Le Coq français veut reconquérir ses positions
La CFA (Confédération française de l'aviculture) entend reprendre les parts du marché français grignoté par les importations allemande, hollandaise et belge. Et les importations représentent désormais 40% des poulets que les Français consomment chaque année.
Michel Prugue demande aux acteurs de la filière d'être «imaginatifs et combattifs». «Ensemble, nous devons reconquérir ces marchés», a ainsi affirmé l'éleveur landais, président de la Confédération française de l'aviculture (CFA), lors de l'assemblée générale 2014 qui s'est tenue à Nantes dernièrement. L'objectif de la CFA est double: d'une part, le marché intérieur où la volaille française perd du terrain depuis une quinzaine d'années, et d'autre part le marché export où les volumes sont en chute libre depuis la fin des restitutions l'année dernière. Et il y a urgence: la production française a reculé de 20% depuis 1998.
«C'est un véritable paradoxe» pour Jean-Michel Schaeffer, aviculteur en Alsace. «La demande mondiale explose». Ainsi en 2020, la volaille sera la viande la plus consommée dans le monde. En France aussi, la consommation progresse légèrement chaque année. «Mais nous Français, on n'en profite pas!». Depuis 2007, la France est déficitaire nette dans ses échanges avec ses voisins européens. Les Allemands, les Néerlandais et même les Belges grignotent des parts du marché français.
French paradoxe
L'exemple belge est édifiant: en 15 ans, les Belges ont augmenté leur production, leurs exportations et doublé la taille de leurs élevages, sans que cela pose de problème, ni avec les pouvoirs publics, ni avec les mouvements écologistes. Patrick Van Den Avenne, opérateur flamand de volaille, a expliqué que la taille moyenne des exploitations est passée de 30.000à 60.000 volailles. Gràce à un dialogue et des engagements de bonnes pratiques (diminution des antibiotiques, meilleure gestion des fientes) avec plusieurs associations écologistes.
En France, la riposte s'organise. «Notre accord avec Sofiprotéol, c'est une façon de réattaquer le marché français» indique Denis Lambert, P. D.-G. de LDC (poulets de Loué), le leader du marché hexagonal. «Ce n'est pas en grande surface que nous avons le plus de retard, ce sont sur les produits industriels, type nuggets, les produits transformés».
Stratégie conquérante
Le 16 octobre, LDC a annoncé l'échange de six sites industriels avec Glon Sanders, la filière animale de Sofiprotéol. Deux des nouveaux sites bretons de LDC sont spécialisés en produits industriels. Spécialisation des sites, automatisation La restructuration des outils de transformation a commencé. Dominique Grasset, président de Gastronome (filiale de Terrena et numéro deux du marché français), appelle ainsi de ses voeux une refonte des contrats éleveurs/transformateurs. Prix, date de livraison, indice de qualité, autant d'éléments qu'il faudrait intégrer au contrat, selon Jean-Michel Schaeffer.
«Attention à ne pas découvrir l'éleveur» tempère toutefois Michel Prugue. Pour améliorer leur compétitivité dégradée, les éleveurs demandent un assouplissement des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPN), afin d'augmenter la taille de leur élevage.
Reste l'export: Doux ne perd plus d'argent. Une bonne nouvelle que vient d'annoncer le groupe. Et son principal client, le Saoudien Al Munajem, vient d'entrer au capital de Doux à hauteur de 25%. «Le marché export n'est pas une simple voie de dégagement des excédents» indique Xavier Beulin. Le président de la FNSEA estime même qu'Al Munajem pourrait «faire encore un effort», et augmenter sa participation jusqu'à 30 ou 35%: «Ce serait une bonne chose pour Doux». Quant à Tilly Sabco, tout le monde attend avec anxiété la fin de la liquidation judiciaire, le 30 novembre, pour savoir si un repreneur accepte de sauver l'entreprise bretonne.