Le logement collectif à la loupe
Afin d'informer les gaveurs sur les différents types de logement collectifs, la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques a proposé deux journées portes ouvertes chez des producteurs déjà équipés.
Si les performances techniques semblent stables, les gaveurs équipés de cages collectives font part de points de vue contrastés. Une chose est sûre : un temps d'adaptation de plusieurs bandes est nécessaire pour trouver un bon équilibre.
L'échéance approche à grand pas. Le 31 décembre 2015, toutes les installations de gavage devront être équipées de logements collectifs. Fini les épinettes individuelles qui s'étaient généralisées dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Cette exigence s'applique déjà aux nouveaux ateliers ou dans le cas d'un remplacement des équipements, depuis le 31 décembre 2009. La convention européenne pour la protection des animaux d'élevage est à l'origine de cette réglementation.
Pour la filière toute entière, cette directive représente une petite révolution et un vrai défi. Afin d'accompagner les producteurs dans leur raisonnement, la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques organisait, les 8 et 16 juin, les visites de plusieurs ateliers, équipés de différents modèles de cages. En effet, quelques pionniers n'ont pas attendu pour franchir le cap. Leurs témoignages sont précieux pour les autres gaveurs qui bénéficient ainsi d'une manne d'informations pratiques pour étudier le système le plus adapté à leur exploitation. Une productivité variable
Pour les gaveurs, les problématiques et les craintes sont multiples. Elles consistent à dénicher un système qui respecte la recommandation tout en maintenant les capacités de production, la productivité du gavage et les performances zootechniques et en garantissant de bonnes conditions de travail. Bien entendu, il s'agit aussi de limiter les investissements. Sur la majorité de ces points, les différents producteurs rencontrés affichent des points de vue partagés.
Installé à Momas, Yannick Laferrère a équipé sa salle de gavage de cages collectives, il y a bientôt un an. Pourvu du système « la Guitoune », son atelier compte 760 places. Après quatorze bandes gavées dans cette nouvelle configuration, le jeune agriculteur se montre particulièrement positif. « J'ai été voir plusieurs salles et je me suis lancé. Si j'avais su, je l'aurai fait plus tôt », confesse-t-il.
À Bardos, Christian Dachary a réalisé son investissement plus récemment. Il gave actuellement sa quatrième bande de 770 canards avec des cages collectives, du modèle « Materlap », mais conserve également une salle dotée d'épinettes (560 places). Son opinion est moins catégorique. « Globalement, il est encore difficile de tirer des conclusions. Certains critères ont été maintenus, mais d'autres ont subi une dégradation », explique-t-il.
En règle générale, la mise en place de cages collectives n'altère pas la capacité des salles. Au contraire. Par contre, la question du temps de gavage est sujette à plus de discussions. Christian Dachary estime avoir perdu de la productivité, « l'embucage est aussi rapide mais on perd un peu de temps à rabattre les grilles. La position est également moins confortable ». De son côté, Yannick Laferrère n'a pas constaté de différences, « Il a simplement fallu quelques modifications pour s'adapter au nouveau mode de gavage, mais c'est venu très facilement. Le gavage se fait à la verticale, le geste est très naturel ». D'autres éléments font consensus auprès des différents gaveurs, comme la plus grande rapidité de mise en place et d'enlèvement des animaux.
Afin de s'adapter à la position de chaque canard, les gaveuses ont été équipées de conduits plus souples et de contrepoids pour accompagner le mouvement du bras. Un réglage très précis semble nécessaire. Comme dans les systèmes dotés d'épinettes, les notions de confort de travail et de pénibilité semblent très variables d'un gaveur à l'autre. Des résultats techniques stables
S'agissant des performances techniques, là encore, les avis sont très partagés. Si Yannick Laferrère n'a pas observé de variations sensibles, Christian Dachary a constaté une détérioration de l'indice de consommation. Sonia et Jean-Léon Larroque, producteurs à Gabat, ont fait la même observation : « Les canards en gavage consomment environ 500 grammes d'aliments en plus », note ainsi le couple d'éleveurs. Les poids des animaux, des foies ou encore la mortalité sont restés globalement similaires. Pour l'heure, les constatations réalisées sur le terrain laissent donc apparaître des dégradations variables de la productivité. Mais globalement, les témoignages des gaveurs se révèlent favorables.
L'expérience acquise montre la nécessité de maîtriser un certain nombre de points clés : hauteur du logement, positionnement de la ventilation, motorisation du système de contention, nombre de canards par cage. Sur ce dernier point et sur la taille minimale des cages, des précisions réglementaires devraient être apportées.
