Le retour en gràce des coops
Longtemps dénoncé comme un «Â modèle du passé », l'intérêt pour le système coopératif est de plus en plus mis en exergue pour répondre aux défis de l'agroalimentaire.
Le modèle coopératif regagnerait-il ses galons de noblesse ? C'est en tous les cas la conviction des intervenants aux rencontres de l'agriculture et de l'agroalimentaire organisées par la FRCAA (Fédération régionale des coopératives agricoles d'Aquitaine), à Bordeaux le 30 juin dernier.
Dans un contexte de mondialisation et de pression démographique, Sylvie Brunel, géographe spécialisée sur les questions de développement, et Pascal Perri, économiste, rappellent que les défis et difficultés de l'agriculture sont nombreux : pollution, santé, prix et revenus, le tout sans sacrifier ni la qualité, ni la quantité de la production. Des impératifs qui, selon l'avis de Sylvie Brunel, ne pourront se résoudre qu'à la condition que les agriculteurs se regroupent. Un regroupement pour une meilleure communication face aux accusations dont ils font l'objet, notamment sur l'écologie, mais aussi et surtout, pour ne pas être isolés sur « un marché sans queue ni tête ».
Un marché à tel point volatil, que Pascal Perri, l'économiste, prône « la limitation voire dans certains cas l'interdiction de la spéculation sur les matières premières ». Cela dit, en attendant et dans un contexte de forte instabilité du marché, il lui semble que seul le modèle coopératif agricole puisse être « une véritable à alternative à la spéculation » pour les agriculteurs.
Un amortisseur de crise De par leur engagement à collecter toute la production des adhérents, quelle que soit la situation économique du marché, les coopératives sont de « véritables amortisseurs de crise ». Cela dit, même s'il est persuadé que les coopératives sont de « formidables machines économiques », elles n'annihilent pour autant pas totalement les effets de la crise, et doivent donc continuer à y faire face. Pascal Perri suggère donc un certain nombre de propositions d'actions aux coopératives. Il faut selon lui d'abord envisager le développement des coopératives par le biais par exemple « d'unions de coopératives ».
L'économiste propose également « la création d'une marque “France†que les coopératives pourraient porter à l'exportation » ou bien encore, la création, sur le marché national cette fois, d'« un label des coopératives » garantissant « simplicité, proximité et saisonnalité ». Une idée qui ne déplaît pas à Philippe Mangin, président de Coop de France, puisque selon lui, les coopératives ont en effet « la capacité de répondre à cette demande actuelle de proximité et de label ». Mais, selon ce dernier, pour se développer et affirmer leur rôle dans le monde économique agricole, les coopératives doivent aussi être à l'origine d'impulsions politiques en étant force de propositions sur le thème de la modernisation de l'agriculture. Ces propositions, réunies dans un livre blanc réalisé par Coop de France, s'adressent tant aux institutions nationales que communautaires et internationales.
Sur ce dernier plan, Philippe Mangin n'y va pas par quatre chemins et prône la suspension de l'orientation du « tout libéral » dont « la crise 2007-2008 a bien prouvé l'inefficacité ». Dans cette optique, « il faut qu'en 2011, à l'occasion de la présidence française du G20, on étudie la possibilité d'une régulation des marchés et des prix notamment par l'instauration d'un niveau de stock mondial minimum ».
Une PAC « anti-crise » Sur le plan communautaire, il reconnaît, au regard du nombre grandissant des États membres, que la PAC 2013 ne pourra pas être aussi interventionniste qu'elle ne l'a été par le passé. Cela dit, la future PAC a toute légitimité, selon le M. Mangin, « à être au moins capable d'anticiper et de réguler les crises » tout en « accompagnant la transformation de l'agriculture vers plus de développement durable ». Elle doit être un soutien en terme de recherche et d'innovation « au coeur même des exploitations, pour que le plus grand nombre d'agriculteurs puisse entrer dans cette démarche. »
Quant à la loi de modernisation de l'agriculture, actuellement en débat, Philippe Mangin en souligne son point fort : la contractualisation. Ce mécanisme « devra contribuer à rapprocher les mailles des filières alimentaires ». L'objectif ici étant de « créer le lien entre la ferme et le client », et de lutter ainsi contre « la trop grande dispersion des agriculteurs français ». Pour autant, il tient à rappeler qu'un effort doit également être fait « au niveau des agriculteurs eux-mêmes ». Il les appelle à faire preuve « de réalisme et de courage » face à « une rigueur économique qui n'épargnera pas l'agriculture en 2011 ».
