Les bergers regagnent la vallée
La saison d'estive dans les vallées béarnaises touche à sa fin. Montés au mois de juin, les bergers viennent tout juste de rejoindre leur exploitation. Et que ce soit pour monter ou pour descendre, outre les bergers et leur cheptel, une importante quantité de matériel nécessaire aux trois mois de vie en haute montagne doit également faire le chemin. Aller et retour
Afin de transporter ce matériel, l'Institution patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB) organise des opérations d'héliportage, répartis en trois périodes annuelles. Deux pour la montée: la première début juin qui dure en général une journée et demie, puis la seconde lors de la troisième semaine de juin qui elle se déroule sur deux jours et demi. Le repli quant à lui s'effectue en deux jours.
Lors de la montée, l'essentiel de l'opération concerne du matériel lourd (provisions du berger et des chiens, bouteilles de gaz, matelas). Cela représente une moyenne d'environ 1,5 tonne par berger. Sur une saison, ce sont environ 70 bergers qui profitent de ce service (plus pour la montée que pour la descente) pour un total de d'environ 100 tonnes de matériels transportés lors de 30 heures de vol en hélicoptère. On le constate, ce service rendu par l'IPHB aux bergers demeure essentiel.
On a joué les prolongations
Concernant le repli, cette année la première opération du 16 septembre a essentiellement concerné la descente des fromages. Certes durant l'été, les bergers en descendent une partie avec le muletage, mais c'est bien l'opération menée par l'IPHB qui procède à la plus importante descente lors du repli.
Les conditions météorologiques de cette année ont pas mal chamboulé la donne. Tout d'abord, l'été très pluvieux a énormément pénalisé les bergers. Ces derniers n'hésitent d'ailleurs pas à qualifier cette saison de «boueuse», même si côté production, la cuvée fromagère s'annonce bonne. Mais l'exceptionnel mois de septembre a lui aussi modifié la date du second repli: «C'est la première année en 30 ans que l'on effectue un repli un 25 septembre. D'habitude tout est fini une dizaine de jours avant, note Didier Hervé, le directeur de l'IPHB. Septembre a été phénoménal. L'herbe dans les estives était toujours très verte et pas du tout grillée comme d'habitude, du coup les bergers ont voulu rester là -haut un peu plus longtemps».
Au total, la journée du 25 septembre dernier a concerné sept DZ (zones de départ) pour une vingtaine de bergers. À noter au passage que l'IPHB a également rendu un fier service, aussi bien pratique que financier, en montant deux salariés de Lées-Athas pour deux heures de travail en haute montagne.
Le plus grand nombre de rotations a concerné la DZ de Labérouat. L'occasion de s'apercevoir que l'opération est parfaitement huilée, tant du côté des salariés de l'IPHB que chez les bergers et surtout les personnes qui les aident à replier le matériel destiné à descendre. Car il faut aller vite. L'alouette fait un premier passage au niveau des cabanes pour déposer les équipements destinés à recevoir le matériel. Une fois filets et sangles au sol, une marée humaine se jette sur ces équipements pour emballer l'imposant bardas. Ce fut le cas notamment sur la cabane d'Ardinet, occupée par Bertrand Claveranne.
à‡a ne traîne pas
Si le berger était absent, il pouvait compter sur une véritable petite armée prête à l'opération. Rose, Marie et Joseph sont d'Osse-en-Aspe, mais chaque année ils viennent passer quelques jours de vacances sur place. Cette année, ils participent tous les trois à cette opération de repli. «Pour une fois ça tombe un jeudi, alors je peux y participer. Chouette!» avoue radieuse Rose, avant de rajouter: «En plus je vais faire mon baptême en hélicoptère». Après le boulot effectué depuis le matin, à savoir la sortie de tout le matériel lourd (gazinière, bouteilles de gaz, etc.) et leur emballage dans les filets déposés par l'hélico, elle a bien mérité ça.
Avec Marie et Joseph, elle a pu également s'appuyer sur un couple d'Ixtassou: Jean-Pierre et Maité, de vrais amoureux du coin et qui, au détour d'une balade matinale ont appris que l'opération avait lieu ce 25 septembre. Aussitôt, le couple est monté à la cabane pour aider à l'opération: en montagne, la solidarité n'existe pas qu'entre bergers, elle est bien réelle aussi avec leurs consommateurs!
Les trois femmes et les deux hommes ont fait preuve d'une efficacité impressionnante. En moins de dix minutes après la dépose du filet par l'hélicoptère, tout était emballé et prêt à descendre! Lorsque l'alouette est revenue, tout a été très vite, le crochet fixé au filet, les bergers d'un jour ont grimpé dans l'hélicoptère et tout le monde est redescendu. Rose est «descendue du ciel» aux côtés de Joseph et Marie. Pour elle c'était une vraie journée paradisiaque!
Fabrice Borowczyk