Le grand écart européen du coût de la main d'oeuvre
Au sein de l'Union européenne, le coût des salariés dans le secteur agricole varie fortement d'un État membre à l'autre, confirme une étude entreprise par le groupe des employeurs des organisations professionnelles.
Les producteurs français, notamment de fruits et légumes, secteurs fortement dépendants de la main-d'oeuvre salariée, dénoncent depuis longtemps la trop grande différence des coûts salariaux au sein de l'Union européenne. © Réussir
Le Groupe des employeurs des organisations professionnelles agricoles de l'Union européenne (Geopa-Copa) a entrepris, avec le soutien financier de l'UE, une étude sur l'emploi qui confirme l'existence de variations considérables de la structure du coût du travail entre les États membres dans le secteur agricole. Ainsi, 23% de coûts supplémentaires s'ajoutent à l'indemnité versée pour une tàche en Irlande, tandis que, en Espagne, le taux de majoration est de 107%, contre, par exemple, 76% en France, 70% en Italie ou encore 34% en Pologne.
Réalisée par Christoph Schrà¶der, de l'Institut der deutschen Wirtschaft à Cologne, l'étude souligne que l'agriculture en Europe étant organisée en petites structures de production, cinq exploitations sur six n'emploient aucun travailleur. C'est en Pologne, au Portugal, en Autriche, en Irlande et en Belgique que l'on trouve le plus grand nombre d'exploitations sans employés. Le rapport y est de plus de dix exploitations pour un employeur. À l'inverse, près de 30% des exploitations en France et en Espagne emploient des travailleurs.
Cinq exploitations sur six n'emploient aucun salarié
Selon un questionnaire envoyé aux membres du Geopa, la France est l'État membre qui compte le nombre le plus élevé de travailleurs engagés de façon permanente (200.000), suivie de l'Allemagne (193.000). En Lettonie, les agriculteurs indépendants (180.000) doivent se verser leur propre salaire.
Les travailleurs permanents ne représentent qu'une partie du nombre total de personnes employées dans le secteur agricole, poursuit l'étude. Selon les données d'Eurostat, ils représentent dans l'ensemble, pour l'UE, seulement 15% de la charge de travail accomplie par les exploitations directement, sans avoir recours à des travailleurs intérimaires. L'essentiel du travail (78%) est assuré par les agriculteurs indépendants et les membres de leur famille. La main-d'oeuvre saisonnière représente à peine 8% du total.
En plus des travailleurs engagés directement par les exploitations, possédant le statut d'employés ou de travailleurs, des sous-contractants et des travailleurs intérimaires sont engagés par des agences et mis à la disposition des exploitations pour une période déterminée. Dans la mesure où les données sont disponibles, ils ne semblent jouer qu'un rôle mineur, précise l'étude.
Rapport de 1 à 9Dans l'Union européenne, le coût horaire du travail effectué dans le secteur agricole par un travailleur permanent variait, en 2012, de 3,13€ en Lituanie à 28,37€ au Danemark, selon les données du Geopa-Copa. Il était de 3,32€ en Pologne, 3,90€ en Lettonie, 4,35€ au Portugal, 5,28€ en Hongrie, 9,38€ en Espagne, 11,22€ en Irlande, 13,72€ en Italie, 15,19€ en Belgique, 15,73€ aux Pays-Bas, 16,61€ en France, 16,63€ en Autriche, 21,58€ en Finlande, 22,16€ au Royaume-Uni, 23,77€ en Suède.