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Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine œuvre à la protection de la diversité fruitière

Riche de 2000 accessions (origines géographiques d’une variété) concernant seize espèces fruitières différentes, le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine (CRVA) travaille à la protection des ressources génétiques de la diversité fruitière de la région, mais aussi à la valorisation et à la diffusion de cette biodiversité.

file-Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine dispose de seize espèces fruitières, comme la Xapata, une cerise de très grande qualité gustative, très cultivée dans le village d’Itxassou, au Pays basque.
Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine dispose de seize espèces fruitières, comme la Xapata, une cerise de très grande qualité gustative, très cultivée dans le village d’Itxassou, au Pays basque.

Il s’organise autour de trois pôles : un domaine de 19 ha à Montesquieu, en vallée de Garonne ; un réseau d’une quarantaine de vergers répartis sur sept départements ; enfin, l’Association de soutien au conservatoire végétal d’Aquitaine (ASCVA), créée en 1983 et forte d’un millier d’adhérents investis dans les animations régionales, les journées d’entretien et de récolte.

De Marquèze à Montesquieu

Pour Évelyne Leterme, fondatrice du CVRA, l’aventure débute en 1979, à l’écomusée de Marquèze (Landes). À l’initiative du parc naturel régional des Landes de Gascogne, la jeune étudiante en DEA réalise une enquête ethnobotanique sur les arbres fruitiers de la Grande-Lande. Après une quinzaine d’années à Sabres, c’est l’implantation en Lot-et-Garonne, à la demande du conseil régional qui s’engage à accentuer son soutien financier à condition d’élargir les recherches aux cinq départements qui constituent l’ex-Aquitaine.

Cette nouvelle mission sera une étape déterminante et un énorme challenge. «Quand j’ai commencé à prospecter les campagnes, on me disait : ça sert à quoi de s’intéresser à ces variétés anciennes ? Si elles ne sont plus commercialisées, ni consommées, c’est qu’elles n’ont plus d’intérêt !» se souvient Évelyne Leterme.

Préserver l’existant et poursuivre les sélections

Avec une détermination sans faille et dans la dynamique d’autres pionniers français et étrangers lancés sur la piste des variétés anciennes, la petite équipe du CVRA met toute son énergie à mener de fructueuses enquêtes de terrain. Avec le dessein de prouver que la sélection dans des milieux dénués de toute protection phytosanitaire a créé des assemblages génétiques parfois très résistants, avec des diversités de goûts importantes, des molécules utiles d’un point de vue alimentaire et pour la santé, et que leur perte, finalement, serait irrémédiable. «Notre travail consiste non seulement à préserver l’existant, mais aussi à continuer les croisements et les sélections en fonction de nos besoins : l’adaptation au changement climatique qui, entre autres, affecte très fortement la photosynthèse, et la résistance aux maladies, devenues plus agressives sous la pression des produits phytosanitaires. Seule la diversité permettra de créer des variétés résistantes et résilientes.»

Au-delà des quatre grandes actions — prospections sur le terrain, conservation, caractérisation et diffusion des variétés —, le conservatoire apporte une attention toute particulière à la sensibilisation à la biodiversité et à la protection de ce patrimoine menacé. Cela se traduit par de nombreuses activités pédagogiques et de communication à destination du grand public. «Nous nous attachons au partage et à la dissémination des connaissances via des visites du conservatoire, des formations dédiées aux amateurs et aux professionnels, des expositions, des conférences, des publications régulières, des visites de vergers» précise la directrice du Conservatoire régional.

Des arbres fruitiers dans les vignes

Chaque fin novembre, la Fête de l’arbre à Montesquieu est l’occasion d’une grande exposition avec un millier de variétés de fruits, céréales, cépages de vignes. 6.000 visiteurs découvrent des fruits méconnus, recueillent des conseils, achètent des arbres et ainsi contribuent à leur sauvegarde. Le village béarnais de Claracq, qui a accueilli Évelyne Leterme en conférence sur «La biodiversité, amie du jardin» lors de sa fête horticole en 2018, a ainsi acheté et planté, dans le verger du château restauré, 21 arbres fruitiers de variétés anciennes, poiriers, pommiers, pruniers, cerisier et 1 plaqueminier (arbre à kakis).

En évoquant les perspectives pour l’arboriculture de demain Évelyne Leterme prône des paysages riches en diversité végétale et en faune. «On a développé les haies fruitières avec des néfliers, des cognassiers intercalés, au milieu desquels les arbres fruitiers se développent sans encombre ni parasitisme grave et assurent des récoltes très convenables avec un minimum d’interventions. On travaille sur les concepts d’agroforesterie, de permaculture, de forêt fruitière… Un des enjeux consiste notamment à réintégrer des arbres fruitiers dans les parcelles de vignes, comme c’était courant jusqu’au siècle dernier. Une piste que sont en train d’explorer des grands crus, ce qui est plus facile dans leur cas puisque la récolte est manuelle et que la présence d’arbres ne gêne pas.»

Gilbert Delahaye

1. CVRA à Montesquieu (15 km d’Agen). Renseignements au 05.53.47.29.14.

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