Le paradoxe maisicole Chinois
La structure même de la société chinoise semble pénaliser le développement de la culture du mais dans ce pays. Le potentiel agronomique est pourtant bel et bien là
Avec son milliard d'habitants et sa croissance économique, la Chine règne, presque sans partage, sur le monde industriel. Qu'en est-il réellement dans le domaine agricole ? La question a pu être soulevée à l'occasion des journées mais qui se sont déroulées à Pau au début du mois de septembre. Après plusieurs années passées dans les contrées chinoises, Jean-Michel Duhamel, ancien cadre d'une société semencière, a tenu une conférence sur le sujet.
« La Chine est un très grand pays capitaliste, où il n'existe quasiment pas de redistribution La base de sa politique consiste à investir pour être plus forte au niveau mondial », décrit-il. Faisant face à une croissance démographique continue, le gouvernement chinois se doit de répondre actuellement à deux défis majeurs. La sécurité énergétique du pays, tout d'abord, avec une stratégie orientée vers l'usage du charbon. La sécurité alimentaire ensuite.
« Cela consiste, avant tout, à assurer une alimentation suffisante en volume, pour une population aussi importante », précise J.-M. Duhamel. À cet égard, le pays est aujourd'hui confronté à une baisse constante des surfaces agricoles. Celles-ci ont chuté de dix millions d'hectares au cours des sept dernières années, pour se situer aujourd'hui autour de 120 millions d'hectares. Le riz et le mais (29 millions d'ha chacun), ainsi que le blé (24 millions d'ha) constituent les principales productions.
Des méthodes de production artisanales
« Le modèle chinois repose encore sur une agriculture artisanale. En mais, le rendement moyen se situe autour de 55 quintaux par hectare ». Dans le même temps, les productions animales enregistrent une croissance exponentielle, multipliant ainsi la demande en céréales. « Les Chinois ne sont absolument pas végétariens On estime que la demande en mais devrait croître de 5 % par an, durant les prochaines années ».
Présentant de vastes plaines limoneuses, le potentiel agronomique de la Chine est bel et bien présent. « On peut considérer que les rendements actuels sont deux fois inférieurs au potentiel agronomique ». De plus, le gouvernement mène d'importants travaux de recherche, afin de remédier, notamment, aux effets des excès climatiques que connaît le pays. « La production pourrait théoriquement doubler dans les quinze prochaines années Mais je pense que cela ne se fera pas », avoue Jean-Michel Duhamel.
Selon lui, le système agricole, qui prévaut encore à l'heure actuelle dans ce pays, grève durablement le développement de la production de mais à moyen terme. Ce système, basé sur des exploitations de taille réduite, employant une main-d'oeuvre considérable, recourt à des techniques culturales principalement manuelles. « La propriété n'existe pas. La ferme moyenne est de trois hectares dans le nord du pays et de 0,33 hectare dans le sud », explique M. Duhamel. Ainsi, de telles structures ne semblent pas autoriser, pour l'heure, la nécessaire modernisation des méthodes de production.
Aujourd'hui exportatrice de mais, avec une production de 160 millions de tonnes, la Chine pourrait voir sa situation s'inverser et devenir demain, un pays importateur. Parallèlement, l'agriculture chinoise est déjà confrontée à d'autres problématiques, telle que l'approvisionnement en protéines.
À l'image de sa politique de subsistance menée pour d'autres matières premières, le gouvernement chinois a, d'ores et déjà , entrepris d'assurer une partie de sa production céréalière à l'étranger. Des démarches en ce sens ont déjà été engagées au Canada par exemple.
Fabien Brèthes
L'agriculture chinoise
La Chine compterait actuellement plus de 300 millions d'actifs ruraux. Le secteur agricole représente encore aujourd'hui 15 % du produit intérieur brut du pays. Autant dire que l'agriculture reste un secteur d'activité de premier plan.
Actuellement, la Chine doit nourrir 22 % de la population mondiale alors qu'elle détient moins de 10 % des surfaces cultivables au niveau mondial. De plus, les exploitations chinoises souffrent de leur morcellement, puisque leur superficie moyenne se situerait autour de 65 ares.
