Le marché des céréales restera tendu
Le marché du blé est tendu et le sera sans doute encore plus en fin de campagne mais il n'y a pas de risque de pénurie dans l'Union Européenne, ni dans la zone méditerranéenne malgré l'affaiblissement général des stocks dans ces régions.
Le conseil spécialisé “céréales†de FranceAgriMer, réuni le 12 janvier, s'est voulu rassurant alors que les rumeurs de craintes de pénurie sur le marché français s'amplifient, accompagnées d'une accentuation de la hausse des prix. Les grosses exportations françaises de blé, cette campagne, sont fréquemment mises en cause dans cette tension, au point que la possibilité de mettre en place des mesures de limitation à l'export a été parfois évoquée.
Le conseil céréales de FranceAgriMer, comme le président de l'AGPB, Philippe Pinta, la veille, considérait qu'une telle limitation serait injustifiée. Il a d'ailleurs augmenté de 200.000 tonnes sa prévision d'exportation de blé tendre vers les pays tiers, la portant à 11,8 Mt, 20 % de plus que le record établi la dernière campagne.
Les quelques ajustements apportés au bilan prévisionnel de décembre, notamment une augmentation de la collecte nationale de 80.000 t et cette hausse des exportations vers les pays tiers se répercutent sur l'estimation du stock de report qui passe sous la barre des 2 Mt. C'est l'un des plus faibles de ces dernières années, mais il devrait suffire à préserver un stock-outil suffisant, sinon à éviter une hausse des cours.
FranceAgriMer a souligné que cette fermeté des prix ne concerne pas que la France, ni les seules céréales, mais le marché mondial. À cause de l'absence de la Russie et la présence réduite de ses voisins du bassin de la Mer Noire sur le marché international à la suite de récoltes catastrophiques.
Stocks européens et mondiaux suffisants
FranceAgriMer reconnaît la faiblesse des stocks dans l'Union européenne, le ratio stocks sur consommation étant passé de 12,8 % en 2009/2010 à 9,4 %, mais rappelle les fortes disponibilités américaines et les bonnes perspectives argentines, susceptibles de répondre à la demande internationale en calmant les velléités de trop forte hausse. Quant aux pertes de récolte en Australie, elles seraient moins graves que prévu, en volume, mais la qualité sera compromise réduisant la capacité d'export de blés meuniers par ce pays.
Sur le marché français, FranceAgriMer constate les très fortes livraisons de la part des agriculteurs cette saison 2010/2011 puisque la collecte au 1er décembre était réalisée à 75 % avec 24,3 Mt contre 21,3 l'an dernier, à la même époque. Les stocks dans les organismes stockeurs restant abondants, 11,3 Mt contre 10,1 Mt, l'an dernier.
Les estimations d'utilisation utilisations intérieures n'ont pas été notablement modifiées, notamment, celle des fabricants d'aliments du bétail qui restent fixées à 4,6 Mt.
Pas de problèmes majeurs pour l'orge et le mais
Le bilan prévisionnel de l'orge n'a pratiquement pas été modifié et le stock de report est maintenu à 1,29 Mt, soit 58 % de moins qu'à l'issue de la campagne 2009/2010. FranceAgriMer confirme les fortes utilisations d'orges par l'industrie de l'alimentation animale, avec 1,9 Mt. Le prix très attractif de l'orge justifie l'intérêt accru des fabricants d'aliments du bétail.
Pour ce qui est du mais, la collecte a été revue en hausse de 125.000 t, à 11,93 Mt mais les ventes à l'UE ont été sensiblement augmentées, de 160.000 t. Ce qui permet d'envisager un stock de report en léger retrait de 75.000 t par rapport aux estimations de décembre dernier, dans une bonne moyenne de 2,19 Mt. Reste à savoir dans quelle mesure le rapport de l'USDA (département de l'Agriculture américain) très haussier, va influencer les marchés français et européen.
Augmentation des semis de blé de 10 % aux États-Unis et de 2,3 % en France Les opérateurs attendaient avec impatience la publication du rapport du département de l'Agriculture américain sur l'état de l'offre et de la demande de céréales et de soja dans le monde. Comme on le prévoyait, l'USDA a revu en baisse, de 3 Mt, le stock final de mais créant un nouveau prétexte de hausse des prix. En revanche, l'USDA a annoncé une augmentation de 10 % des surfaces semées en blé par rapport à l'an dernier. De son côté, FranceAgriMer situe à 5,04 M d'hectares, les semis français soit 2,3 % de plus qu'en 2009/2010.