Le Cifog ne veut plus laisser dire n’importe quoi
Le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog) n’accepte plus les désinformations qui dénigrent le secteur. «Il nous est apparu important de ne plus laisser dire n’importe quoi sur notre produit», a asséné son président Christophe Barrailh. Une série d’actions a été mise en place.
En octobre 2013, l’association de défense des animaux L214 avait mis en ligne une vidéo dénonçant les conditions de gavage dans des fermes sous contrat avec la société Ernest Soulard. Même si, en mars dernier, cette entreprise a été relaxée des accusations d’actes de cruauté par le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon — la vidéo ayant été jugée falsifiée —, à l’époque, les images d’animaux agonisants avaient eu un impact dévastateur auprès du grand public.
«Suite à l’électrochoc de cette campagne de communication savamment orchestrée par L214, le chef Joël Robuchon a cèdé à la pression, une première journée mondiale sans foie gras a été organisé. Face à cela, il nous est apparu important de ne plus laisser dire n’importe quoi sur notre produit, a indiqué Christophe Barrailh, président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), lors de l’assemblée générale de la structure qui s’est déroulée le 24 juin à Hossegor. C’est pourquoi, au cours de l’année écoulée, nous avons engagé une démarche offensive». Dans tous les domaines, les rangs se sont resserrés pour montrer l’irréprochabilité de la filière, avec une seule logique: «Bien faire et le faire savoir».
La réponse Palmi G Confiance
La priorité va bien sûr à la mise aux normes des installations de gavage qui s’achève pour qu’au 1er janvier prochain tous les foies gras mis sur le marché soient issus d’ateliers conformes. Mais la filière a souhaité aller plus loin en engageant la démarche Palmi G Confiance. Afin de garantir la bonne application de la charte européenne du foie gras et le respect des bonnes pratiques, le Cifog — dans le cadre de sa commission accords interprofessionnels — a élaboré cette démarche collective et volontaire. Déjà 340 producteurs ont été audités en un an.
Cette année, le nombre d’agréments devrait rapidement augmenter. L’organisme de contrôle indépendant Vigilantia va en effet évaluer la concordance entre le dispositif et les schémas de certification dont disposent de nombreuses organisations, afin de limiter une redondance des contrôles.
Lobbying et e-réputation
Pour ne plus laisser dénigrer le foie gras, le Cifog est également intervenu dans divers espaces publics. Au niveau européen, la filière fait entendre sa voix à Bruxelles au travers d’Euro foie gras, la fédération européenne des producteurs de foie gras. Un site internet et un compte twitter ont été mis en ligne pour asseoir son existence. Avec le cabinet de lobbying AliénorEU, un système de veille hebdomadaire a par ailleurs été mis en place sur les activités des institutions européennes et des États membres. L’interprofession peut ainsi être force de proposition, notamment sur le dossier du bien-être animal et sur les définitions des préparations à base de foie gras.
Et pour s’assurer le soutien de certains parlementaires, le Cercle des amis du foie gras a été créé le 12novembre dernier. Il se réunira une fois par an dans une ambiance conviviale. Les membres recevront des informations régulières et pourront être sollicités quand l’activité législative le nécessitera. Leur appui a notamment été précieux en mai dernier pour rejeter la proposition d’un député britannique de retirer le foie gras des menus et réceptions du parlement européen…
Des marchés à l'export fragilisés
Dans le cadre de sa nouvelle commission export créée l’année dernière, le Cifog cherche aussi à préserver les marchés fragilisés. L’impact de la campagne de L214 a surtout affecté l’étranger, entraînant des arrêts de commercialisation en Norvège, Danemark, Japon, Italie, Belgique, Allemagne… Pour tenter de reconquérir ces marchés, deux missions ont été organisées à Oslo en mai et à Copenhague en octobre pour présenter la filière, les produits et les éléments scientifiques démontrant le processus naturel de stockage des graisses dans le foie chez les palmipèdes.
Dernier «champ de bataille» de l’interprofession: l’espace web et les réseaux sociaux, où le foie gras est parfois une cible facile. Outre la modernisation de ses sites internet (www.lefoiegras.fr et www.elevage-gavage.fr), le Cifog a mis en place une veille des réseaux sociaux, des blogs et des forums afin d’intervenir, chaque fois que cela s’avère pertinent, pour exprimer la position de la profession de façon ouverte. La mission sera prochainement développée sur le web anglophone.
Cécile Agusti