Selon Philippe Mangin, la modernisation de l'agriculture ne se fera que « par une démarche collective de construction économique » dans laquelle les coopératives devront « relever le défi de l'internationalisation » et porter la construction d'« un pouvoir économique paysan ». Un double défi que les coopératives peuvent relever « à la condition, précise-t-il, que notre gouvernance, en termes de démocratie et de relation avec les adhérents, soit irréprochable ». Solène Méric
Dans un contexte de mondialisation et de pression démographique, Sylvie Brunel, géographe spécialisée sur les questions de développement, et Pascal Perri, économiste, rappellent que les défis et difficultés de l'agriculture sont nombreux : pollution, santé, prix et revenus, le tout sans sacrifier ni la qualité, ni la quantité de la production. Des impératifs qui, selon l'avis de Sylvie Brunel, ne pourront se résoudre qu'à la condition que les agriculteurs se regroupent. Un regroupement pour une meilleure communication face aux accusations dont ils font l'objet, notamment sur l'écologie, mais aussi et surtout, pour ne pas être isolés sur « un marché sans queue ni tête ».
Un marché à tel point volatil, que Pascal Perri, l'économiste, prône « la limitation voire dans certains cas l'interdiction de la spéculation sur les matières premières ». Cela dit, en attendant et dans un contexte de forte instabilité du marché, il lui semble que seul le modèle coopératif agricole puisse être « une véritable à alternative à la spéculation » pour les agriculteurs.
Un amortisseur de crise De par leur engagement à collecter toute la production des adhérents, quelle que soit la situation économique du marché, les coopératives sont de « véritables amortisseurs de crise ». Cela dit, même s'il est persuadé que les coopératives sont de « formidables machines économiques », elles n'annihilent pour autant pas totalement les effets de la crise, et doivent donc continuer à y faire face. Pascal Perri suggère donc un certain nombre de propositions d'actions aux coopératives. Il faut selon lui d'abord envisager le développement des coopératives par le biais par exemple « d'unions de coopératives ».
L'économiste propose également « la création d'une marque “France†que les coopératives pourraient porter à l'exportation » ou bien encore, la création, sur le marché national cette fois, d'« un label des coopératives » garantissant « simplicité, proximité et saisonnalité ». Une idée qui ne déplaît pas à Philippe Mangin, président de Coop de France, puisque selon lui, les coopératives ont en effet « la capacité de répondre à cette demande actuelle de proximité et de label ». Mais, selon ce dernier, pour se développer et affirmer leur rôle dans le monde économique agricole, les coopératives doivent aussi être à l'origine d'impulsions politiques en étant force de propositions sur le thème de la modernisation de l'agriculture. Ces propositions, réunies dans un livre blanc réalisé par Coop de France, s'adressent tant aux institutions nationales que communautaires et internationales.
Sur ce dernier plan, Philippe Mangin n'y va pas par quatre chemins et prône la suspension de l'orientation du « tout libéral » dont « la crise 2007-2008 a bien prouvé l'inefficacité ». Dans cette optique, « il faut qu'en 2011, à l'occasion de la présidence française du G20, on étudie la possibilité d'une régulation des marchés et des prix notamment par l'instauration d'un niveau de stock mondial minimum ».
Une PAC « anti-crise » Sur le plan communautaire, il reconnaît, au regard du nombre grandissant des États membres, que la PAC 2013 ne pourra pas être aussi interventionniste qu'elle ne l'a été par le passé. Cela dit, la future PAC a toute légitimité, selon le M. Mangin, « à être au moins capable d'anticiper et de réguler les crises » tout en « accompagnant la transformation de l'agriculture vers plus de développement durable ». Elle doit être un soutien en terme de recherche et d'innovation « au coeur même des exploitations, pour que le plus grand nombre d'agriculteurs puisse entrer dans cette démarche. »
Quant à la loi de modernisation de l'agriculture, actuellement en débat, Philippe Mangin en souligne son point fort : la contractualisation. Ce mécanisme « devra contribuer à rapprocher les mailles des filières alimentaires ». L'objectif ici étant de « créer le lien entre la ferme et le client », et de lutter ainsi contre « la trop grande dispersion des agriculteurs français ». Pour autant, il tient à rappeler qu'un effort doit également être fait « au niveau des agriculteurs eux-mêmes ». Il les appelle à faire preuve « de réalisme et de courage » face à « une rigueur économique qui n'épargnera pas l'agriculture en 2011 ».
Selon Philippe Mangin, la modernisation de l'agriculture ne se fera que « par une démarche collective de construction économique » dans laquelle les coopératives devront « relever le défi de l'internationalisation » et porter la construction d'« un pouvoir économique paysan ». Un double défi que les coopératives peuvent relever « à la condition, précise-t-il, que notre gouvernance, en termes de démocratie et de relation avec les adhérents, soit irréprochable ». Solène Méric