. Ils passent des tests d’aptitude au travers de la méthode de recrutement par simulation (MRS), un entretien de motivation et une formation de 12 semaines en partenariat avec Pôle emploi. Puis, ils sont embauchés en CDI avec un contrat de professionnalisation. «Sur 1.000 débutants, 65% seront embauchés en CDI, avec un taux de maintien dans les deux ans de 70%», affiche Philippe Le Coz.

Il évoque le fort turn-over dans le métier. «Ces profils sont convoités. À charge des employeurs de faire ce qu’il faut pour garder leurs salariés», observe-t-il. Il faut effectivement du temps pour former à ces métiers. Avec les départs à la retraite, «les recrutements d’aujourd’hui préparent l’entreprise de demain» et surtout le transfert de compétence, selon lui.

En parallèle, Culture Viande, le syndicat des industriels de la viande, a présenté l’année dernière plusieurs vidéos sur les métiers de la viande, toujours présentes sur son site internet, afin de redonner une meilleure image et d’attirer les jeunes. On y voit Mathilde, 24 ans, embauchée à la suite d’une candidature spontanée ou encore Nathalie et Séverine qui ont rapidement évolué dans leur entreprise.

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