Le Cifog propose de réduire la densité des élevages et d’allonger les vides sanitaires
Pour se prémunir des épizooties d’influenza aviaire, un accord interprofessionnel du Cifog propose d’allonger la durée des vides sanitaires et de réduire, sur tout le territoire, les densités de canards à foie gras en hiver pour pouvoir rentrer les animaux si besoin. Complémentaire de la réglementation, ce projet d’accord doit encore être validé par l’administration française et la Commission européenne.
Un accord interprofessionnel est en gestation au sein du Cifog (interprofession du foie gras) pour réduire la densité de palmipèdes en période à risque, afin de se prémunir contre de futurs épisodes d’influenza aviaire. Le projet de texte a été examiné à deux reprises par le conseil d’administration du Cifog, le 8 septembre et le 4 octobre et doit être validé par l’administration française et la Commission européenne.
Quelle est la mesure phare de ce projet d’accord interprofessionnel complémentaire de la réglementation ? «Adapter les mises en place [de palmipèdes] aux capacités de mise à l’abri du 15 novembre au 15 mars.» Cette précaution serait mise en place sur tout le territoire, que ce soit en année à risque influenza ou pas.
Une application uniforme signe d’une volonté de la filière de ne plus payer les pots cassés de l’influenza, qui a frappé à trois reprises les cinq dernières années. La densité y serait réduite d’environ 30% par rapport à actuellement dans l’éventualité où les animaux seraient rentrés en bâtiment. Aucun chiffre n’est inscrit dans le texte, mais ce «30%» revient systématiquement dans la bouche des professionnels.
Vides sanitaires allongés dans les zones à risque
Comme prévu par la feuille de route signée en juillet par le ministère de l’Agriculture et la filière, ce projet d’accord contient de nombreuses «mesures professionnelles complémentaires à la réglementation». Les pouvoirs publics ont ainsi supprimé la dérogation à l’obligation de claustration pour les petits élevages, créé un nouveau zonage (les ZRD, zones à risque de diffusion) et fixé les modalités de mise à l’abri des animaux.
L’interprofession, elle, a eu à proposer des «adaptations de la production». Sous la forme d’un «arbre décisionnel», l’accord prévoit des mesures variant selon le niveau de risque décrété par l’État : «élevé», «modéré» ou «négligeable». Dans ce dernier cas, l’approche dépend aussi de la «probabilité de passage viral à l’automne» (faible ou forte), estimée grâce aux cas observés sur les oiseaux migrateurs en amont de la France.
Les mesures varient enfin selon la situation géographique des élevages. Des mesures «renforcées» sont ainsi prévues dans les ZRP (zones à risque particulier, soit les zones humides), dans les ZRD (bassins les plus denses), et pour les «élevages situés à moins de 1 km d’un site stratégique» (couvoirs, abattoirs ou élevages de reproducteurs).
Dans ces secteurs, du 15 octobre au 15 février, les élevages de canards prêts à gaver devraient voir les vides sanitaires allongés d’une semaine par rapport à la réglementation (trois semaines, au lieu de deux le reste de l’année). Pour réduire le risque de propagation de l’influenza, la filière étale donc la production dans l’espace (moindre densité) et dans le temps (allongement des vides sanitaires).
Traçabilité, biosécurité et transport
Dans le projet soumis au conseil d’administration en octobre, cet «allongement des durées de vide sanitaire» dans les zones à risque doit permettre une réduction «d’environ 6% du nombre de lots». Un niveau issu des travaux scientifiques de l’Inrae et de l’ENVT (École nationale vétérinaire de Toulouse), précise le document. Le projet d’accord prévoit aussi des mesures allant au-delà de la réglementation dans de nombreux domaines : traçabilité, contrôle de la biosécurité, transport des animaux vivants (hygiène et politique de dépistage), etc.
Le texte, que le Cifog souhaite étendre à l’ensemble des opérateurs, doit encore être validé par l’administration française et la Commission européenne. Deux étapes qui pourraient encore en changer le contenu. Provoqué par une souche particulièrement virulente, l’épisode d’influenza aviaire 2020-2021 s’est soldé par l’abattage préventif de 3,5 millions de volailles. En mettant à l’arrêt pendant plusieurs mois le Sud-Ouest, principal bassin de production en France, il a provoqué une baisse de la production de foie gras de 22% en 2021.