L’APCA crée un réseau national pour favoriser les projets alimentaires territoriaux
Les chambres d’agriculture viennent de lancer, avec l’association Terres en villes, le 14 juin, le «réseau national pour un projet alimentaire territorial co-construit et partagé». L’objectif: favoriser la multiplication de projets alimentaires territoriaux (PAT), qui visent à développer l’agriculture locale tout en relançant l’économie des territoires.
Introduits dans la loi d’avenir agricole du 13 octobre 2014, les projets alimentaires territoriaux (PAT) mettent en relation les différents acteurs d’un territoire (collectivité, agriculteurs, acteurs de l’économie sociale et solidaire, chercheurs…) dans le but de développer des initiatives qui rapprochent la production et la consommation locales (approvisionnement local dans la restauration collective par exemple). Depuis leur création, soixante PAT ont déjà été recensés, cependant, les initiatives restent encore isolées.
L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) a donc décidé de jouer le rôle de «rassembleur» et de contribuer à ce que ces initiatives «tous azimuts aux quatre coins de la France» soient réunies autour «d’un projet national commun», indiquait Jean-Louis Cazaubon, vice-président de l’APCA, le 14 juin dernier, à l’occasion du lancement du Réseau national pour un projet alimentaire territorial co-construit et partagé (RnPAT). Les chambres d’agriculture ambitionnent de mettre en place un PAT par département d’ici la fin de l’année 2017 et le ministère de l’agriculture, qui soutient l’APCA dans sa démarche, espère en compter 500 à l’horizon 2020.
Faire rencontrer l’offre et la demande alimentaires
Mobilisant des fonds privés des partenaires potentiels et des fonds publics (crédits du Feader, des collectivités ou du ministère de l’agriculture via le programme national pour l’alimentation), les PAT suivent une procédure précise. D’abord, l’établissement d’un «diagnostic de territoire», souvent réalisé par des universitaires. Il s’agit de croiser la demande alimentaire sur un territoire défini (en restauration collective, mais également la restauration privée) avec l’offre alimentaire sur ce même territoire (producteurs locaux, commerce de proximité, marchés, acteurs de la transformation…) et d’étudier si l’offre rencontre la demande.
Dans un second temps, différents scénarios pour permettre une bonne rencontre de l’offre et de la demande sont définis, avec leurs leviers d’action pour y parvenir. Enfin, le PAT comprend une phase de mise en œuvre, une fois le meilleur scénario de relocalisation de l’alimentation choisi par tous les acteurs du territoire parties prenantes au PAT.
Une soixantaine de PAT en cours a déjà été recensée en France: drive fermier, approvisionnement local des cantines scolaires, des restaurants d’entreprises ou même des festivals culturels, projets d’agriculture urbaine… L’atout de ces projets, comme leur grande difficulté, témoignent les précurseurs des PAT, réside dans la diversité des acteurs et des politiques qui interagissent: agriculture, aménagement du territoire, environnement, santé, urbanisme, social, emploi. Car les PAT, à travers leur démarche de relocalisation de l’alimentation, doivent relancer la production agricole d’un bassin de vie, tout en créant de l’activité économique et de l’emploi.
L’écopole alimentaire d’Audruicq (Pas-de-Calais) par exemple a consisté en l’acquisition, par la communauté de communes, d’un ancien corps de ferme qui accueille aujourd’hui une activité d’insertion professionnelle par la production alimentaire en bio et un laboratoire de transformation de légumes, ouvert aux producteurs du secteur. La distribution est assurée par la vente directe.
«Ancrer toute la chaîne alimentaire»
Les PAT s’appuient aujourd’hui majoritairement sur des systèmes de circuits courts/vente directe. Mais l’APCA veut aller plus loin: intégrer la transformation et les grandes surfaces dans les PAT. Le but est «d’ancrer toute la chaîne alimentaire sur le territoire», explique Jean-Louis Cazaubon qui déplore par exemple qu’«à Toulouse, 80% de la viande consommée ne viennent pas de la région, alors qu’en Aveyron, il y a plus de vaches que d’Aveyronnais!».
Et lorsque la viande est locale, il n’est pas rare qu’elle ait traversé la France entière pour la phase d’abattage. «Il y a des outils à mettre en place, à l’échelle locale: abattoir, chaîne de découpe et transformation» explique le vice-président de l’APCA. Les PAT sont «une piste pour aménager le territoire de manière différente» et permettre aux agriculteurs de «récupérer des parts de marchés», conclut-il.