Les terres arables représentent seulement 12,5 % de la superficie du pays. Leur diminution est liée à l'urbanisation croissante mais aussi à la pollution et à la désertification que subissent certains sols.
« La Chine est un très grand pays capitaliste, où il n'existe quasiment pas de redistribution La base de sa politique consiste à investir pour être plus forte au niveau mondial », décrit-il. Faisant face à une croissance démographique continue, le gouvernement chinois se doit de répondre actuellement à deux défis majeurs. La sécurité énergétique du pays, tout d'abord, avec une stratégie orientée vers l'usage du charbon. La sécurité alimentaire ensuite.
« Cela consiste, avant tout, à assurer une alimentation suffisante en volume, pour une population aussi importante », précise J.-M. Duhamel. À cet égard, le pays est aujourd'hui confronté à une baisse constante des surfaces agricoles. Celles-ci ont chuté de dix millions d'hectares au cours des sept dernières années, pour se situer aujourd'hui autour de 120 millions d'hectares. Le riz et le mais (29 millions d'ha chacun), ainsi que le blé (24 millions d'ha) constituent les principales productions.
Des méthodes de production artisanales
« Le modèle chinois repose encore sur une agriculture artisanale. En mais, le rendement moyen se situe autour de 55 quintaux par hectare ». Dans le même temps, les productions animales enregistrent une croissance exponentielle, multipliant ainsi la demande en céréales. « Les Chinois ne sont absolument pas végétariens On estime que la demande en mais devrait croître de 5 % par an, durant les prochaines années ».
Présentant de vastes plaines limoneuses, le potentiel agronomique de la Chine est bel et bien présent. « On peut considérer que les rendements actuels sont deux fois inférieurs au potentiel agronomique ». De plus, le gouvernement mène d'importants travaux de recherche, afin de remédier, notamment, aux effets des excès climatiques que connaît le pays. « La production pourrait théoriquement doubler dans les quinze prochaines années Mais je pense que cela ne se fera pas », avoue Jean-Michel Duhamel.
Selon lui, le système agricole, qui prévaut encore à l'heure actuelle dans ce pays, grève durablement le développement de la production de mais à moyen terme. Ce système, basé sur des exploitations de taille réduite, employant une main-d'oeuvre considérable, recourt à des techniques culturales principalement manuelles. « La propriété n'existe pas. La ferme moyenne est de trois hectares dans le nord du pays et de 0,33 hectare dans le sud », explique M. Duhamel. Ainsi, de telles structures ne semblent pas autoriser, pour l'heure, la nécessaire modernisation des méthodes de production.
Aujourd'hui exportatrice de mais, avec une production de 160 millions de tonnes, la Chine pourrait voir sa situation s'inverser et devenir demain, un pays importateur. Parallèlement, l'agriculture chinoise est déjà confrontée à d'autres problématiques, telle que l'approvisionnement en protéines.
À l'image de sa politique de subsistance menée pour d'autres matières premières, le gouvernement chinois a, d'ores et déjà , entrepris d'assurer une partie de sa production céréalière à l'étranger. Des démarches en ce sens ont déjà été engagées au Canada par exemple.
Fabien Brèthes
L'agriculture chinoise
La Chine compterait actuellement plus de 300 millions d'actifs ruraux. Le secteur agricole représente encore aujourd'hui 15 % du produit intérieur brut du pays. Autant dire que l'agriculture reste un secteur d'activité de premier plan.
Actuellement, la Chine doit nourrir 22 % de la population mondiale alors qu'elle détient moins de 10 % des surfaces cultivables au niveau mondial. De plus, les exploitations chinoises souffrent de leur morcellement, puisque leur superficie moyenne se situerait autour de 65 ares.
Les terres arables représentent seulement 12,5 % de la superficie du pays. Leur diminution est liée à l'urbanisation croissante mais aussi à la pollution et à la désertification que subissent certains sols.