Les CUMA d'Aquitaine aident les maisculteurs du Bénin
Les CUMA d'Aquitaine en collaboration avec différents partenaires - dont le groupe Euralis- aident les maisiculteurs du Bénin à prendre en charge leur propre organisation.
En présence de Claude Lacadée, les responsables du groupe Euralis (Christian Pèes, Gaby Castay , Dominique Tressens) ont reçu leurs homologues de la coopérative maisicole du Borgou, le 7 octobre dernier à Lescar.
Il y a une douzaine d'années, des tracteurs en provenance de Chine débarquaient sur les quais du port de Cotonou au Bénin Pour Claude Lacadée, ancien ingénieur de l'AGPM, ce fut le coup d'envoi de cette opération de soutien dont il est aujourd'hui l'une des « chevilles ouvrières », comme il se plaît lui-même à se qualifier.
Lancée par les CUMA d'Aquitaine suite aux sollicitations des responsables périgourdins de l'AFDI1, cette action visait à accompagner ces agriculteurs dans l'utilisation de ces matériels mais aussi et surtout dans la structuration économique de leur filière maisicole.
Le président de la FRCUMA, Yvan Alquier, et son équipe avaient répondu favorablement à cet appel, avec l'appui de partenaires tels la coopérative Euralis, fédérés au sein de l'association « CUMA Bénin ». Association qui a mandaté Claude Lacadée pour aider les maisiculteurs béninois dans la prise en main de leur développement.
Coopérative maisicole de Borgou
Ainsi naissait, il y a un an, la coopérative de mais de Borgou (CMB). Son président Momouni Issiaka ainsi que deux autres responsables, Souley Malam Moucoure, secrétaire, et Abraham Gande Guere, directeur, viennent de séjourner durant une quinzaine de jours dans notre région dans le cadre de leur formation à la mécanisation et au management.
Ce déplacement a donné lieu à de nombreux échanges avec les agriculteurs du Sud-Ouest et différents opérateurs. Il a aussi permis de faire le point sur le fonctionnement de la coopérative béninoise. La CMB compte 124 adhérents pour 880 hectares répartis dans quatre villages du nord. Sa vocation est exclusivement maisicole : le mais (blanc) constitue l'alimentation de base dans ce pays. « Un Béninois en mange en moyenne 90 kg par an », témoigne M. Lacadée.
Améliorer les capacités de stockage
Comme ici, la première vocation de la coopérative est le stockage des récoltes : il est prévu de construire quatre silos de collecte (un par village) d'une capacité de 400 tonnes chacun ainsi qu'un cinquième bàtiment (150 tonnes). Ces installations, appelées « magasins », serviront aussi de centres collectifs d'approvisionnement en intrants. Pour financer ces installations, un dossier avait été déposé auprès de l'agence de développement mais la demande n'a pas été retenue.
« Finalement, c'est une ONG américaine qui va aider à financer la création de ces magasins » explique C. Lacadée. Une enveloppe de 180.000 à 200.000 euros (en fonction du coût du dollar) doit arriver pour 2012 En attendant une rallonge ultérieure dans les années futures pour la construction d'un silo central destiné à rassembler l'ensemble de la collecte des quatre magasins locaux.
La concrétisation du projet permet d'espérer une amélioration du prix de vente du mais. « Les capacités de stockage, commente le président d'Euralis, Christian Pèes, évitent aux agriculteurs d'être en prise directe avec les fluctuations du marché ». Elles élargissent leurs perspectives de commercialisation. L'organisation en coopérative facilite aussi l'accès aux engrais, aux phytos, voire à des variétés de semences améliorées. D'où l'espoir d'une hausse sensible des rendements ; de 2,5 tonnes à l'hectare aujourd'hui, il n'est pas utopique de tabler sur 5 à 6 tonnes à court terme.
Une mécanisation progressive
Un développement qu'il importe de « maîtriser, accompagner et bien gérer » tempère Christian Pèes qui insiste sur le rôle essentiel des responsables de la coopérative béninoise. C'est pourquoi, la poursuite de la mécanisation se fera très progressivement. Pour l'heure, seul le labour se fait à l'aide du tracteur. Pas question de brûler les étapes suivantes : pour le semis et la récolte, « ce sont eux qui décideront » précise Claude Lacadée.
« À notre retour, nous irons rencontrer notre ministre pour lui rendre compte de notre visite en France », expliquent les responsables de la CMB qui remercient d'ores et déjà leurs partenaires. La mécanisation a permis à Souley Malam de multiplier sa superficie par quatre. Et Momouni Issiaka se félicite qu'auparavant, « ses enfants étaient devant les boeufs ; maintenant qu'il y a le tracteur, ils sont à l'école ».
Guy Mimbielle
1. AFDI : Agriculteurs français et développement international