Les atouts du mais humide
La conservation du mais grain sous forme humide se développe en France. Mais pour une valorisation optimum, certains points essentiels sont à respecter.
Le principal atout de la conservation du mais en grain humide est économique avec la suppression du séchage. Mais cette technique offre d'autres avantages, comme la garantie de la qualité.
Le mais grain humide est un mode de conservation en forte progression en France. Les éleveurs de porcs, qui l'emploient depuis les années cinquante, sont aujourd'hui les premiers utilisateurs, mais c'est une technique qui prend de l'ampleur depuis le début des années 2000 dans d'autres productions comme en vaches allaitantes ou laitières, ou encore pour le gavage des canards et qui est également compatible avec l'engraissement des agneaux, des volailles de chair et dans l'alimentation des poules pondeuses.
En France, « plus de 100.000 hectares sont conservés ainsi, par ensilage (grains broyés) ou par inertage (grains entiers), soit 7 à 8 % des surfaces de mais grain cultivées » constate Jean-Georges Cazaux, chargé de mission à la Fédération Nationale de la Production de Semences de Mais et de Sorgho (FNPSMS). « Cette utilisation du mais offre de nombreux atouts tels que de couvrir les besoins énergétiques, de garantir la qualité des produits et surtout bénéficier de l'intérêt économique lié à la suppression du séchage » assure M. Cazaux.
Récolter tôt et des grains propres
« L'absence du séchage permet également d'améliorer le bilan environnemental du mais par l'abaissement de la consommation en énergie primaire et la diminution des émissions de gaz à effet de serre (moins 30 % de GES par rapport à un mais grain sec)», ajoute le technicien de la FNPSM, lequel rappelle toutefois que « pour profiter pleinement de ces avantages et valoriser au maximum cette matière première, certains points sont à respecter ».
Le choix de la variété est à raisonner selon les conditions pédoclimatiques de la région. La qualité sanitaire du mais grain conservé humide dépend en partie de son statut sanitaire à la récolte. « L'objectif est de récolter tôt, avant le 30 octobre, pour éviter les risques de contamination au champ par les mycotoxines. Une récolte tardive favorise d'autre part les risques de fusariose. Il faut récolter à maturité physiologique, c'est-à -dire dès l'apparition du point noir à la base des grains soit entre 33 et 36 % d'humidité selon les variétés », précise Jean-Georges Cazaux.
Quelle humidité optimale ?
Si l'on conserve le mais sous forme ensilée, l'humidité optimale se situe entre 32 et 40 %, mais jamais en-dessous de 30 % (tassement moins efficace). Dans le cas de l'inertage, les mais peuvent être récoltés plus secs entre 26 et 32 % d'humidité. Autre avantage d'une récolte précoce, la libération des terres rendant possible l'implantation d'une culture hivernale ou d'un couvert végétal.
Le jour de la récolte, il est nécessaire de vérifier l'état des cultures (blessures, foreurs) et plus particulièrement de juger les symptômes visibles sur les épis (moisissures). Ces observations permettent d'ajuster le réglage de la moissonneuse-batteuse. Ralentir le chantier optimise le nettoyage des grains.« Quelle que soit la solution retenue, il est fondamental de stocker immédiatement après récolte, sans attendre et de bien évacuer l'oxygène de la masse pour garantir une bonne conservation ».
Quelle qualité du broyage ?
S'il s'agit de grains broyés, il faut également veiller à un bon tassement et prévoir, durant l'exploitation, une vitesse d'avancement suffisante du front d'attaque (silo boudin et silo couloir). Pour les bovins, un broyage grossier ou des grains aplatis suffisent. L'utilisation de grain entier peut être réalisée avec des humidités supérieures à 32 %.
À l'inverse, en production porcine, les grains doivent être broyés finement, sinon l'efficacité alimentaire est pénalisée. « L'utilisation d'un conservateur n'est pas obligatoire si les règles de récolte et de stockage sont respectées. Dans le cas de silos boudins, son emploi a tendance à se généraliser. Pour les grains broyés conservés en silo couloir ou tour ou en big-bag et si l'humidité est supérieure à 30 %, l'utilisation d'un conservateur n'est pas nécessaire, idem en inertage. Par contre, pour les lots récoltés trop secs ou des silos qui ont une vitesse d'avancement du front d'attaque trop lente, le conservateur est fortement conseillé », conclut Jean-Georges Cazaux.
Cyrielle Delisle
Ensilage et inertageEnsilage et inertage sont les deux techniques de conservation du mais grain humide.
Dans l'ensilage, le broyage et tassement entraînent la disparition de l'oxygène et le développement des bactéries anaérobies qui vont produire de l'acide lactique à partir des sucres du mais.
Dans l'inertage, la respiration des grains (qui restent entiers) ainsi que la microflore présente, consomment rapidement l'oxygène interstitiel en le remplaçant par du gaz carbonique.
Dans l'ensilage, le broyage et tassement entraînent la disparition de l'oxygène et le développement des bactéries anaérobies qui vont produire de l'acide lactique à partir des sucres du mais.
Dans l'inertage, la respiration des grains (qui restent entiers) ainsi que la microflore présente, consomment rapidement l'oxygène interstitiel en le remplaçant par du gaz carbonique.