Le maïs du Sud-Ouest, entre opportunités et incertitudes
L’association Charte qualité maïs classe A permet à la filière du Sud-Ouest de se placer sur des marchés de niche où la qualité est un critère de sélection majeur.
Ce vendredi 11 mars a marqué de grandes retrouvailles pour les membres de l’association Charte qualité maïs classe A à l’occasion de l’assemblée générale qui s’est tenue à Mérignac, près de Bordeaux. «Depuis 2020, on a fonctionné en visio, y compris pour nos réunions régionales. Pour ce retour en présentiel, on a eu une bonne assemblée, témoin de notre dynamisme et de l’intérêt de nos travaux», estime Franck Camet-Lassalle.
Défendre la qualité
Le président est à la tête d’une association qui représente plus de 20.000 agriculteurs. Forte de 140 adhérents, dont la quasi-totalité des organismes collecteurs de la zone sud-ouest (zone qui s’étend sur 24 départements), elle garantit le traçage de six millions de tonnes de maïs par an, soit environ la moitié de la récolte nationale. Créée en 1999, l’association a vu ses missions évoluer selon les attentes des marchés.
«Au départ, la question qui s’est posée était celle des maïs OGM. Derrière, on a vite évolué sur la notion de traçabilité. Depuis 2010, on est concurrencé sur nos marchés traditionnels que sont l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas», commence Franck Camet-Lassalle. La Charte a donc intégré deux autres volets, la qualité physique et la qualité sanitaire. Ainsi, «on est sorti de la course au prix».
«Si on a réussi à garder ces destinations, c’est en se situant sur des marchés spécialisés, où la question de la qualité permet de se différencier», continue le président. À l’avenir, pour conserver cette avance sur les marchés de niche, la Charte va intégrer un nouveau volet, la durabilité sociétale et environnementale. Une envie depuis 2020 déjà, qui prend du temps pour s’installer en raison des actualités récentes.
L’assemblée générale a d’ailleurs permis de mettre en avant ces actualités. Avec tout d’abord un bilan de la récolte 2021. Une récolte record, en volume comme en qualité. «En bénéficiant d’un printemps froid, d’un regain de température en juin, d’un été clément et d’une fin de cycle favorable en octobre, les températures ont été optimales. Tout comme la pluviométrie et le bilan hydrique», résume Franck Camet-Lassalle.
Ce dernier s’est également réjoui de la qualité physique et sanitaire de cette récolte. Une qualité mise en évidence par plusieurs organismes partenaires de la Charte. Tels que l’AGPM, Arvalis–Institut du Végétal, ou l’ANSES (Agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation). «Les études de ces organismes montrent que nos démarches sont efficaces», commente le président.
Un contexte de crise
Pourtant, c’est sur une note moins positive que s’est achevée cette rencontre. Le thème du traditionnel débat qui vient clore les débats était tout trouvé cette année avec le contexte de guerre en Ukraine et le bouleversement des marchés qui en découle. L’impact est majeur, en raison de la place grandissante prise justement par l’Ukraine à l’échelle mondiale depuis quelques années dans la production de maïs.
«Le maïs est la première céréale produite dans le monde avec 1,2 milliard de tonnes par an, et c’est la plus échangée, 200 millions de tonnes par an. Quatre pays représentent 90% des exportations mondiales : États-Unis, Argentine, Brésil, Ukraine. En 20 ans, l’Ukraine a multiplié ses surfaces de maïs par 4, ses rendements par 2,6, sa production par 11. Et 80% de cette production est destinée à l’export», lance le président.
La France se situe dans une position particulière : elle est exportatrice de maïs vers les autres pays de l’Union Européenne qui en importent 18 millions de tonnes chaque année. L’action de la Charte n’est donc pas anodine. Dans un contexte où les prix explosent, mais où les coûts de production vont aussi être plus élevés (énergies, semences, engrais azotés…), elle se doit de rassurer.
Sylvain Desgroppes