Le recours à l’abattage a été décidé pour contrer l’influenza aviaire
Compte tenu de l’évolution de l’épizootie d’influenza aviaire, le ministère de l’Agriculture a décidé la mise en œuvre d’un dépeuplement et l’abattage d’ici le 20 janvier de «tous les palmipèdes en parcours extérieurs» — soit environ 800.000 animaux — dans une zone incluant 150 communes du Gers, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées.
Ce matin, jeudi 5 janvier, un vaste programme d’abattage préventif de palmipèdes a donc été engagé dans une zone à cheval sur le Gers, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées. Il devrait s’étaler sur un peu plus de deux semaines. Environ 800.000 animaux actuellement présents dans la zone sont concernés en priorité. La décision était devenue incontournable au regard de l’évolution de l’épizootie.
Cette mesure radicale, mise en œuvre sur décision du ministère de l’Agriculture, intervient un peu plus d’un mois après la détection dans le Tarn d’un premier foyer d’influenza aviaire H5N8 et surtout après avoir constaté les difficultés pour contenir la propagation d’un virus extrêmement virulent qui ne cessait de gagner du terrain vers l’ouest, profitant d’une forte concentration d’élevages, notamment dans le sud des Landes.
Des difficultés pour contenir le virus
C’est bien l’impossibilité à stabiliser la situation, avec les dispositifs «classiques» (mises en place de zones de protection et de surveillance), dans ce territoire qui a conduit à se diriger vers cette stratégie. Il convenait d’agir avant que la situation devienne incontrôlable. Continuer à «courir» après le virus serait revenu à engager une course sans fin.
La plupart des professionnels de la filière parlent d’une «décision dure mais responsable». «C’est un nouveau coup dur pour l’ensemble de la filière, a estimé Christophe Barrailh, président du Cifog. La préoccupation est aujourd’hui de chasser ce virus. Si cette mesure est lourde et difficile, finalement, elle va nous permettre de sortir de cette situation et d’éviter la propagation».
Les palmipèdes en parcours extérieurs
Cet abattage préventif concerne tous les palmipèdes en parcours extérieur, autrement dit les canards prêts à gaver en phase d’élevage. Les autres palmipèdes, élevés en bâtiments, et les gallinacés ne sont pas concernés par la mesure. De plus, les élevages qui ne commercialisent pas d’animaux vivants, car assurant l’intégralité du cycle de production, de l’entrée des canetons jusqu’à la transformation des produits, et répondant aux conditions de biosécurité réglementaires, ne sont pas soumis à cette obligation.
La zone concernée est celle qui concentre actuellement le plus de foyers et dans laquelle la situation continue de se dégrader. La liste des communes (lire ci-dessous) a été établie sur la base d’une analyse de risques qui prend en considération la diffusion de l’infection, le caractère évolutif de l’épizootie et la densité en élevages.
Mesures strictes de biosécurité
L’objectif du dépeuplement vise à empêcher la progression de la maladie dans ces secteurs et éviter que l’épizootie continue de se propager vers d’autres zones limitrophes à forte densité d’élevages (notamment la Chalosse). À l’inverse, certaines zones réglementées semblent évoluer favorablement (notamment dans le Tarn, l’Aveyron et le Lot-et-Garonne) et ne nécessitent pas de dépeuplement.
Cette opération sera suivie par un nettoyage et une désinfection des bâtiments et des parcours. À l’issue de cet assainissement, le repeuplement de la zone nécessitera de définir des conditions strictes de biosécurité. Des critères de risques ont été clairement identifiés. Ils tournent principalement autour des moyens de transport, des interventions en élevages, mais aussi des mouvements d’animaux liés au fonctionnement de la filière.
Dans un communiqué, le ministère de l’agriculture a précisé que «les opérations de dépeuplement seront financées par l’État. De même, les pertes liées à l’arrêt de la production pourront être indemnisées selon des conditions qui seront arrêtées lorsque la situation sera stabilisée et après définition des indispensables mesures pour sécuriser les pratiques de la filière».
Un nouveau coup dur pour la filière
Selon le Cifog, cette nouvelle étape dans la lutte contre le virus H5N8 pourrait coûter près de 80 millions d’euros à la filière. En effet, les nouvelles mises en place de canards dans ces zones ne seront possibles qu’après un total assainissement attendu pour la fin du premier trimestre 2017.
Ces nouvelles conséquences économiques viennent s’ajouter à celles du plan d’éradication de l’année 2016 qui avait coûté 500 millions d’euros. L’interprofession indique que la filière ne pourra pas assumer seule les coûts de ce travail d’éradication du virus par dépeuplement des élevages et la perte de production liée au vide sanitaire. Des discussions sont donc conduites avec les pouvoirs publics.
Pour l’heure, la réussite de la stratégie de dépeuplement repose sur la mobilisation de l’ensemble des professionnels de la filière, au premier rang desquels les producteurs, les vétérinaires et les services de l’État. Compte tenu des besoins logistiques, quatre sites d’abattage présents sur la zone concernée ou à proximité sont dédiés à l’opération. Les pouvoirs publics espèrent avoir bouclé ces abattages au 20 janvier.