Le Crédit agricole Pyénées-Gascogne développe la finance solidaire
Le Crédit agricole Pyrénées-Gascogne organisait, pour ses présidents des caisses locales, un colloque sur les nouvelles façons de penser la banque et son positionnement sur ses territoires.
Les présidents des caisses locales ont écouté avec attention les différentes interventions. À l'heure où le monde de la finance est pointé du doigt, le Crédit agricole propose une nouvelle façon de penser la banque.
Une nouvelle façon de penser la banque, voilà qui s'impose par les temps incertains que nous traversons, au cours desquels les établissements financiers sont plus que montrés du doigt. Le Crédit agricole a, depuis quelques années, impulsé une nouvelle dynamique et souhaite faire partager ses orientations à ses sociétaires : une coopération nouvelle entre finance solidaire et mutualisme largement amorcée par la caisse Pyrénées-Gascogne présidée par Jean-Claude Rigaud et dirigée par Jean Philippe.
Dans cet esprit, un responsable écosolidaire et microfinance a même été nommé en la personne de Jean-Louis Dastugue. « La réflexion engagée est celle d'une banque coopérative souhaitant agir pour le mieux-être et le développement local en accompagnant au plus près les projets locaux, explique M. Dastugue. Nous sommes mutualistes et donc proches de nos clients. Nos sorts sont liés ».
Proximité et mutualisme
Dans un contexte rude, le Crédit agricole dispose de quelques outils afin de mettre la finance solidaire en évidence. C'est le cas de Kam et Leo. « Il s'agit d'un investissement socialement responsable dans des entreprises respectant certains critères environnementaux, sociaux et de gouvernance » commente Jean-Louis Dastugue.
La finance solidaire et d'autant plus utile lorsque l'on a connaissance des porteurs de projets. « Une banque traditionnelle ne possède pas cette notion de proximité contrairement à notre tissu fourni et mutualiste ». Pour renforcer cette proximité le LIS (livret d'investissement sociétaire) est un autre outil indispensable. « Il s'agit de financer de jeunes entreprises locales. L'argent prêté ici reste donc ici. De plus le titulaire du LIS, en fonction de son investissement, perçoit un certain nombre de Tookets (100 Tookets = 1 euro) lui permettant d'apporter une aide à l'association de son choix. On peut déposer sur le LIS jusqu'à 100.000 euros ».
L'implication du grand public
Le Crédit agricole Pyénées-Gascogne est aussi en lien avec d'autres organismes dont l'action porte sur la finance solidaire. C'est le cas de Babyloan, premier site Internet français de microcrédit solidaire. « Cela permet au grand public de parrainer des bénéficiaires de ce type de financement », explique son responsable Arnaud Poissonnier. Quelque 12.200 personnes ont déjà prêté de l'argent par ce biais et le Crédit agricole, via sa fondation Grameene, est entré dans le capital social. « Sur notre site, les CV et l'historique des entreprises sont à disposition des investisseurs ».
C'est un système de prêt en circuit court, efficace, avec une bonne dose de philanthropie, l'argent étant remboursé mais le crédit non rémunéré. Il y a 3 ans, lors de sa création, Babyloan ne pouvait accompagner que des projets étrangers. « Depuis 9 mois, nous avons la possibilité d'intervenir sur le marché français. En 3 ans, nous cumulons 2.430.000 euros de prêts pour une moyenne de 103 euros par investisseur, le taux de remboursement étant de 100 % ». Tout cela bénéficie à des personnes ne pouvant avoir accès aux banques ou soumises à des taux d'usure et, en France, à des chômeurs ou des individus en fin de droit. Une façon originale d'éviter l'assistanat.
Savoir ce que l'on veut
Pour Jean-Philippe Baklouti, directeur du comité départementale de développement économique des Hautes-Pyrénées (CDDE), une banque vit de la richesse des territoires. Sa propre richesse est induite et non motrice. « On assiste actuellement à des opérations financières hors-sol. On joue avec de l'argent que l'on n'a jamais vu. Ouvriers, commerçants ou responsables de PME sont déconnectés car ils travaillent dans la réalité ».
D'où l'importance de jouer la carte de ce qui est à notre portée mais pas forcément petit. « Pour moi, une entreprise sans usine n'existe pas. L'entreprise, c'est une communauté entre les capitaux et le travail ». En résumé oui à Turboméca, non à Steve Jobs. « Il faut savoir ce que l'on veut sur un territoire. On forme, on dépense et on échange. Notre pain quotidien doit être les porteurs de projets qu'ils soient chercheurs originaux ou précaires se lançant dans l'élagage, l'essentiel étant qu'ils agissent ici et que les richesses consommées soient ici ».
En ce sens, il faut que le commerçant de l'argent à qui on s'adresse possède cet état d'esprit, le Crédit agricole étant bien placé en la matière n'oubliant pas, précise Jean-Louis Dastugue, qu'à sa création « il était la banque des exclus ».
Philippe Delvallée