Le menu sans viande à la cantine alimente la polémique et la colère
Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a décidé d’imposer des menus sans viande tous les jours, à compter du lundi 22 février. Explications.
«Ce menu correspond au goût du plus grand nombre. […] Si la situation sanitaire le permet, la ville reviendra aux menus tels qu’on les connaît, avec des menus sans viande une fois par semaine», a déclaré le 20 février, le maire de Lyon, Grégory Doucet. Ce dernier a en effet décidé d’imposer à partir du lundi 22 février des menus uniques sans viande (mais avec œufs et poissons) dans les cantines scolaires. Le prétexte avancé par la municipalité écologiste: «Servir plus rapidement les enfants pour limiter les risques de contagion.»
Stéphanie Léger, l’adjointe au maire chargée de l’éducation, a même ajouté: «Le seul moyen de faire manger un plat chaud à tous les enfants de l’école, c’est de proposer un plat sans viande, mais avec des protéines animales comme le poisson ou les œufs, conforme aux exigences nutritionnelles. Nous n’excluons personne, c’est même le contraire!». Elle faisait notamment référence à la moitié des élèves de primaire qui ne choisissent pas la viande, par goût, par habitude familiale ou par précepte religieux.
«Insulte aux éleveurs»
La réaction de l’opposition lyonnaise ne s’est pas fait attendre, de même que celles des principaux ministres concernés par le dossier. «Idéologie scandaleuse», a tweeté le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 20 février ajoutant: «Insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français.» Pour lui, les écologistes veulent exclure les classes populaires des cantines scolaires au nom d’une «politique moraliste et élitiste» car, dit-il, «de nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande.»
Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lui a embrayé le pas: «Arrêtons de mettre l’idéologique dans l’assiette de nos enfants. Donnons-leur simplement ce dont ils ont besoin pour bien grandir. La viande en fait partie», a-t-il réagi sur les réseaux sociaux. Il a par ailleurs indiqué avoir saisi le préfet du Rhône à ce sujet, afin qu’il exerce son contrôle de légalité. Plus prudent, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, veut croire aux motifs sanitaires invoqués par l’édile local. «Il ne faut pas que ce soit une décision idéologique», a-t-il précisé lors de l’émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, est-elle aussi montée au créneau en dénonçant le caractère «scandaleux» de cette décision. «Prétexter les règles sanitaires du Covid-19 pour imposer les menus sans viande obligatoires aux enfants à la cantine, c’est afficher l’idéologie sans le courage. C’est contraire au Plan national nutrition santé. C’est insultant pour les familles», a-t-elle tweeté.
Ce n'est pas la première fois
Le président de la FDSEA du Rhône, Pascal Girin, lui-même éleveur de bovins à Grandis, explique que cette mesure déplaît «à un grand nombre de parents d’élèves pour qui le repas de midi est important», a-t-il indiqué à la presse. Selon lui, ce repas représente «une sécurité», l’assurance «d’avoir des enfants nourris avec un repas équilibré, ce qu’ils n’ont pas forcément le soir.»
Pascal Girin ne décolère pas: «Par ce biais-là, je pense qu’on veut plutôt orienter ou manipuler la population vers une idéologie extrême de l’écologie. […] On ne va pas en rester là», a-t-il prévenu, annonçant l’installation d’une mini-ferme devant la mairie pour sensibiliser la population et y vendre de la viande. Il se dit d’autant plus déçu qu’«on nous a laissés entrevoir une collaboration entre la Métropole et le monde agricole (N.D.L.R.: notamment dans le cadre de la Loi Egalim et des projets alimentaires territoriaux) et on se voit sanctionnés ou imposer une décision pour laquelle nous n’avions pas été prévenus.»
Certes, l’ancien maire de Lyon, Gérard Collomb, avait pris une décision identique au printemps 2020, mais «le contexte était totalement différent, nous étions au tout premier confinement et nous expérimentions», a justifié le conseiller municipal d’opposition Yann Cucherat, le 22 février à BFMTV-Lyon. Sauf avis contraire du préfet, la décision de Grégory Doucet doit être appliquée jusqu’aux prochaines vacances de Pâques, soit jusqu’au 10 avril.