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L’envolée des cours des céréales pourrait se poursuivre jusqu’en 2022

Face à une demande chinoise durable, les États-Unis comptent exporter plus de grains mais leurs capacités de productions sont limitées. La hausse mondiale de la production de blé sera russe.

file-Les USA pourraient se faire damer le pion par les Russes pour les exports de céréales vers la Chine.
Les USA pourraient se faire damer le pion par les Russes pour les exports de céréales vers la Chine.

La Chine, les États-Unis et la Russie sont les trois piliers sur lesquels repose l’essor des échanges commerciaux mondiaux de céréales au cours des deux prochaines années. Malgré la pandémie du Covid, jamais autant de céréales et de soja n’ont été exportés dans le monde (406 millions de tonnes, soit + 25 Mt sur un an).

Dan Basse, économiste à AgResource (USA), est persuadé que les prix agricoles resteront élevés au moins pendant deux ans. L’expert participait à la nouvelle édition du Paris Grain Day organisé par Agritel, l’organisme spécialisé dans la gestion des risques des marchés agricoles.

Vu des États-Unis, la hausse des cours des commodités s’explique par le niveau très faible des stocks de report mondiaux de maïs et de soja. Toujours selon Dan Basse, plus ils sont faibles, plus les prix de campagne sont élevés. Aussi, la tonne de maïs ou de blé vaudra au moins, sur le marché américain, 180 € (1 $= 1,20 €) et celle de soja 410 €.

Au printemps prochain, la conjoncture économique incitera les farmers à produire, à la fois, plus de maïs (+ 500.000 hectares) et surtout plus de soja (+ 3 millions d’hectares), car la culture de la protéagineuse est plus rentable. Mais, quoi qu’il en soit, les capacités de croissance de la production agricole américaine sont limitées.

Maïs OGM

Par ailleurs, la priorité américaine reste l’approvisionnement du marché intérieur et, autant que possible, la reconstitution des stocks de report et non pas l’export. En même temps, la Chine reconstitue son cheptel porcin à une vitesse foudroyante. À la fin de l’année, on pourrait y dénombrer 45 millions de truies, soit 20 millions de plus qu’actuellement. Et comme les modes de production reposent de plus en plus sur des standards européens, la Chine importe massivement des céréales et du soja.

Les accords commerciaux passés privilégieront l’origine américaine. En 2021, l’empire du milieu pourrait doubler, a minima, ses échanges commerciaux agricoles en important 36 milliards d’euros de commodités des États-Unis, selon Rosa Wang, analyste des marchés qui participait aussi au Paris Grain Day.

Quant à la production chinoise de maïs, elle sera davantage destinée à la fabrication d’aliments au détriment de la filière éthanol. Par ailleurs, l’empire du milieu compte vulgariser la culture de maïs OGM, plus productive, pour récolter entre 20 Mt à 40 Mt de plus de grains par an. Il vise des rendements supérieurs à 7 tonnes par ha contre moins de 6 tonnes actuellement.

Des paysans russes riches

En Russie, la hausse des cours survient alors que ce pays a déjà écoulé plus de la moitié de ces céréales à l’export. Mais la réorganisation des places portuaires se poursuit. La banque russe VTB rachète des terminaux céréaliers et contrôle, notamment, plus de 80% du fret ferroviaire. Le conglomérat ainsi formé écrase la concurrence en réduisant les coûts de logistique, mais pour combien de temps ?

Selon Sabina Sodikova, directrice d’Agrozan Commodities, la Russie anticipe des exportations de blé en hausse de 45 Mt d’ici 2024 vers le Maghreb, le Brésil, l’Océanie et le Moyen-Orient. Mais le gouvernement russe a, dorénavant, face à lui des paysans riches. Ils ont les moyens de contrer les décisions de restriction des exportations en stockant leurs céréales pour ne pas payer les taxes imposées.

À l’horizon de 2070, le réchauffement climatique favorisera l’essor considérable de la production de céréales en Russie sur l’ensemble de ses terres sibériennes alors que l’Amérique du Sud et l’Australie seront confrontées à des sécheresses torrides.

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