De plus, la question des subventions devrait être éclaircie très prochainement. Des annonces en ce sens pourraient être réalisées, ce jour, lors de l'assemblée générale du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog). En outre, la belle fréquentation des journées portes ouvertes montre que de nombreux producteurs ont d'ores et déjà engagé leurs réflexions.
Fabien Brèthes
Pour la filière toute entière, cette directive représente une petite révolution et un vrai défi. Afin d'accompagner les producteurs dans leur raisonnement, la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques organisait, les 8 et 16 juin, les visites de plusieurs ateliers, équipés de différents modèles de cages. En effet, quelques pionniers n'ont pas attendu pour franchir le cap. Leurs témoignages sont précieux pour les autres gaveurs qui bénéficient ainsi d'une manne d'informations pratiques pour étudier le système le plus adapté à leur exploitation. Une productivité variable
Pour les gaveurs, les problématiques et les craintes sont multiples. Elles consistent à dénicher un système qui respecte la recommandation tout en maintenant les capacités de production, la productivité du gavage et les performances zootechniques et en garantissant de bonnes conditions de travail. Bien entendu, il s'agit aussi de limiter les investissements. Sur la majorité de ces points, les différents producteurs rencontrés affichent des points de vue partagés.
Installé à Momas, Yannick Laferrère a équipé sa salle de gavage de cages collectives, il y a bientôt un an. Pourvu du système « la Guitoune », son atelier compte 760 places. Après quatorze bandes gavées dans cette nouvelle configuration, le jeune agriculteur se montre particulièrement positif. « J'ai été voir plusieurs salles et je me suis lancé. Si j'avais su, je l'aurai fait plus tôt », confesse-t-il.
À Bardos, Christian Dachary a réalisé son investissement plus récemment. Il gave actuellement sa quatrième bande de 770 canards avec des cages collectives, du modèle « Materlap », mais conserve également une salle dotée d'épinettes (560 places). Son opinion est moins catégorique. « Globalement, il est encore difficile de tirer des conclusions. Certains critères ont été maintenus, mais d'autres ont subi une dégradation », explique-t-il.
En règle générale, la mise en place de cages collectives n'altère pas la capacité des salles. Au contraire. Par contre, la question du temps de gavage est sujette à plus de discussions. Christian Dachary estime avoir perdu de la productivité, « l'embucage est aussi rapide mais on perd un peu de temps à rabattre les grilles. La position est également moins confortable ». De son côté, Yannick Laferrère n'a pas constaté de différences, « Il a simplement fallu quelques modifications pour s'adapter au nouveau mode de gavage, mais c'est venu très facilement. Le gavage se fait à la verticale, le geste est très naturel ». D'autres éléments font consensus auprès des différents gaveurs, comme la plus grande rapidité de mise en place et d'enlèvement des animaux.
Afin de s'adapter à la position de chaque canard, les gaveuses ont été équipées de conduits plus souples et de contrepoids pour accompagner le mouvement du bras. Un réglage très précis semble nécessaire. Comme dans les systèmes dotés d'épinettes, les notions de confort de travail et de pénibilité semblent très variables d'un gaveur à l'autre. Des résultats techniques stables
S'agissant des performances techniques, là encore, les avis sont très partagés. Si Yannick Laferrère n'a pas observé de variations sensibles, Christian Dachary a constaté une détérioration de l'indice de consommation. Sonia et Jean-Léon Larroque, producteurs à Gabat, ont fait la même observation : « Les canards en gavage consomment environ 500 grammes d'aliments en plus », note ainsi le couple d'éleveurs. Les poids des animaux, des foies ou encore la mortalité sont restés globalement similaires. Pour l'heure, les constatations réalisées sur le terrain laissent donc apparaître des dégradations variables de la productivité. Mais globalement, les témoignages des gaveurs se révèlent favorables.
L'expérience acquise montre la nécessité de maîtriser un certain nombre de points clés : hauteur du logement, positionnement de la ventilation, motorisation du système de contention, nombre de canards par cage. Sur ce dernier point et sur la taille minimale des cages, des précisions réglementaires devraient être apportées.
De plus, la question des subventions devrait être éclaircie très prochainement. Des annonces en ce sens pourraient être réalisées, ce jour, lors de l'assemblée générale du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog). En outre, la belle fréquentation des journées portes ouvertes montre que de nombreux producteurs ont d'ores et déjà engagé leurs réflexions.
Fabien Brèthes