Le groupe tracteur en CUMA, une organisation aux multiples vertus
La mise en commun du matériel de traction est une solution pour contenir les charges de mécanisation sur les exploitations agricoles. Exemple à la CUMA Pouydesseaux…
La mise en commun du matériel de traction est une solution pour contenir les charges de mécanisation sur les exploitations agricoles. Exemple à la CUMA Pouydesseaux…
Voilà maintenant près de trente ans que la CUMA de Pouydesseaux abrite un groupe tracteur. Celui-ci compte désormais douze adhérents. «On peut dire qu’on est en régime de croisière, confie le président, Jean-Marc Vignolles. Les utilisateurs sont de notre CUMA mais aussi d’autres adhérents de CUMA voisines… Pour qu’un groupe tracteur fonctionne, il faut surtout que les objectifs et les priorités convergent».
Mercredi 14 décembre, une journée portes ouvertes se tenait sur place. Elle faisait partie d’une série de quatre rencontres organisées début décembre à l’initiative de la fédération des CUMA 640 au sein de différents groupes tracteurs des départements des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Ces opérations, s’appuyant avant tout sur des témoignages, avaient pour but de montrer l’intérêt de mutualiser la traction.
«Sur une exploitation, les charges de mécanisation peuvent représenter entre 50% et 65% des charges de structures, justifie Pierre Lapeyre, animateur de la fédération des CUMA. Ces chiffres ont été confirmés localement par des études des centres de gestion. À l’intérieur de celles-ci, la traction a été identifiée comme le poste principal. Il s’agit donc du premier levier pour améliorer les résultats économiques d’une exploitation, avec un effet immédiat sur le revenu…».
Du matériel performant
Chaque journée a permis de mettre en avant des aspects précis de l’organisation collective. «La notion de groupe tracteur peut apparaître floue, poursuit l’animateur. Au-delà de la mise à disposition du matériel de traction, ils peuvent avoir des fonctionnements variables. La plupart du temps, le matériel associé aux travaux concernés est également mis en commun. Dans les Landes, il s’agit souvent de la mise en culture. Ensuite, certains ont également une stratégie au niveau de la main-d’œuvre, avec la mise en place de banques de travail, ou le recours à des salariés…».
Dans le département, les premiers groupes tracteurs ont vu le jour dans les années 1980. Peu à peu, le modèle s’est développé. Le dernier en date a été créé à Samadet. Surtout, ces groupes ont tendance à accueillir un nombre croissant d’adhérents préoccupés par la hausse des coûts de mécanisation. Car la dimension économique reste évidemment une des premiers intérêts de ce système. «Mais ce n’est pas le seul, souligne Pierre Lapeyre. De manière générale, le principe de base d’un groupe tracteur est de parvenir à maîtriser les charges sans perdre au niveau de la qualité de service. C’est tout à fait possible. En effet, la mutualisation permet d’accéder à du matériel performant, qui requiert des surfaces plus importantes pour être amorti».
Des tarifs compétitifs
Le groupe de Pouydesseaux incarne ces différents enjeux. Son parc est composé actuellement de trois tracteurs (200, 160 et 145 chevaux) dotés de solutions de guidage, associés à des outils de travail du sol (cover-crop, cultivies), un semoir (Monosem NG4), ainsi qu’un épandeur d’engrais, un pulvérisateur et un enfouisseur. Le volume d’activité annuel représente 450 hectares de culture, soit 1 500 heures de tracteur. Le groupe fait appel à un salarié, en particulier pour les travaux de récolte et d’enfouissage.
Le coût du poste traction seul a été calculé à 26 euros par heure. «Jusqu’ici, nous arrivons à tenir des tarifs très compétitifs avec des outils performants qui permettent des débits de chantier importants. C’est important pour s’adapter à des fenêtres climatiques qui peuvent être courtes au moment des campagnes de semis, mais aussi pour répondre à des attentes des organisations de production, notamment en ce qui concerne les cultures contractuelles», explique Jean-Marc Vignolles.
Jusqu’à présent, le groupe s’est fixé une stratégie de renouvellement du matériel tous les 5 à 6 ans. «C’est un bon compromis, car l’objectif est de tendre vers le zéro panne. Dans un modèle collectif, on a forcément moins de tolérance à cet égard». Le président et ses adhérents se disent toutefois inquiets de l’augmentation des coûts. «Évidemment, cet élément pèse dans nos réflexions, mais il conforte l’idée de recourir à un modèle collectif».
F. Brèthes