Le foie gras français s'exporte bien
La filière française a finalement bien résisté au contexte économique et politique morose de 2012.
Un an après l'interdiction californienne de produire et de commercialiser du foie gras, l'effet tàche d'huile tant redouté n'a pas eu lieu. Lors d'une conférence de presse organisée par le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) le 26 mars à Paris, Xavier Gaudio, son président, a rappelé: «Nous sommes en train de voir la conformité de la loi californienne avec les règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)».
Par ailleurs, les conséquences sur la consommation intérieure sont inexistantes: les Français ont même augmenté leurs achats. «Tous circuits confondus, les ménages français ont acheté 8502 tonnes de foie gras en 2012, contre 8032 tonnes en 2011, soit une progression de 5,9%». La France confirme sa place de premier producteur au monde avec une production de 19600 tonnes, soit 38millions de palmipèdes élevés en 2012. Le chiffre d'affaires de la filière est d'environ 2milliards d'euros, un souffle d'air pour une économie nationale à la peine.
Aller de l'avant
En 2012, les exportations ont légèrement reculé: «La balance commerciale du foie gras est restée excédentaire malgré les deux millions d'euros perdus par rapport à 2011». L'Espagne, acheteur principal du foie gras français, subit les conséquences de la crise en réduisant ses importations. Ce recul n'égratigne que peu une balance commerciale déjà largement dans le vert (+39 millions d'euros). D'autant que les professionnels de la filière rappellent qu'en 10 ans, les exportations se sont considérablement développées. «Elles sont passées de 1528 tonnes en 2002 à 2262 tonnes en 2012», poursuit-on au Cifog.
Pour la suite, la stratégie export occupe une place centrale dans l'avenir de la filière foie gras française. Guillaume Garot, ministre de l'agroalimentaire, suit cela de très près. «Nous travaillons sur un programme d'action à l'export avec le ministre», explique Xavier Gaudio. Pour 2013, des pays cibles prioritaires ont été déterminés avec l'aide de FranceAgriMer: il s'agit de la Chine, de la Russie, du Brésil, de la Corée, de Taiwan et des États-Unis.
La mise aux normes se poursuit
Aller de l'avant à l'export sur des marchés porteurs n'est pas la seule stratégie française. Les exigences européennes en termes de bien-être animal font aussi partie des préoccupations de la filière, confrontée aux critiques des associations de protection des animaux d'élevage et à l'obligation de passer des cages individuelles aux parcs collectifs pouvant contenir de 6 à 9 canards. «En Europe, les producteurs principaux sont la France et la Bulgarie. Les Bulgares ont peu de travaux à mener pour répondre aux exigences européennes», constate-t-on au Cifog. Pour la France, «30% des élevages sont déjà aux normes». Il reste encore 85 millions d'euros à investir. Néanmoins, l'échéance est fixée au 31 décembre 2015, ce qui laisse encore quelques années à la filière pour se mettre aux normes.