Le gouvernement crée une “task force” pour sortir du glyphosate
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, et le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, ont annoncé, à la sortie d’une réunion de travail avec les acteurs de la chaîne alimentaire, la création d’une “task force”, pour préparer la sortie du glyphosate. Les ministres ont confirmé l’arrêt de l’utilisation de la molécule d’ici 3 ans, voire 5 ans en cas d’impasse technique.
Une réunion de travail a été organisée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, conjointement avec le ministère de la Transition écologique et solidaire, le 22 juin au matin, sur le sujet de la sortie du glyphosate, et plus globalement de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Nicolas Hulot et Stéphane Travert, ont échangé avec des représentants du monde agricole, de l’agroalimentaire et des distributeurs.
L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a présenté son rapport, remis en décembre au gouvernement, qui fait état des solutions d’ores et déjà disponibles comme alternatives au pesticide. L’INRA a aussi rappelé que certaines filières restent actuellement dans l’impasse, compte tenu des leviers et connaissances actuelles.
La sortie d’ici 5 ans réaffirmée
Le gouvernement a réaffirmé sa volonté de mettre fin aux principaux usages de glyphosate d’ici 3 ans, au plus tard 5 ans pour les filières qui seraient sans alternative. Il a donc invité les acteurs de la chaîne alimentaire à lui transmettre ses propositions de solutions d’ici trois semaines. Les ministères lanceront par la suite une “task force”, avec l’appui de l’INRA, de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) et des instituts techniques agricoles (ACTA), afin d’animer et de piloter ce plan d’action.
Un centre de ressources sera créé d’ici la fin de l’année, à destination des agriculteurs, afin de leur faire prendre connaissance des alternatives disponibles. «Les efforts de recherche sur le biocontrôle seront la priorité du prochain plan Ecophyto», a aussi assuré Nicolas Hulot.
À l’issue de la rencontre, Stéphane Travert s’est félicité «d’une réunion constructive avec tous les acteurs, qui s’est déroulée dans un esprit de responsabilité». Nicolas Hulot a, pour sa part, salué «le changement qui s’est opéré en quelques mois» entre les acteurs et le gouvernement qui pouvaient avoir des appréciations divergentes sur le sujet. En effet, la réunion du matin a laissé place à «l’unité de ton, la volonté partagée, la détermination affichée».
Les agriculteurs ne doivent pas porter seuls le poids des changements
«Cette indispensable évolution ne peut pas se faire sans les agriculteurs ni contre eux», a souligné le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Le ministre de la Transition écologique et solidaire a cependant rappelé qu’il attendait de la «cohérence», par rapport à l’objectif du gouvernement, tout en évoquant les initiatives présentées par les acteurs du monde agricole lors de la réunion. Nicolas Hulot a aussi déclaré attendre «un engagement clair et fort» de la part des distributeurs pour faire évoluer leurs cahiers des charges, tout en «valorisant les efforts des agriculteurs».
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a salué une réunion «constructive», lors de laquelle la centrale syndicale a pu présenter le Contrat de solutions qui propose des alternatives à l’usage des produits phytosanitaires, en association avec une trentaine d’acteurs du monde agricole. «Nous souhaitons aussi que les distributeurs jouent le jeu, les coûts supplémentaires ne peuvent être portés seulement par les agriculteurs», prévient-elle.